Je ne vais pas me la raconter, à une époque, tout ce que j’attendais d’un album de Thrash c’est qu’il….thrashe. Les disques avaient alors trop tendance à simplement speeder, voire heavymétaliser ou powermétaliser, ce qui avait le don de ne frustrer jusqu’au dimanche soir avant la reprise des cours. Il faut dire que j’avais commencé mon apprentissage avec des bombes comme Pleasure to Kill, Obsessed by Cruelty, Reign in Blood ou autres bibles de violence à la brutalité ininterrompue. Certes, plus tard, j’ai compris que quelques morceaux lourds et passages Mosh pouvaient agrémenter la violence, et encore plus tard, qu’une technique héritée du Jazz pouvait transcender le Thrash au point d’en faire une œuvre d’art. Mais lorsque j’avais quinze ans et quelques boutons sur la tronche, je m’en foutais comme de la robe de chambre rose de ma mère : le Thrash, ça devait thrasher et puis c’est tout. Aujourd’hui, je retrouve parfois cet état d’esprit, non par volonté, mais simplement par le hasard des sorties. Lorsque je tombe sur un LP qui du début à la fin me bouscule avant qu’il ne m’en….., je suis heureux comme un pape et je retrouve les joies du headbanging avec raquette de tennis trafiquée en guise de air guitar. Pour exemple, je ne me suis jamais vraiment remis du terrible Interstellar Experience d’ASSASSIN, ce putain de disque qui m’a assommé à l’époque avec ses « Abstract War » et autres « Baka ». Il représentait pour moi la quintessence du Thrash germain tel qu’on le concevait dans les années 80, bourrin, sans pitié, sans fioritures, et digne de nous débarrasser de toutes nos pellicules. Aujourd’hui, je pense pouvoir affirmer que certains groupes continuent de perpétrer cet esprit frondeur et rebelle. Et si je devais désigner un héritier officiel d’ASSASSIN sans trop réfléchir, je pointerais d’un majeur bien tendu les frappés de REACTORY.
L’histoire de REACTORY ne date pourtant pas d’hier. Collapse to Come n’est pas un premier album, mais bien le troisième d’une formation née en 2010, et déjà responsable de deux jets de bile de qualité inégale. Si en 2014, High on Radiation avait réactivé notre goût d’une brutalité primaire et viscérale, Heavy en 2016 avait calmé nos ardeurs de ses expérimentations, osant même une reprise un peu hasardeuse de MOTORHEAD, période Rock n’Roll. Quatre ans de silence nous avaient permis de faire le point et d’oublier les berlinois, mais en 2020, ce troisième chapitre nous rappelle à leur bon souvenir, celui d’un premier LP qui les avait intronisés légataires légitimes d’un Thrash germain sans pitié. Ne le cachons pas, en quatre ans, le quatuor (Hänz Hazard - chant, Jerry Reactor - guitare, Jonny Master - basse et Caue Dos Santos - batterie) a resserré les rangs, réappris à bourriner, et à composer de véritables hymnes francs et massifs. Entre un tempo général frisant parfois le Thrashcore, une collection de riffs à faire pâlir Mille, Schmier et Gary Holt, un chanteur hurlant comme un beau diable allemand perdu dans un cauchemar américain, ce troisième LP est une véritable fête de la brutalité effective, et nous bouscule de ses hymnes tous plus impitoyables les uns que les autres. Osons la conclusion prématurée : en l’état, Collapse to Come est un petit miracle de Thrash aux accents Crossover, faisant la nique à la frange radicale du Thrash germain mais aussi aux factions Crossover actuelles les plus performantes. Il synthétise tout ce que la Ruhr a de plus solide et rapide, et la fluidité d’un Thrash/Hardcore US roublard et festif. On pense donc à une union entre ASSASSIN et TOXIC HOLOCAUST, soit la quintessence de la brutalité outrancière et joyeuse faisant le lien entre la tradition et l’école old-school actuelle. Un must, un truc qui vous rend dingue, qui vous fait ressortir vos vieux t-shirts de SODOM et S.O.D, et qui réactive les neurones débiles qui sont en sommeil depuis la maturité d’un âge adulte plus subi qu’assumé.
Redressant la barre après les hésitations et flottements de Heavy, REACTORY passe donc le cap du troisième album avec un brio admirable. Retrouvant la recette de la salsa sacrée, et composant un pavé d’à peine plus de trente minutes concentré comme un tube de harissa rehaussé de pili-pili, le groupe renoue avec la magie Thrash des années 80 et ne perd pas de temps en conjectures. Il entame son entreprise de démolition globale avec la meilleure entame qui soit, un lapidaire « Space Hex », qui en deux minutes et vingt-quatre secondes nous bombarde de BPM et de riffs assassins. La basse, aux avant-postes assure la caution Hardcore et entraîne le tout vers les sommets du crossover le plus fatal, agrémentant de chœurs la furie vocale de Hänz Hazard, toujours aussi barge et possédé derrière son micro. Franchise allemande et mélodies biaisées à la SLAYER, le cocktail arrache la gorge et crame les oreilles, mais le groupe, bien conscient des enjeux n’appuie pas sur le frein et accélère encore d’un atomique « Speedboat Piracy » qui les présente comme un équipage de flibustiers à l’abordage. Tout est fait pour vous entraîner dans une sarabande de brutalité impitoyable mais joyeuse, et la méthode fonctionne à plein régime. Car même lorsque le quatuor freine l’avancée, il n’en allège pas pour autant ses attaques, et livre un combat sans merci contre le Thrash raisonnable et édulcoré. « Misantropical Island », lourd comme un char dans la boue nous pulvérise les guiboles de ses riffs tranchants, tandis que « Drone Commander » tente de retrouver la folie du premier EXODUS en le confrontant au réalisme allemand. « Evolving Hate » dévale encore plus vite la pente, alors que « Born From Sorrow » prône la fluidité et le flair d’un Thrash à relents Hardcore digne du Venice des années 80. Ne relâchant jamais son étreinte, Collapse to Come joue de son Berlin natal la faille de San Andreas californienne soumise aux mouvements des plaques tectoniques, et atteint une telle perfection dans la démence qu’on sent les baskets pousser au bout de nos pieds.
Concentré de folie musicale, petit bréviaire radical à l’usage des thrasheurs les plus dingues, ce troisième chapitre de la saga allemande REACTORY est un petit miracle qui nous rappellera la jouissance éprouvée durant notre adolescence après la découverte d’un disque encore plus fou que les précédents. Une cure de jouvence à moindre frais, mais un sacré coup de fouet sur les mollets !
Titres de l’album :
01. Space Hex
02. Speedboat Piracy
03. Graves of Concrete
04. Misantropical Island
05. Drone Commander
06. Evolving Hate
07. Born From Sorrow
08. Galactic Ghosts
09. Enemy
Moi qui ne suis pas trop attiré par le revival Thrash , je viens de prendre une petite claque sympa à l'écoute du morceaux.
Reste plus qu'à écouter l'album maintenant.
J'avais zappé cette sortie. M'intéresse ça, j'ai un disque d'eux très sympa, ça devrait le faire.
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