Voilà qui est très, très vilain. Nous avons pourtant l’habitude que la Norvège nous envahisse via ses armées les plus moisies, pourtant, il est encore possible d’être effrayé par la laideur de certaines attaques de biais, qui trompent notre vigilance. Et NORTHERN KRIG a justement établi un plan de bataille très personnel, qui prévient toute anticipation.
NORTHERN KRIG, c’est la Norvège profonde. Les clous, les capuches, le corpsepaint, la neige, les photos floues, sur-ex, sous-ex, les guitares qui laminent, la rythmique qu’on sent très lointaine, et évidemment ces râles glauques à sonoriser un cauchemar hivernal. Soit la quintessence de l’art nordique pour nous entraîner au milieu d’un lac gelé, attendant que la surface ne craque et que les eaux nous emportent dans leurs bas-fonds.
Formé en 2021, NORTHERN KRIG est un orchestre pour le moins mystérieux. Si The Metal Archives nous communique un line-up complet (Mikkel Stein - basse, Jonar Gunnarson - batterie, Erik Lund - guitare, Morfran - chant), la page Facebook reste assez vague, ne prodiguant que quelques renseignements plus ou moins pertinents. Acceptons donc que ce projet né sans origines (quoi que le nom de SKYRSDAG soit cité en préambule) reste dans les limbes de l’imprécision, et nous oblige à nous concentrer sur sa musique.
Une musique pour le moins chaotique, insistante et produite à la louche. La grosse louche.
Intelligemment construit comme un concept album traitant de la mort, du suicide et de tout ce qui en découle, Concept Of A Suicidal Journey annonce la non-couleur dès sa pochette. Une pochette qui sent bon la censure, avec ce corps féminin au sol, sans vie, et dont certaines plaies sont encore apparentes. Pas de quoi choquer les hordes BM, mais une façon de se présenter sans fard et sans édulcorer la réalité. Et cette réalité est exposée dès le prologue évanoui dans les airs, et « Hostis Humani Generis » prenant le relais avec une violence sourde et froide…comme la mort.
Il est évidemment question d’hybridation ici, entre le traditionnel BM norvégien et le DSBM mondial. Entrecoupé de mélodies, d’interludes déprimants et d’harmonies maladives, Concept Of A Suicidal Journey se concentre sur une forme de violence très diffuse, à la limite de la démo professionnelle. Les sensations sont donc vraies, transmises sans être dénaturées ou amplifiées, et le résultat laisse un goût étrange dans la mémoire. Comme la découverte d’un corps sans vie, qui fut autrefois celui d’un proche ou d’un ami.
Rien de bien gai, mais personne ne vous a promis que vous alliez sourire.
Je suis longtemps resté bloqué sur la beauté mélancolique de « Hostis Humani Generis II – Patentia I ». Très judicieusement placé en césure à l’hémistiche, cet interlude instrumental est parfaitement en phase avec l’humeur d’une œuvre qui fait la part belle à la narration extramusicale, et qui semble vouloir nous expliquer les raisons qui peuvent pousser un individu lambda à prendre sa propre vie.
Un peu Raw Black emballé dans un paquet mieux scotché, Concept Of A Suicidal Journey s’appuie sur des effets nombreux et diversifiés pour parvenir à reproduire la tristesse résignée d’une mort annoncé. On en saisit la substance sur le très chaotique « Mors Innocentiae », bourrage de crâne sans pitié pour notre santé mentale, qui cumule le boucan d’un Metal très noir, la confusion d’un Ambient analogique, et le non-sens d’un extrême qui ne fait pas semblant de l’être. Mais la cohérence empêche le projet de sombrer dans l’expérimental masturbatoire, et le cheminement, très logique, place des balises qui empêchent la sortie de route artistique.
Néanmoins, faites attention. Tout ceci n’est guère plaisant, et surtout pas mainstream. Le Black ayant depuis très longtemps acquis ses lettres de noblesse, il n’a plus rien à prouver. Alors, il se laisse manipuler par des musiciens misanthropes et parfois nihilistes, qui ne croient en rien sauf en une mouture très opaque. Concept Of A Suicidal Journey est un ultime voyage, et peut-être - avec un peu d’imagination - le Downward Spiral de la génération BM, qui avait bien besoin d’un guide précis sur les derniers instants avant fermeture des paupières.
On peut presque sentir le sang couler de la lame du couteau, et on appréhende avec acuité le processus mental qui passe d’un état de conscience du dégoût de la vie, à celui de désir de mort très tangible. « Mors Ultima Linea Rerum Est! », qui dessine à terre la ligne séparant la vie de la mort déroule pendant neuf minutes une multitude de sons, sans - ou presque - dévier d’une trajectoire traumatique et hypnotique.
Beaucoup de bruit, mais pas pour rien. C’est une façon très honnête de résumer l’expérience qu’est ce premier album de NORTHERN KRIG qui se démarque de la production actuelle. Une prise de contact glauque et morbide, pour une réalité l’étant tout autant. Je vous l’avais dit, c’est très vilain.
Et pas vraiment euphorisant, à moins d’avoir vu Nekromantik une bonne dizaine de fois.
Titres de l’album :
01. Prologue
02. Hostis Humani Generis
03. Exanimationes Incidamus
04. Ceryx
05. Arma Capere
06. Adraxone
07. Hostis Humani Generis II – Patentia I
08. Juna
09. Mors Innocentiae
10. Hostis Humani Generis III – Patentia II
11. Animam Agere
12. Mors Ultima Linea Rerum Est!
13. Epilogue
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