Le Death technique n’est pas vraiment ma tasse de thé. Entre les plans qui s’accumulent souvent gratuitement, cette ambiance démonstrative egocentrique et stérile, l’émotion qui s’en dégage est quasi nulle, et la plupart du temps, les morceaux ressemblent à des recherches d’endorsing pour des marques de guitares, de cordes, ou de kits.
C’est mon humble avis, que vous n’êtes évidemment pas obligés de partager.
Mais franchement, les productions compressées à outrance, les riffs supersoniques interchangeables, et les batteries triggées au-delà du raisonnable, non merci, je passe mon tour.
Alors la joie n’en est que plus grande lorsque je tombe sur un groupe du cru qui sait faire preuve d’un peu d’humilité et d’originalité. Non que les BRAIN DEATH soient une révélation, mais ils font au moins preuve d’un peu plus de créativité que la moyenne des groupes du créneau.
En survolant leur album d’une oreille distraite, j’ai même eu le sentiment d’avoir affaire à un combo de Techno Thrash un poil plus virulent que d’ordinaire, mais en se penchant sérieusement sur leurs morceaux, j’ai vite découvert une grosse ambiance Death un peu étouffée et pas désagréable du tout.
Mais il convient de préciser que ce quatuor a eu le temps de peaufiner son optique, puisque Condemned To Extinction est déjà leur troisième album depuis leur création.
Nous en venant du Costa-Rica, terre peu fertile en agresseurs qui mutilent, les BRAIN DEATH existent donc depuis le début des années 2010, et ont attendu 2012 pour présenter le résultat de leurs premières expériences sous la forme d’un LP introductif, Bloody Death Fields.
Un an plus tard, novembre 2013, c’est World Devastation Sickness qui prend la suite, avant un changement de line-up qui assoit Rodrigo Chaverri sur le siège de batteur.
Depuis, un EP reprenant des titres du premier LP ainsi qu’un inédit, et la préparation de ce troisième LP, le plus attendu et craint de la carrière d’un groupe.
Mais les BRAIN DEATH ont franchi ce cap avec un panache certain, puisque Condemned To Extinction, sans prétendre rejoindre les chefs d’œuvre du genre, fait montre de suffisamment de professionnalisme pour passer la rampe sans encombre.
Se revendiquant d’influences diverses, allant d’EXODUS à CANNIBAL CORPSE en passant par DECAPITATED, SODOM, MUDVAYNE, TOOL, DREAM THEATER, NILE ou OBSCURA, ces quatre musiciens (Arturo Ramirez – chant, Emanuel Alpizar – guitare, Isaac Muñoz – basse et donc Rodrigo Chaverri – batterie) ont trouvé le juste équilibre entre brutalité et précision, pour un éventail de possibilités assez remarquable, ne nuisant aucunement au caractère accrocheur de leurs morceaux, qui oscillent entre Death technique des années 90, Thrash contemporain, et Heavy occulte atypique.
En gros, des accélérations, des partitions complexes, mais aussi des mélodies, des breaks lourds et poisseux, de quoi animer trente-cinq minutes de musique sans que personne ne s’ennuie.
IL est d’ailleurs possible de sentir parfois des réminiscences de la NWOBHM dans ces plans de guitare harmoniques, mais aussi des traces du meilleur Techno Death des nineties (comprenez DEATH, CYNIC et ATHEIST, la sainte trinité) dans ces parties instrumentales ou la basse se fraye un chemin upfront pour quelques arabesques coulées de démonstration (« Condemned To Extinction », l’un des morceaux les plus conséquents et versatiles du lot)
BRAIN DEATH ne rechigne pas non plus à se vouloir plus percutant, et privilégie parfois le radicalisme Death de la brièveté sur un torride « Life Is… », qui provoque des collisions intéressantes entre la guitare et la rythmique, qui se lancent dans un duel étourdissant et tourbillonnant, sans jamais tomber dans le piège de la complexité roborative et ennuyeuse.
Là est sans doute d’ailleurs la force de ce quatuor qui ne pousse jamais les choses trop loin, et reste dans des délais raisonnables, tout en y incluant suffisamment d’idées pour rendre les débats plus « progressifs ». Ainsi, « Preservation » semble constitué d’une multitude de parties disparates, collées au hasard des tonalités, alors même que la logique s’impose en filigrane, nous laissant avec une impression de complétude assez rassurante. Une fois de plus, la basse joue les mouches du coche et s’évade à la moindre occasion, pour laisser la guitare et la batterie construire des imbrications harmoniques envoutantes.
Produit par Andrés Castro (guitariste de SIGHT OF EMPTINESS), Condemned To Extinction dispose en outre d’un son assez particulier, aux fréquences un peu tamisées, et à l’équilibre un peu cotonneux, qui rend sa musique encore plus opaque et légèrement étrange. Un peu comme si un groupe de Metal du début des années 90 se réveillait en 2017 pour imposer ses vues nostalgiques et analogiques sur le Techno Death actuel.
Un peu DECAPTIATED calmé d’aspirations harmoniques CYNIC, un peu SUFFOCATION bridé de quiétude MEGADETH, le Metal des BRAIN DEATH sait rester raisonnable sans cracher sur une bonne dose de technique et de brutalité.
La meilleure preuve de cette assertion peut se trouver dans le diptyque « The Pale Blue Dot », qui navigue entre Thrash touffu et charnu, et Death concis et précis, s’autorisant quelques bribes de chœurs graves, ainsi qu’une poignée de riffs mémorisables et médiums.
Ambiances travaillées et distillées avec flair, avec une couche d’harmonies superposées à une batterie instable (« Industrialize »), pour une dernière salve de riffs entrecoupés de soli maîtrisés, et le tour est joué et le bilan satisfaisant.
Sans trop en faire, mais en laissant sa créativité s’exprimer, les BRAIN DEATH prouvent très humblement avec Condemned To Extinction qu’on peut garder la bride sur le cou de la technique tout en affirmant son potentiel. Et surtout, en proposant des morceaux efficaces et complexes, ils démontrent que l’art difficile du Techno Death requiert des capacités de composition plus que d’interprétation, ce que leurs homologues ont souvent tendance à oublier.
Un troisième album que l’on ne désignera pas comme étant celui de la maturité, bien qu’il puisse revendiquer ce statut.
Titres de l'album:
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