Le sens commun.
Moi je veux bien l’avoir, mais il reviendrait à admettre que la nouvelle vague de Thrash old-school ne fait que répéter en moins bien ce qui a déjà été hurlé par les anciens. De fait, il reviendrait aussi à occulter cette masse de sorties qui balbutient leurs monologues shakespeariens, le crane dans la main, à grands coups de « thrasher ou ne pas thrasher, telle est la question… ». Alors, thrasher, Ok, mais le faire avec un minimum de panache et de foi sous peine de passer pour de pauvre doublures cheap d’un cirque pas franchement drôle.
Mais les CHEMICIDE font heureusement partie de cette famille de thrasheurs venus d’ailleurs, et qui taillent leur route sans se poser de question, mais en agrémentant leur musique de quelques fioritures maison. C’est la troisième fois que je me confronte à leur univers fluo, à leurs pochettes sublimes et à leur entrain Thrash aussi sud-américain que germain. Et le plaisir est toujours aussi intense.
Non que ce quatuor d’enragés (Palo - basse/chant, Sebastian - guitare, Frankie - guitare/chant et Luis Fer - batterie, depuis 2021) soit le plus inventif de sa génération, mais c’est l’un des plus efficaces. Les morceaux proposés par les costariciens sont toujours aussi denses et subtilement fous, et cette rythmique soutenue convient toujours aussi bien à cette pluie de riffs qui s‘abat comme des gouttes d’acide de batterie sur une tête déjà méchamment endommagée par les années. Et seulement trois ans après le déjà miraculeux Inequality qui soulignait déjà l’inégalité des forces entre le Costa-Rica et les autres pays portés sur la nostalgie, Common Sense vient remettre les pendules à l’heure d’un Metal franc du collier, rapide, précis, et lapidaire, comme un coup de scalpel porté à la mémoire.
Ce sens commun est donc évident : on admet que tout a été dit, mais on le répète plus fort, plus vite, et avec encore plus de folie. A ce titre, « Self-Destruct » est l’intro rêvée pour ce genre d’album qui ne fait pas grand mystère de son envie de tout détruire sur son passage. Immédiatement, le son choque, la basse claque, les guitares tranchent dans le vif, et le chant se place aux avant-postes pour déglutir son message. Toujours à la frontière du Thrashcore et du Crossover, CHEMICIDE rappelle encore une fois les géniaux ASSASSIN allemands, qui pratiquaient la même technique sur leur séminal Interstellar Experience. Tous les compteurs à fond, la rage en étendard, et aucune pitié pour les oreilles les plus fragiles. Bien loin des concessions mélodiques et progressives de bon nombre de leurs contemporains, les costariciens jouent l’efficacité à outrance, et décoiffent les thrasheurs en se reposant sur une technique éprouvée, et un sens de la composition efficace inné.
Mais loin de simples équarrisseurs en mal de bidoche, les CHEMICIDE savent aussi se montrer précis et mélodiques sur quelques breaks destinés à relancer la machine encore plus loin dans les tours. Et si quelques concessions Heavy sont admises en tant que variations (« Lunar Eternity »), les BPM reprennent vite leurs droits inaliénables pour rendre cette java encore plus dingue, via quelques titres viscéraux et entêtants.
Dès lors, entre le tourbillon de « Common Sense », composé d’une bonne poignée de plans différents, et la cascade « False Democracy », propre à avaler dans ses cercles concentriques toute la vague allemande des années 80, le tracklisting ne fait pas dans la dentelle, et aspire dans un vortex le reste de la production qui semble tout à coup très faible et édulcorée. A la manière d’une catastrophe naturelle en mode typhon suivi d’inondations monstres, Common Sense rase à blanc, laisse quelques accalmies fonder de faux espoirs de sortie (« Color Blind », le truc le plus efficace depuis GAMA BOMB et même depuis « Toxic Waltz » en étant subjectif et enthousiaste), mais maintient la pression pour que la population ne se fasse pas d’illusions : la fin du monde est bien là, et sa bande-son est à la hauteur de ses dégâts irréparables.
On constate, on encaisse, et jamais on ne se lasse de ces interventions fumasses qui font monter l’adrénaline au point d’avoir le cran de défier un taureau en rut en duel avec une paille. L’image est cocasse, mais ce quatrième album est aussi traumatisant qu’un rodéo qui tourne mal, avec des cornes solidement enfoncées dans le cul.
CHEMICIDE refuse donc tout compromis, se montre toujours aussi dangereux, et signe sans doute l’album le plus intense de sa carrière. Alors, le fluo c’est joli, mais le Thrash toxique c’est dangereux pour la santé, et heureusement d’ailleurs. On ne va pas se mettre à bouffer du quinoa et à se coucher sobre à vingt-deux heures pour vivre plus longtemps.
Pour quoi faire d’ailleurs ?
Titres de l’album :
01. Self-Destruct
02. Lunar Eternity
03. Common Sense
04. Barred Existence
05. False Democracy
06. Color Blind
07. Strike As One
08. Disposable
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49