Je connaissais sacrebleu et Sable Noir, je connais maintenant SACRENOIR, qui pourrait donc être une sacrée aventure dans un village oublié de tous, sauf des esprits. D’autant que le premier album de ce concept nous propose de marcher parmi les revenants, ce qui ne fait qu’accentuer cette sensation de malaise et de désolation. SACRENOIR n’en est pas pour autant un bal des débutants, puisqu’on retrouve à ses commandes deux légendes de la scène québécoise du Black Metal, Athros (BRUME D’AUTOMNE, FORTERESSE) et Monarque (MONARQUE, FORTERESSE), qui se connaissent donc bien et partagent des goûts communs.
Notamment celui d’un Black Metal de tradition, tel qu’il était pratiqué dans les années 90, décennie glorieuse et combattante qui permis l’émergence des figures iconiques que sont aujourd’hui encore MAYHEM, IMMORTAL, DARKTHRONE, GORGOROTH, et toute la clique des adorateurs de boucs nordiques.
Le voyage est donc bien balisé, et ce Comme des Revenants Parmi les Ruines évoque à merveille une procession entre des tombes fatiguées menée par des prêtres encapuchonnés dont le but n’est pas de célébrer la vierge Marie ou l’enfant divin Jésus, mais bien d’honorer les morts en toute tranquillité, Belzébuth à leurs côtés pour approuver la démarche blasphématoire.
Cous l’aurez compris, SACRENOIR joue la carte du classicisme à outrance. Nostalgique mais pertinent, ce premier album nous ramène parmi les brumes norvégiennes des années 1990/1994, lorsque nous errions dans les limbes à la recherche du sens de la mort. On appréciera donc ces morceaux qui baignent dans leur vieux jus, et qui exhalent une odeur fétide de profanation de sépulture, quelque part entre le DARKTHRONE le plus propre et le GORGOROTH le plus primesautier.
Athros et Monarque ont donc joué une bonne carte, et se sont tenus à un cahier des charges très strict. Au niveau du son tout d’abord, sec, rachitique, aux médiums exagérés et aux graves étouffés, mais aussi en termes de composition. Un seul riff, digressé à l’envi, une atmosphère entre vautours au-dessus d’une charogne et vents tourbillonnants, une voix méchamment éraillée qui éructe des textes en français, et une certaine conception de statisme pour coller au plus près aux dogmes BM des origines.
Pour autant, ne craignez pas un minimalisme tenant du misérabilisme d’inspiration. Les deux compères respectent trop le style pour le rendre stérile et sans but, et ont arrangé de longues pistes évolutives, débordant de violence et de haine envers la lumière du soleil. Ainsi, le monstrueux « Étouffés par les Flammes » synthétise tout ce que le Black a pu nous apporter depuis sa création, cette lancinance éprouvante, cette sécheresse d’épouvante, ces textes fascinés par l’enfer et ses créatures, et achève de nous convaincre du potentiel nostalgique d’un disque clairement tourné vers l’arrière.
Les mordus me diront sans doute, « oui, certes, mais nous connaissons déjà tout ça par cœur ». Et ils auront raison, plaquant sur la platine un vieux vinyle d’A Blaze In The Northern Sky pour renforcer leur opinion. La ressemblance est en effet frappante, mais le mimétisme n’en est pas pour autant la seule arme utilisée. Alors que DARKTHRONE était parfois bloqué sur une idée, SACRENOIR se permet quelques fantaisies rythmiques, à l’occasion d‘un break plus malin que la moyenne, comme celui qui agite le sautillant « The Blade of Satan ».
Tout ceci est donc rondement mené, et accepte parfois des crises de colère assez surprenantes. On se prend donc à sautiller sur le terrassant « Épuration » dont l’intro décalée découle sur un couplet exhorté et condamné, ou à suer comme de gros porcs en franchissant les portes de l’enfer du morceau éponyme, qui impose un mid tempo basique mais incroyablement catchy.
Beaucoup plus qu’une simple copie bon marché, Comme des Revenants Parmi les Ruines apporte une bouffée d’air frais au mouvement puriste, et détourne légèrement les codes old-school pour s’affirmer comme concept viable. En acceptant la grosse partie immobiliste de l’ensemble, et en appréciant les quelques digressions plus personnelles (« Vers d'autres Mondes » et sa mélodie grossière et populiste), on digère un album rondement mené, qui commence sous les feux de la nuit (« Mille Nuits ont Passé »), pour se terminer sous la lueur blafarde d’une aube condamnée (« Parmi les Ruines », final Ambient harmonieux et velouté).
Une entrée en matière tonitruante, qui profite de l’expérience de deux musiciens entièrement dévoués à la cause, et qui ensemble, ont créé un hommage parfait à leurs influences les plus marquantes.
Titres de l’album:
1. Mille Nuits ont Passé
2. Portail Vampirique
3. Étouffés par les Flammes
4. The Blade of Satan
5. Épuration
6. Le Puits du Diable
7. Aux Portes de L'enfer
8. Vers d'autres Mondes
9. Parmi les Ruines
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49