Etonnant de constater que ce supergroupe ne dispose même pas d’une page officielle…Lorsqu’on en apprend plus sur son line-up, on reste ébahi face à tant de flou, un peu comme si le projet avait choisi de lui-même de rester dans l’ombre alors qu’il mérite une exposition maximale à la lumière…Composé de figures bien connues de la scène Metal, PEACEMAKER est en quelque sorte un petit secret qu’on se partage entre initiés, et qui nous ramène à notre douce adolescence, lorsque notre apprentissage du Heavy débutait et s’apprêtait à nous conduire sur la route d’une vie de passion. Avec un casting quatre étoiles (Ronny Munroe - chant, METAL CHURCH, TRANS-SIBERIAN ORCHESTRA, Scott Miller - guitare/chant, TANGO DOWN, B.J Zampa - batterie, HOUSE OF LORDS, Yngwie MALMSTEEN, OBSESSION et Rc Ciejek - basse, BELLADONNA), ce nouveau groupe s’impose en termes de crédibilité, mais risque de se voir confiné en espace réduit, faute d’une promotion suffisante…Et cette indifférence programmée serait regrettable au vu du contenu d’un LP qui risque de faire grincer bien des dents et faire grimacer des faciès illustres, puisqu’il n’est rien de moins que l’un des pamphlets Heavy les plus purs et virulents de ces dix dernières années. Mais pas étonnant d’en arriver à cette constatation au vu du pedigree des intervenants, qui d’ailleurs avaient une idée en tête à l’origine, comme nous l’explique le tonitruant vocaliste Ronny Munroe en quelques mots choisis :
« Lorsque Scott et moi avons commencé à parler de l’idée de former un groupe et d’enregistrer ensemble, nous avions deux trois choses à l’esprit. La première, d’y prendre du plaisir, et la seconde, d’écrire des chansons qui nous ramèneraient à notre enfance, lorsque nous découvrions des groupes comme IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST ou SAXON. »
Avec de telles références à l’esprit, et un background aussi chargé que le leur, pas surprenant que ce Concrete and Terror sonne comme une énorme bombe de Heavy Metal pur et dur, toutefois très conscient des exigences de son époque. Elaboré avec passion et fougue, ce premier jet est d’une intensité rare, mais se montre aussi très accrocheur dans un domaine pourtant saturé de revival bon marché. Disposant d’une production parfaitement adaptée à ses ambitions, avec une rythmique qui cogne et une guitare qui tranche dans le vif, Concrete and Terror pourrait évidemment s’apparenter à la somme des connaissances de ses concepteurs, mais aussi à une ouverture en regard dans le rétroviseur sur une adolescence qu’aucun des musiciens n’a oubliée. Ainsi, Scott Miller, très enthousiaste à propos de son travail, déclare ceci :
« Nous avons voulu composer un album pour nous, adolescents, lorsque nous n’étions encore que de simples fans de Heavy Metal. J’ai attendu toute ma vie pour composer un disque pareil. C’est du pur Heavy à l’ancienne, comme je l’aimais quand j’étais jeune »
Beaucoup pourraient considérer tous ces arguments comme une habile promotion, mais dès l’entame « Big Block » digérée, il devient évident que le mensonge et l’exagération n’étaient pas de mise au moment de justifier la genèse de PEACEMAKER. Et les esprits les plus vifs auront immédiatement reconnu la patte d’un des groupes les plus emblématiques de sa génération, METAL CHURCH, dont Ronny a bien sûr incarné la voix pendant quelques années, mais dont les théories sur un Heavy lourd et puissant à la lisière d’un Thrash modéré se retrouvent ici. Même instinct pour trouver des plans percutants basés pourtant sur des riffs éprouvés et classiques, même énergie, même amour d’un Metal non édulcoré, et surtout, mêmes performances individuelles pour un résultat collégial cohésif et explosif. Et les deux meneurs de l’aventure de s’impliquer totalement dans l’aspect créatif, et de nous livrer une prestation parfaite, Ronny se mettant à la hauteur des icônes David Wayne et Rob Halford, sans exagérer ses envolées lyriques, et Scott taillant dans le gras à lui seul avec la persuasion des plus grands duellistes, Tipton/Downing en tête de liste, mais aussi la paire Kurdt Vanderhoof/Craig Wells. Avec ces quelques repères, vous imaginez déjà à quelle sauce vous allez être bouffé, mais vous pouvez ajouter à toutes ces allusions de fortes réminiscences du MAIDEN le plus violent, réminiscences qui vous sauteront aux oreilles lorsque vous les tendrez sur l’impitoyable « Me Enemy », à la construction évolutive sombre et tendue. D’ailleurs, le timbre de Ronny n’est pas sans rappeler celui de Bruce Dickinson, spécialement dans cette façon de faire sonner son vibrato naturel de façon théâtrale, bien qu’un titre à la harangue Heavy/Thrash de la trempe de « Social Suicide » ne soit pas sans évoquer le SKIDROW de Slave To The Grind.
