L’agence Singularités nous propose aujourd’hui de découvrir via le jeune label Source Atone Records le nouvel EP des furieux PARLOR. Je ne suis pas contre, d’autant que ces musiciens fortement marqués par l’éthique Punk nous ont déjà offert par le passé un excellent et lapidaire Softly, qui de son ironie peinait à dissimuler son épaisse couche de violence sous le tapis de l’excellence. De retour aujourd’hui dans un format plus court, le groupe n’en a pas perdu sa force de frappe, mais semble avoir recentré son propos. Fini les courses poursuites et les côtés les plus chaotiques du Hardcore, et bonjour la solidité, l’âpreté, les dissonances et les hurlements à s’en décoller la plèvre.
PARLOR a choisi de traiter d’un malaise contemporain, et d’un mode de communication qui effraie les sociologues et l’ancienne génération. Pensé comme une satire de notre rapport aux réseaux sociaux, perçu comme pernicieux et maladif, et de l’addiction aux commentaires, Comments porte bien son titre cette fois-ci, et nous entraîne dans le monde de l’information virtuelle, des échanges stériles derrière son écran, des trolls, mais aussi de l’importance donnée aux plateformes sociales qui sont devenues juges et parties. La course au like, la fausseté des rapports humains, la vitesse de communication qui justifie tous les dérapages ou presque, et les mailles du filet qui laissent passer des avis contraires et dangereux, sont des préoccupations d’importance au moment où les modes d’expression ont changé.
Cette popularité fantoche et cette peur d’une stigmatisation au sein la société virtuelle forment donc le canevas de cet EP six titres, que les musiciens (Arthur Leparc - Chant, Yann Desti - guitare, Boris Patchinsky - basse et Guillaume Quincy - batterie) ont agencé de façon fort intelligente et efficace. Si les influences se situent toujours au niveau des cadors de la brutalité brute (BOTCH, CONVERGE, DEP, UNSANE, BREACH), les textures se veulent plus denses, et l’agencement plus simple. On sent une volonté de puissance assourdissante derrière ces six morceaux qui vont à l’essentiel, tout en gardant ce côté imprévisible au niveau des breaks et autres ralentissements soudains.
Moins Mathcore que Streetcore, moins démonstratif que massif, Comments est une belle preuve du mépris du groupe envers cette désocialisation, ces échanges futiles et ces assertions biaisées. Le son, énorme, suggèrerait presque un mastering du monstre sacré Brad Boatright, mais la production grave et profonde de Francis Caste (KICKBACK, COMITY, REGARDE LES HOMMES TOMBER, HANGMAN’S CHAIR, sacrées références) se passe très bien de comparaisons, aussi flatteuses soient-elles. La basse gronde dans le thorax, la guitare sinue entre distorsion excessive et accords clairs menaçants, tandis que le chant ne se borne pas aux cris d’usage pour utiliser des modes d’expression assez courants chez les suédois de REFUSED (« Q&A »). La violence n’est donc plus un but mais un moyen, celui de parvenir à cristalliser l’inspiration pour la rendre plus efficace. Certes, l’entame « Dive Into Motion » ne laisse planer aucun doute sur l’attachement du quatuor à ses racines Hardcore, mais on sent clairement une volonté d’évolution, pour rendre la dénonciation plus mature.
Alors, on accroche l’oreille par tous les moyens possibles, on calme le jeu avant de partir en vrille, et cette alternance permanente évoque avec beaucoup d‘acuité le système de hiérarchisation des réseaux sociaux. Mais elle évoque aussi avec brio les différents états d’esprit des accros au jeu virtuel, qui se mettent en colère pour un rien, et qui balaient d’un commentaire cruel les états d’âmes et avis de leurs contemporains. C’est particulièrement patent sur le très métallique et redondant « Instacat » qui nous rappelle quand même qu’Internet a été inventé par et pour les chats, mais encore plus sur le long final en feedback de « Pervitine ». La perversion des échanges via cette rythmique plus tribale, les échos de désespoir dans le vide numérique de ce larsen et ces riffs sombres, et la solitude qui accompagne les cœurs brisés par l’indifférence.
Trop court au vu des idées proposées, et au jugé d’une progression que l‘on pressent énorme pour le prochain longue-durée, Comments juge et condamne, laisse le trouble du silence faire son office, et livre un point de vue intéressant sur les rapports faussés qu’entretiennent les individus au vingt-et-unième siècle. Back to basics donc, pour une énergie ne se démentant pas.
Titres de l’album:
01. Dive Into Motion
02. Instacat
03. Comments
04. Fighting the Blue
05. Q&A
06. Pervitine
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