En 1965, notre petite par la taille mais grande par le talent France Gall gagnait l’Eurovision en représentant le Luxembourg, avec la chanson signée Serge Gainsbourg « Poupée de Cire, Poupée de Son ». Ce cas de figure étrange est souvent arrivé dans cette compétition qui laissait des interprètes de nationalité différente représenter d’autres pays. Mais gageons que si en 2019, le Luxembourg se laissait incarner par les furieux thrashers de FUSION BOMB, ils n’auraient aucune chance de remporter le trophée, mais ils auraient le mérite de foutre un sacré bordel. Après tout, LORDI s’est bien vu couronné il y a quelques années, alors, pourquoi pas ? Et avec une carte de visite de la trempe de Concrete Jungle, il est évident que les juges du concours connaîtraient quelques suées, mais que les metalleux du monde entier sentiraient leurs endorphines grimper en flèche. Alors, pour les noob, d’où sort ce nouveau combo bien décidé à nous mettre les esgourdes à feu et à sang ? De Noertzange, ville qui les a vus naître en 2010, bien que ce longue-durée soit le premier à leur actif. Mais votre serviteur n’a pas attendu que ces acharnés s’expriment en version étendue pour parler d’eux, puisque le single « You’re a Cancer to this World » avait déjà attiré mon attention en 2018, au point de suivre leur actualité avec appétit. Et c’est donc le 25 janvier dernier que le fruit de ma patience a été récompensé par un LP très agité, constitué de dix morceaux dont une reprise assez culottée, le tout emballé et pesé en un peu plus d’une demi-heure. Evidemment, la question du revival Thrash est abondamment traitée dans ces colonnes, et vous n’êtes pas sans savoir que le style me sied, depuis les premières exactions eighties qui représentent aujourd’hui un trésor inestimable pour la nouvelle génération. Mais même si le genre est quelque part mon talon d’Achille, je n’ai jamais fait preuve de complaisance à l’égard des musiciens s’en réclamant, et c’est avec une grande joie que je peux affirmer aujourd’hui que les FUSION BOMB font partie des plus dignes héritiers de la sidérurgie allemande et de la boucherie californienne.
Certes, rien de bien révolutionnaire à se mettre sous la dent. Mais ce quatuor de déments (Miguel Teixeira Sousa – chant/guitare, Luc "Lanthanoid Laser-Dazer" Bohr – guitare, Michel "Nippel" Remy – basse et Scott Kutting – batterie) sait faire parler la poudre qu’il n’a pas inventée et nous trousse une bonne dizaine d’hymnes à la gloire des pionniers, qui devraient se sentir honorés d’inspirer toujours autant de méchanceté. Au menu de cette première livraison, de la vitesse, des riffs finement découpés, une rythmique qui sait pilonner et accélérer, et quelques tendances à la crue bestialité, histoire d’agrémenter la folie ambiante d’une légère touche Death sans exagérer. Mixé et masterisé par Chris "Zeuss" Harris et enrobé dans une sublime pochette colorée signée Devon Whitehead, Concrete Jungle a de faux airs de jungle inextricable qu’on traverse la machette à la main, prêt à affronter tous les dangers pour dénicher le coffre des secrets de la magie Thrash tels qu’ils ont été conçus entre 1988 et 1990. Et si la plupart des chapitres ont été rédigées d’une main respectueuse, certains ne peuvent pas s’empêcher d’augmenter la tension, et de faire grimper la température jusqu’au maximum de fournaise autorisée par le Thrashcore. Ainsi, le lapidaire et expéditif “T.M.N.A” nous rappelle au bon souvenir des coups d’accélérateur d’ACROPHET, mais aussi des tendances les plus radicales de CRYPTIC SLAUGHTER et autres défenseurs de la cause animale/musicale, représentant en quelque sorte un pic de hargne que les neuf autres morceaux ne parviennent pas à contester. Et d’ailleurs, « Zest of Scorn », dès l’intro caresse le spectre d’un TESTAMENT passé à la centrifugeuse, avec un cri primal bien senti de Miguel Teixeira Sousa, qui n’a pas les cordes vocales dans son sac US. Le chanteur est d’ailleurs le point de focalisation incontestable de cette formation, tant il parvient à moduler les tonalités pour unir dans un même crachat Thrash, Hardcore et Death, sans trahir ses croyances originelles.
