Concrete God of the Scorched Earth

Utarm

19/09/2024

Recordsofthefleshgod

La curiosité est un vilain défaut. Je m’insurge en faux contre cet adage, puisque la curiosité est justement ce qui nous pousse vers l’inconnu, la découverte, et la progression. Néanmoins, cette même curiosité qui me guide vers tout ce qui affiche des prétentions expérimentales me joue parfois de vilains tours. Car l’expérimentation n’est pas forcément la mère de la création, et permet souvent à des trublions sans talent de se faire remarquer, comme en art moderne. Ebaucher un concept et hurler pendant trente minutes sur des textures sonores abstraites est une chose, construire une évolution et lui donner sens en est une autre.

D’où le cas très intéressant de Sindre Foss Skancke.

Né le 1er janvier 1980 en Norvège, Sindre s’est surtout taillé une bonne réputation en tant qu’artiste graphique. Il expose d’ailleurs ses œuvres à la Norwegian National Academy of Fine Arts d’Oslo, œuvres qu’il utilise aussi pour décorer ses albums de musique, qu’il enregistre sous divers noms. ÆVEGÅRDSJUVET, GRIBBERIKET, FOSS, NOISESTAR AND THE FALL OF ROME, NORWEGIAN NOISE ORCHESTRA, STABWOUND EMPIRE, et pour coller à cette rubrique, UTARM, son projet le plus prolifique.

UTARM est aussi le pseudo que le musicien omnipotent utilise pour publier des disques longs comme un jour sans joie. En six albums, UTARM s’est taillé une sacrée réputation dans le petit monde pleurnichard du DSBM, mais aussi dans les rangs plus fous et exigeants du Noise. Car rien ne sied mieux à Sindre que l’hybridation entre deux sous-genres qui peuvent se compléter. Et depuis la parution de Mutilation Epoch, le norvégien n’a eu de cesse de se chercher au milieu d’un foutoir sonore inextricable, cocktail salé de riffs lancinants, de stridences irritantes, de feedback oppressant, et de cris tétanisant.

Pas très gai, mais peut-on attendre autre chose d’un musicien nous confiant ses névroses et sa dépression ?

Concrete God of the Scorched Earth ne déroge à aucune règle suivie par Sindre. Deux morceaux de plus de vingt minutes, pour un mix entre ABRUPTUM, SILENCER, STALAGGH, et un mode d’expression à réserver aux plus atteints, et aux moins enjoués. Evidemment très pointu, et musique de niche ultime, UTARM ressemble à ce que pourrait produire Mories un soir de spleen aggravé. Très prolifique, Sindre n’innove plus vraiment, mais tente de transcrire en musique ses obsessions picturales, comme le souligne cette superbe pochette qui donne à réfléchir. En rouge et noir, l’artiste exilera son cœur, et ira plus haut que ses montagnes de douleur. Pas sûr qu’une thérapie soit efficace dans ce cas très précis, mais l’alliance entre la peinture et la musique revêt un caractère de complétude sur ce nouveau chapitre, très proche des précédents.L’un de ses labels a même déniché la formule parfaite pour ne prendre aucun risque :

Hellish Hard Rock music mutilated through Doom Noise armageddon. Not for anyone.   

Dans le style « Due to the graphic nature of this program, listener discretion is advised », cette petite accroche tout sauf sibylline se pose là, mais fait preuve d’une honnêteté exemplaire. Car en effet, le DSBM noisy et interminable d’UTARM exige de la patience, de la résistance, et même de la résilience, tant il se fait l’écho des douleurs globales ressenties par une population mondiale à l’agonie. Comme si des millénaires d’injustice et de violence se matérialisaient en bruits blancs, Concrete God of the Scorched Earth hurle son malaise, et nous plonge dans le nôtre. Un marasme dont on ne s’extirpe que par la mort, et qui plombe une vie plus efficacement qu’un licenciement économique avant Noël.

Pièce longue de presque cinquante minutes décomposée en deux chapitres, Concrete God of the Scorched Earth suscitera au choix le malaise, l’ennui, l’interrogation, l’incompréhension et le doute chez l’auditeur éventuel. Qui s’il lit cette chronique saura déjà à quoi s’attendre. A un enchaînement de sons et de cris pas forcément cohérent, mais viscéral, assez proche des théories de Janov, ou d’un chaos sans aucun sens selon le point de vue.

« The Last Abduction of the Dethroned Prince » est incontestablement le morceau le plus difficile à accepter. Totalement dénué de rythme, de ligne conductrice, il laisse l’expression brute prendre les devants, et nous oblige à puiser en nous les ressources nécessaires à son écoute. Souvent totalement Noisy, comme une jam sans garde-fou, il laisse une part importante à l’imagination pour deviner l’état d’esprit qui a mené à sa composition.

Si tant est qu’il y ait eu un quelconque processus.

Vous voilà avertis des dangers et des risques qui vous guettent sur un tel album, et si vous êtes déjà fan d’UTARM, rien ne vous surprendra vraiment sur Concrete God of the Scorched Earth. Mais de toute façon, vous êtes bien trop déprimé pour vous en rendre compte.  

 

                                                                                              

Titres de l’album:

01. Concrete God of the Scorched Earth

02. The Last Abduction of the Dethroned Prince



par mortne2001 le 28/02/2025 à 17:25
70 %    125
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