Revival Thrash ou Third Wave of Thrash Metal ? La question semble anecdotique, mais est pourtant d’importance. Car depuis plus d’une dizaine d’années, des dizaines de groupes s’ingénient à recréer l’atmosphère de la Bay Area et de la Ruhr à grands coups de rythmiques franches et de riffs qui ne le sont pas moins, alors, le moins que l’on puisse faire en effet, n’est plus de les considérer comme d’indécrottables nostalgiques, mais comme des acteurs majeurs du créneau sans autre forme de procès.
Certains s’en tirent avec les honneurs, d’autres se contentent de suivre le mouvement, et une poignée d’entre eux font figure de leaders, un peu comme à l’époque des SLAYER, EXODUS, LIVING DEATH, SACRILEGE BC et autres DEATHROW.
Les HAVOK font clairement partie de la troisième catégorie, et leur carrière longue de treize ans parle pour eux. A leur actif, quatre longue-durée et pas mal de démos et autres EPs, mais surtout, une réputation sans faille acquise à la force du médiator et des baguettes.
Et si certains de leurs efforts semblaient marquer le pas, admettons qu’ils repartent du bon avec ce Conformicide qui mérite son nom tout en rentrant en conflit avec son concept.
Non que les originaires de Denver rentrent dans le rang, mais il est certain qu’ils ont trouvé une formule qui leur convient très bien, et qu’ils appliquent à la perfection d’album en album. Au point d’atteindre une sorte de perfection dans la logique de composition, ce que les douze originales de ce quatrième LP prouvent de façon tonitruante et indéniable.
On y retrouve tous les ingrédients de leur Metal mordant et hargneux, à mi-chemin entre un Heavy/Speed mordant et tranchant, et un Thrash modéré puisant son essence dans les références les plus incontournables du style.
On renoue donc une fois de plus cette propension à développer des morceaux au-delà de toute modération, cette alliance entre guitares et rythmiques tout à fait balancée, et ce chant si caractéristique, empreint des inflexions sarcastiques et sardoniques si chères à Dave Mustaine ou Bobby Blotzer, mais aussi cette tendance au Crossover louée par OVERKILL ou MUNICIPAL WASTE, et cette grosse basse ronflante, sexy et Hardcore à la SUICIDAL dernière époque avant le split.
En gros, rien de nouveau sous le soleil du Colorado, mais certainement une de leurs œuvres les plus solides et ambitieuses.
HAVOK n’a jamais joué la surprise, mais bien la qualité dans la continuité, et Conformicide, loin de tuer le conformisme dans l’œuf, le détourne pour le transformer en concept de perfection dans l’exécution. Les traits de caractère du quatuor US (David Sanchez – chant, Pete Webber – batterie, Reece Scruggs – guitare et Nick Schendzielos – basse) sont toujours aussi patents, dans cette façon de soigner les parties instrumentales tout en les striant d’interventions imprévisibles et en les truffant de breaks surprise, dans cette approche délicate de la construction évolutive, et dans l’acceptation de la mélodie comme vecteur d’expression indissociable d’une agressivité de tous les instants.
Cette formule éprouvée depuis 2004 trouve son apogée aujourd’hui avec leur disque le plus professionnel et inspiré dans la tradition, et offre même quelques nouveautés intéressantes, quoique tellement nuancées qu’elles sont parfois imperceptibles.
De longs morceaux (très longs parfois comme le démontrent « Ingsoc » ou « Circling The Drain »), qui profitent d’éclairs de génie d’emprunts divers (MORDRED pour le premier, OVERKILL et MEGADETH pour le second), une collaboration renforcée entre les membres du groupe, et l’accueil dans la famille d’un nouveau quatre-cordiste, Nick Schendzielos qui contribue de sa frappe de graves à la Trujillo/Lilker/Verni à ouvrir de nouveaux horizons, font de cette nouvelle étape un pas de géant vers une respectabilité inévitable qui va vite faire passer les HAVOK du statut d’espoir confirmé à un leadership incontestable.
Ce glissement est tangible et crève les yeux sur des morceaux comme l’imparable « Masterplan », qui brille de sa rythmique bondissante et de ses riffs élastiques, surmontés de lignes de chant vicieuses et d’une bordée de chœurs revanchards qui donnent le ton, et le bon.
Toujours aussi catchy sans perdre de son radicalisme, les HAVOK sont passé maîtres dans l’art de rester frondeurs tout en glissant quelques pirouettes techniques dans leur Thrash, ce qui a tendance à le rendre encore plus efficace et précieux.
Autrement dit, l’intelligence de jeu le dispute à la puissance, ce qui aboutit à un cocktail relevé, mais toujours coulé dans le palais. Mettre le feu sans perdre le fil, telle est la devise des Américains, qui ont bien retenu les leçons prodiguées par le Mustaine de 85/88 ou celles du Blotzer des 90’s.
Le pari était pourtant très risqué, et oser proposer douze morceaux pour plus d’une heure de musique représentait un écueil difficile à éviter, celui de la redondance et de la redite à outrance. Mais c’était mal connaître le flair de ce quatuor hors-pair que de croire qu’ils allaient s’échouer sur leurs propres récifs…Et de l’ouverture explosive de « F.P.C » et sa séduisante acoustique d’intro soudainement fracassée d’un slap de basse chaloupé à la MORDRED, jusqu’au radical « Slaughtered » et son riff presque Metalcore, tout est agencé avec beaucoup d’intelligence et de variation, suffisamment pour que l’auditeur ne se croit pas perdu dans un monde parallèle où le temps et l’espace ne sont plus des données viables.
Evidemment, tout ne fonctionne pas complètement, et parfois, le groupe marque le pas. Mais même les titres les moins bénis cachent toujours au moins une idée brillante, à l’image du classique « Peace In Pieces » et ses cocottes de guitare en écho renforcées de riffs en béton armé, ou du déjà entendu « Wake Up » qui profite d’un up tempo martelé avec conviction pour faire oublier son rapt d’idées à la Mustaine pas vraiment bien camouflé.
D’ailleurs, cette admiration pour MEGADETH trouve tribune sur le plus que révérencieux « Dogmaniacal » qui recycle des plans du rouquin teigneux dans un contexte purement OVERKILL. Mais c’est tellement bien fait et teinté de l’EXODUS de « Raze » qu’on ne peut le reprocher à personne…
Surtout lorsqu’avant d’en arriver là, vous serez passé par les cases « Hang’Em High » et son lick perturbé d’instants techniques à la DEATH, ou « Intention To Deceive » et son affolement de BPM radicalisant le propos au point de lui faire adopter un point de vue ambivalent mélodie/blasts de folie.
Donc…
Donc bilan plus que positif pour cette quatrième intervention des HAVOK, qui avec Conformicide ne s’affranchissent pas vraiment du classicisme qu’ils dénoncent, mais s’en servent au contraire pour se poser en garants d’une tradition séculaire.
Au point de devenir le MEGADETH des riffs à la place du Calife ?
Non, au point de rester HAVOK qui s’en moque, ce qui est largement plus flatteur.
Titres de l'album:
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