Bon, je ne vais pas vous faire le coup du « ils sont arrivés à pied par la Chine », d’une parce que je ne suis pas Wayne Campbell, et de deux, parce que cette contrepèterie malheureuse ne servirait pas vraiment la cause de cette horde trashante qui nous en vient pourtant de Beijing. Et à vrai dire, ils servent leur propre cause mieux que quiconque, alors inutile d’abuser de formulations alambiquées pour parler de leur art consommé à nous dévaster de rythmiques accélérées et de riffs empesés. Le Thrash, cette non-inconnue ridiculisée par des 90’s avides de nouvelles sonorités serait donc la catharsis des nostalgiques, qui ne semblent pas s’y retrouver sans le dédale actuel de nouvelles tendances, qui d’ailleurs ne leur font pas oublier la provenance. Laquelle ? Celle d’un Metal non dilué, qui n’a pas oublié que la Bay Area n’est pas qu’une région ensoleillée, et que le short et les baskets ne sont pas que des accessoires de mode pratiques, mais bien une panoplie complète. Alors, on y va, et on ne fait pas semblant, puisque ces quatre-là se sont investis comme personne dans la réalisation d’un second LP qui vient confirmer la bonne impression du premier. Vous avez dit bio ? Vous avez bien fait, et je ne parle pas de légumes. A vrai dire, les TUMOURBOY l’ont très concise, puisque leur laïus introductif ne perd pas de temps en détails futiles. Ils se nomment, acceptent leur genre, et admettent des influences, celles éternelles des VIO-LENCE, ATROPHY, SLAYER, ANTHRAX, NUCLEAR ASSAULT, et même HAVOK, soit la crème des glaviots de l’ultraviolence made in 80’s, qu’ils accommodent à leur sauce en la crachant du balcon de leur Chine natale, qui n’a pas grand-chose à envier à l’Amérique ni à l’occident en termes de pamphlets bien méchants.
Nous avions quittés les lascars il y a deux ans, après avoir digéré les crises de colère d’un initial Damaged System, qui faisait suite à une premier EP assez corsé, Noise.Beer.Love, ne faisant pas grand cas de leurs affinités et de leurs vices mêmes pas cachés. Condemned to Extermination continue donc sur la même lancée, et se permet même quelques pics d’intensité, pour atteindre la folie furieuse des références énoncées, sans jamais chercher à s’en éloigner. La créativité n’empêche pas un certain formalisme, et il est évident que ce deuxième effort ne joue pas les mouches du coche en proposant des plans culottés ou des breaks inopinés. Ici, tout est fortement connoté, mais joué avec une énergie investie, et on se prend à apprécier le classicisme d’une formation qui a bien retenu les leçons, et qui les régurgite avec passion. Situés sur une frange assez extrême d’un Thrash enthousiasmé, les TUMOURBOY se complaisent dans les saccades agencées, les idées pesantes et les accélérations démentes, et nous livrent donc leur version d’un Thrash atomique, qu’on pouvait renifler via les essences de quelques acteurs de la série B, EXUMER, RECIPIENTS OF DEATH, et même SADUS à cause certainement de ce chant écorché et sardonique, qui permet au vocaliste/guitariste Jiashu Nighthunter de s’exprimer en toute exubérance, et de se reposer parfois sur une paire rythmique en avance, ossature Zhang Baixing (basse) et Zhang Yichi (des DYING SOULS, batterie). De son côté, le tricoteur Fuwen Young ne fait pas semblant, et triture ses cordes avec folie, sans pour autant occulter la brillance des interventions graves de Zhang Baixing qui laisse claquer sa basse comme au bon vieux temps des OVERKILL et NUCLEAR ASSAULT, sans pour autant laisser Condemned to Extermination chuter dans le fossé du Thrashcore ou du Crossover dilué. Et même si le feeling est parfois assez Punk dans le fond, l’air lui est purement Metal, et les compositions rapides et carton.
Ainsi, après la courte intro « Armageddon », « Cycle Of Human Violence » donne le ton, et distille les BPM comme un revendeur de bière refourgue ses bidons. On nage en pleine euphorie Thrash, en passant d’un tempo de démon à un mid plutôt béton, et les plans s’accumulent, sans chercher la porte de sortie puisque l’univers est bien balisé. Rien à signaler à part quelques chœurs bien Core qui jouent le corps à l’âme avec des soli en tous points remarquables (rapides mais incendiaires), et « Fatal Extermination » de confirmer que l’inédit n’a pas vraiment droit de cité, puisque c’est la tradition qui l’emporte sur l’innovation. Pourtant, le quatuor de Beijing ne manque pas d’ambition, mais sait rester efficace sans se perdre dans les méandres des illusions, et si les morceaux ne dépassent jamais les sacro-saintes quatre minutes, elles contiennent suffisamment d’humeurs pour nous contenter sans nous laisser le loisir de regarder l’heure. Les quarante ou presque minutes imparties passent donc très vite en cette bonne compagnie, et nous laissent le loisir de nous sevrer d’une bonne dose de Thrash serré et concentré, qui n’oublie pas pour autant de s’aérer, pour ne pas sentir le renfermé. Et d’intro brèves mais bien troussées (« Infected Thoughts ») à des accès de brutalité désespérés (« Command To Kill »), en passant par des intermèdes mélodiques planifiés (« After Earthquake »), Condemned to Extermination joue la carte de la franchise, sans demander de remise. Et inutile de rendre la monnaie de leur pièce, puisque les TUMOURBOY ont toujours l’appoint, même si quelques petites blagues parsèment leur chemin (« Kiss My Ass »). Mais lorsque les quatre acolytes perdent tout sens de la mesure, la cadence frise parfois l’usure, pour un instant de démence totale que « Reign By Tyranny » entérine de sa rythmique nucléaire épidermique. Les retombées radioactives nous menacent donc de leurs particules fines, et l’hiver nucléaire n’est pas qu’une lointaine crainte, tant le champignon provoqué par l’explosion de « Run For Your Life » évoque une puissance terminale décoiffante associant la pertinence d’OVERKILL avec la fluidité des VIO-LENCE.
En conclusion, une petite reprise ludique (« Push It To The Limit », de Paul « Scarface » Engemann), qui transforme la Pop la plus consensuelle en bourrée Hardcore au chant pas vraiment modéré, et nous en voilà donc à célébrer les aventures d’un groupe qui nous la joue à la dure, mais qui sait rester suffisamment léger pour nous permettre de digérer. Rien de nouveau sous le soleil qui se lèvera toujours à l’est, mais une bonne dose de Thrash factuel, et suffisamment caustique pour laisser une impression pérenne. Mais Beijing, Los Angeles, Berlin, ou Santiago, peu importe le pays pourvu que se plante le bon drapeau. Celui d’un Thrash sans repos, qui sans chercher en dehors de sa gamelle des restes avalés depuis longtemps, ne se contente pas de la remplir de croquettes pour rassasier le tout-venant.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
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NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)
11/11/2024, 10:09