Jouant constamment à cache-cache avec les différents tempi, les luxembourgeois nous font tourner fou, mais pas en bourrique, puisque leurs plans pertinents rebondissent les uns sur les autres avec une efficacité diabolique, transformant n’importe quelle astuce classique en épiphanie de violence. « Knuckleburger » en est une illustration parfaite, avec sa succession ininterrompue de changements de beat, appuyés, virevoltés, hystériques et pourtant parfaitement maîtrisés. Et si « Concrete Jungle » calme un peu le jeu de sa lourdeur hypnotique, c’est pour mieux nous prendre par surprise en anticipant « You’re a Cancer to this World », le single déjà paru qui ose le mariage blanc entre la précision de la Bay-Area et la folie de la Ruhr. Pas vraiment le temps de reprendre son souffle, puisque les pauses sont inexistantes, un peu comme si le groupe savait qu’il joue son va-tout et sa réputation sur un seul coup. Alors, les guitares turbinent, et l’axe basse/batterie usine, accumulant les figures imposées pour les crucifier sur un autel de brutalité. « Blazing Heat » passe comme un souffle rauque balayant les immondices de la décharge de MUNICIPAL WASTE, pour laisser le champ libre à « Bird of Prey », modèle de construction évolutive qui fait encore monter d’un cran la pression. La chaudière menace constamment d’exploser, soumise à des impulsions graves et glauques (les quelques growls lâchés par Miguel n’arrangent en rien les choses), et c’est en mode roue libre que le quatuor termine sa course, en profitant de trois derniers morceaux conséquents pour nous achever.
Inutile de dire que ce triptyque terminal continue le ménage par le vide, ramenant à la surface les souvenirs des ACCUSER, VIO-LENCE, EXODUS (certains riffs paraissent clairement piqués à Gary Holt, mais pour l’amour de la formule uniquement), et quelques autres figures de l’histoire. Mais si la colère et l’envie sont palpables à chaque seconde, le groupe n’en oublie pas de lâcher quelques soli assez étourdissants (celui de « Nychtophobia » rappelle un peu le style d’Andreas Kisser en plus Malmsteen), et des harmonies étouffées qui permettent de ne pas se sentir lésé. Les arrangements vocaux, très travaillés apportent la plus-value indispensable, et la production, impeccable, fait vrombir les guitares qui semblent aussi bien huilées que des tronçonneuses prêtes à découper. Bien sûr, impossible de nier le fait qu’on a déjà entendu ça des milliers de fois, et si les FUSION BOMB n’arrivent pas encore à la hauteur des miraculeux CRIMSON SLAUGHTER, ils n’en signent pas moins un excellent premier album, qu’une étonnante reprise des immaculés EXCEL vient clôturer, confirmant les accointances Hardcore de cette horde luxembourgeoise. On notera que l’original reste inégalable, mais la culture générale citée dans le texte par Concrete Jungle prouve que les FUSION BOMB sont des gens de bon goût, promis à une carrière qu’ils méritent amplement. L’avenir nous dira s’ils parviennent à tenir la distance sans perdre haleine, mais cette jungle est moite, épaisse, suintante, et digne des aventures les plus sauvages narrées dans les années 80 par leurs aînés.
Titre des morceaux :
1. Zest of Scorn
2. Knuckleburger
3. Concrete Jungle
4. You’re a Cancer to this World
5. Blazing Heat
6. T.M.N.A.
7. Bird of Prey
8. Nychtophobia
9. Slam Tornado
10. I Never Denied (EXCEL Cover)
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