Souvent, je me demande pourquoi je me complique la vie en chroniquant des albums de vingt minutes en deux pages alors que mes confrères évacuent la tâche en deux paragraphes concis. Tiens, en l’occurrence aujourd’hui, je pourrais expédier la rédaction de ma prose concernant le troisième album des américains de WVRM en deux ou trois formules lapidaires pour la forme. Cette forme étant d’ailleurs celle d’un Death Grind classique et épais comme un glaviot lâché du troisième étage, inutile d’en prendre pour exécuter la sentence littéraire. Avec Colony Collapse, les originaires de Caroline du Sud repoussent encore les limites de l’indécence musicale en prenant appui sur leurs deux premiers efforts, mais aussi sur NAILS, NAPALM DEATH, THE KILL, PRIMITIVE MAN, ROTTEN SOUND, DEAD IN THE DIRT et des dizaines d’autres, sans chercher à révolutionner le genre. Je pourrais me permettre ça, d’autant que j’ai abondamment glosé à l’occasion de la publication de Heartache il y a quatre ans, et comme les différences entre les deux jets de bile n’est pas flagrante, je pourrais me contenter de reprendre mon laïus en changeant deux ou trois mots, tout le monde n’y verrait que du feu. Désormais signés par l’écurie de bourrins Prosthetic Records, les originaires de Greenville jouent donc sur du velours passé et griffé, et nous offrent avec Colony Collapse un concept intéressant en forme de fin de non-recevoir de progression, tout en traitant de thématiques d’usage, la décadence de la société moderne, la religion, les martyrs, et autres obsessions de fin du monde dont on parle depuis des décennies maintenant. Mais nonobstant la logique d’une telle démarche de concision en rédaction, je ne peux m’empêcher d’en dire un peu plus sur ces olibrius qui depuis 2013 explorent les tréfonds d’un extrême sale, trouble, vilain et profond à grands coups de EP’s, de splits, et autres formats pour feignasses qu’ils alternent avec des œuvres plus ambitieuses.
WVRM en 2020 est toujours un quatuor (Ian Nix – chant, Brett Terrapin – batterie, Dylan Walker – basse et Derick Caperton – guitare), mais se professionnalise de plus en plus, et démontre avec son troisième album que la violence la plus crue et la brutalité la plus drue ont encore une petite marge de progression, pourvu que la qualité soit au rendez-vous et que les personnes impliquées ne fassent pas les choses à moitié. Produit maison par le guitariste Derick Caperton aux DSC Recordings, mixé et masterisé par Phil Pluskota aux Sonic Assault Studios et flanqué d’un artwork signé Wes Brooks, Colony Collapse tire son nom du phénomène d’exode des abeilles hors de la ruche, entraînant sa fin. Parallèle intéressant à l’heure ou notre planète agonise et risque de nous envoyer chercher de l’air sur Mars ou dans une autre galaxie, ce troisième LP après Heartache en 2016 et Swarm Sound en 2014 est évidemment le plus abouti du groupe, sans trahir les convictions d’origine ; le quatuor est toujours aussi porté sur la violence crue qu’il accentue de dissonances et de feedback à outrance, et aligne les torgnoles non-stop, en prenant grand soin de combiner vélocité sans bornes et oppression hors-normes. On retrouve donc tous les tics inhérents à la scène Death/Grind US moderne, cette capacité à rendre le Grind encore plus féroce en l’emballant de Death et de sons Indus, cette dualité vocale entre graves compréhensibles et médiums répréhensibles, et surtout, cette façon de traiter la rythmique comme une illustration constante du chaos sociétal ambiant.
Comme d’habitude, détailler une telle « œuvre » est d’une inconséquence crasse. Le groupe, toujours très en forme lorsqu’il s’agit de nous bousiller les tympans alterne les morceaux conséquents et les saillies impulsives, mais il est toutefois assez difficile de différencier les deux approches. Car les titres les plus conséquents ne sont la plupart du temps qu’une accumulation de plans violents et véhéments, presque tous calqués sur le modèle de « Walled Slum City », placé très judicieusement en intro. Entre acrobaties rythmiques et soudaines cassures aussi lourdes que l’humour de Bigard, ces constructions presque en gigogne font l’apologie des sons les plus perturbants, des riffs les plus pesants, des strates vocales les plus irritantes, le tout copieusement assaisonné de feedback comme le veut la tradition. Ce qui ne nous empêche nullement d’apprécier des coups du lapin comme « War Promise//Secessionville », « Hands That Bear The Hive », « Violet Nuclear » ou « Black Flags Toward Sodom (Me Ne Frego) », caractéristiques d’un Grind ricain qui ne rigole pas avec les figures imposées. On sent évidemment du NASUM là-dedans, mais aussi du NAILS, du THE KILL en beaucoup moins joyeux, mais le tout passe à une telle vitesse qu’on n’a pas vraiment le temps ni l’envie de multiplier les comparaisons. Avec en cadeau bonus des intros assourdissantes, des stridences sadiques omniprésentes, et des crises de folie en schizophrénie (« Thorn Palace »), ce troisième album continue son travail de sape des fondations de la civilisation moderne, prône des changements immédiats, des constats inévitables, et perpétue l’esprit d’un Grind de qualité qui ne se contente pas de torcher des blasts comme les usines crachent leurs fumées mortifères.
La qualité est donc encore au rendez-vous, l’oppression de plus en plus palpable (le final Indus suffocant et très NAPALM de « Angel Of Assassination »), l’imagination dans la perversion toujours bien efficace (« Colony Collapse », que les FULL OF HELL auraient pu composer un dimanche matin très badin), le tout empaqueté dans une production énorme qui fait vrombir les graves et assomme les aigus sans nuire à la précision. Quelques riffs notables, un chant toujours aussi dément, et une fuite en avant pour l’un des groupes les plus symptomatiques de sa scène (son label se plaît pourtant à le présenter comme « le seul groupe de Grind de Caroline du Sud), et un troisième album qui négocie à merveille le virage d’une fin du monde beaucoup plus proche qu’il n’y paraît. D’ailleurs, vous en voyez toujours des abeilles vous ? Non ?
Moi non plus.
Titres de l’album :
01. Walled Slum City
02. War Promise//Secessionville
03. Shining Path
04. Anti-Democracy//Locust Breath
05. Black Flags Toward Sodom (Me Ne Frego)
06. Tank Reaper
07. Hands That Bear The Hive
08. Thorn Palace
09. My Fucking Dixie (The New South)
10. Years Of Lead
11. Violet Nuclear
12. Furious Movement//The Burning Tower
13. Colony Collapse
14. Angel Of Assassination
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