Et les deux acolytes ont parfaitement calibré leurs efforts, puisque Concrete and Terror stoppe sa course à l’orée des quarante minutes, s’adaptant à un timing d’époque n’empêchant nullement le quatuor de jouer la diversité. Ainsi, entre deux bourrasques Heavy, la troupe s’autorise une sorte de repos du guerrier en format acoustique, via la superbe fausse ballade « Endless Dream », aux cordes introspectives et aux lignes vocales émotives et puissantes. Loin de se borner à un simple Heavy Metal act de plus, PEACEMAKER préfère moduler son propos et transposer ses fantasmes dans une époque avide de cachet old-school, en adoptant des syncopes Power-Metal peu en vogue dans les années 80, mais devenues figures imposées de nos jours. Ainsi, le surpuissant « Insanity Speaks » évoque PRIMAL FEAR, mais aussi METAL CHURCH dans une version d’actualité, et nous bouscule de son souffle épique, tandis que « Concrete & Terror » laisse la guitare s’épancher en sextolets, propulsant un riff en vibrato sur une rythmique percussive. En gros, la quintessence du Metal d’avant-hier, d’hier et d’aujourd’hui, pour un ensemble qui part les burnes en avant conquérir le cœur des fans de Heavy toujours aussi investis. D’ailleurs, pour être bien sûr d’incruster son image dans la mémoire des fans, le groupe n’hésite pas à terminer son effort par une dernière ruade purement Heavy/Thrash, réconciliant le « Ton Of Bricks » de METAL CHURCH et le « Human Insecticide » d’ANNIHILATOR, dans une ambiance trouble à la JUDAS PRIEST enfin dégagé de ses obligations binaires. Alors, oui, la passion fut bien le moteur de cette réalisation, et PEACEMAKER signe avec Concrete and Terror un album que nous aurions adoré encore adolescents, et qu’adultes nous apprécierons toujours autant. Heavy Metal never dies…
Titres de l'album :
1.Big Block
2.Blood Lust
3.Concrete & Terror
4.Endless Dream
5.Insanity Speaks
6.Jane Slain
7.Kill Love Sin
8.Me Enemy
9.Social Suicide
10.The Bomb
En même temps, pour Swansong, ils ont raison, ce disque est tout simplement excellent ! Il n'y a pas un morceau à jeter. "Keep On Rotting In A free World", "Reek The Vote", "Tomorrow Belongs To Nobody", "Polarized", "Go To Hell",(...)
29/01/2025, 16:45
Carrément des morceaux de Swansong ?!? Je suis étonné, pour Carcass. Ils assument bien tous leurs disques.
29/01/2025, 16:38
@ Arioch91 : ouais, on serait d'accord sur ce point, avec un bémol pour Kreator qui maintient pour moi le meilleur niveau possible. OK ils ne se réinventent pas mais la qualité reste quand même super élevée comparée à la concurrence. D&a(...)
29/01/2025, 16:37
Merci monsieur Gargan! Faut vraiment être fan pour ne pas se "contenter" du t shirt en plus du disque....
29/01/2025, 13:30
Pas présent pour cette date. Trop vu Carcass ces dernières années (l'excuse de bourgeois...). Mais j'avoue que Rotten Sound ça me tentais tout de même. Une autre fois...
28/01/2025, 23:44
+1J'en dirai autant de Testament, Kreator ou Exodus.Leur musique ne me fait plus autant vibrer qu'avant.
28/01/2025, 19:43
Pardon mais pour les "vétérans", les édentés qui ont connu la sortie de "Reign In Blood", c'est quoi " Quill" et "Coasters"?
28/01/2025, 13:48
Plus d'éditions que de tracks; s'il y a une chose que Dani n'a pas perdue au fil des ans, c'est bien le sens du business.
28/01/2025, 13:24
Le milieu de metal aura poncé le truc des années 80 jusqu'au bout - j'en peut plus de voir des néons rose partout.
28/01/2025, 13:15
Testé y'a quelque temps et en effet c'est pas mal. Cela démonte un peu les clichés sur la faible qualité de la scène Russe (contexte géopolitique mis à part).
27/01/2025, 11:35
Merci pour ces tops et les suggestions d'albums.6 albums qui m'ont beaucoup plus en 2024 :Black Curse – Burning in Celestial PoisonBlood Incantation – Absolute ElsewhereChat Pile – Cool WorldKanonenfieber – Die UrkatastropheSpectral Wou(...)
25/01/2025, 14:23
Le grand drame du metal est de mal se marier à l'audiovisuel généralement. C'est très vite too much. Hâte de découvrir la 3e partie de ce passionnant dossier néanmoins. Merci mortne2001.
25/01/2025, 14:18
Vu à Rennes à L'Étage mardi dernier, il y avait un concert de Clara Luciani au Liberté juste à côté. 2 salles 2 ambiances :)Le concert ayant pris un peu de retard, j'ai trouvé Carcass un peu expéditif mais l'ex&ea(...)
25/01/2025, 14:15
Même affiche à Audincourt samedi passé, même tarte dans la gueule, les 3 groupes ont vraiment assuré ! Love !
24/01/2025, 15:54