Le marché japonais est très spécial, nul ne l’ignore. Là-bas, les idols sont considérées comme de véritables Dieux/Déesses descendu-es sur terre pour honorer les fans de leur lumière surnaturelle. Lorsqu’on vend un groupe au Japon, on vend plus que des musiciens et leur musique. On vend une image de perfection, on vend un packaging qui comprend l’admiration, l’adulation, au-delà du raisonnable. D’ailleurs, les albums ne sont pas de simples albums, ce sont toujours des coffrets de luxe, qui se déclinent en autant de pochettes que le groupe/artiste le permet, agrémentés de goodies, de blu-ray bonus, et autres petites friandises dont les nippons ont le secret et le privilège. Il n’est d’ailleurs pas rare qu’un LP soit précédé d’une kyrielle de vidéos, toutes plus pro et colorées les unes que les autres, mettant en situation ces héros d’un nouveau temps qui sont beaux, jeunes, talentueux, et surtout, intouchables. Autant vous le dire, si le phénomène BABYMETAL vous porte sur le système et échappe à votre champ de compréhension, il y a peu de chance que vous soyez réceptif à la musique des BAND MAID. D’une, parce que le principe, bien que différent, présente des similitudes flagrantes. De deux, parce que la musique des BAND MAID est beaucoup moins Metal que celle de leurs petites sœurs au signe du renard. Ces cinq soubrettes jouent en effet un Rock beaucoup plus abordable, assez proche du Rock alternatif US des années 2000, les tics Metalcore en moins, mais l’attitude Nu Metal en commun. Et avec six albums pour autant d’années d’existence, les petites servantes commencent à se bâtir une sacrée carrière que beaucoup d’autres artistes pourraient leur envier. Sixième album donc pour les musiciennes au plumeau, et confirmation d’un plan qui ne laisse rien au hasard. Conquérir le monde avec leurs chansons simples mais efficaces, et asseoir la suprématie d’une stratégie commerciale rodée et huilée. En gros, vendre la culture japonaise dans le monde entier, et convertir des millions de fidèles. Et malgré la fascination d’une frange du public européen et américain pour tout ce qui est kawaii, la partie n’est pas gagnée.
Conqueror est donc le sixième LP de cette confrérie de femmes de chambre, et peut-être l’un des plus abordables de leur discographie. En reprenant à leur compte des recettes commerciales qui existaient bien avant leur naissance, les cinq musiciennes (Saiki Atsumi – chant, Miku Kobato – guitare/chant, Kanami Touno – guitare, Akane Hirose – batterie et Misa – basse) jouent sur du velours et participent à cet effort collectif d’exportation des traditions musicales d’un pays. Se reposant tout autant sur l’image que sur la musique, le groupe offre donc un paquet cadeau complet, ce sixième LP se déclinant en autant de pochettes que de musiciennes, avec divers bonbons auditifs et visuels inclus dans la version physique. Vous pouvez donc acheter le disque avec le visage de votre membre préféré, et apprécier des paroles traduites en anglais pour pouvoir chanter en chœur avec vos héroïnes. Certes, le principe est plutôt puéril est fort peu en adéquation avec nos intérêt, mais l’astuce est remarquable, d’autant plus que les chansons respectent le cahier des charges du J-Rock. Cette appropriation de thèmes américains remis au goût d’un jour de soleil levant est d’une efficacité redoutable, ce qui n’a pas échappé au grand producteur Jack Douglas qui a proposé aux filles de travailler avec lui. Une collaboration intéressante sur le papier, et gage de crédibilité, mais surtout, la preuve que le marché occidental a depuis longtemps craqué pour les stratégies asiatiques. Il faut dire que les méthodes sont plutôt efficaces, et les chansons entêtantes, romantiques, musclées, mais surtout calibrées pour ratisser large. Pas sûr sur le public Rock passionné succombe à ces mélodies sucrées et ces riffs millimétrés, mais pour un public adolescent, l’astuce est futée et le résultat garanti : toutes les jeunes filles perméables à la culture japonaise vont craquer pour ce LP aux entournures polies et aux coins rabotés pour ne pas blesser.
Cette chronique ne s’adresse donc pas forcément aux hard-rockeurs purs et durs, mais bien à ceux qui se sentent capables d’un minimum d’ouverture d’esprit. Le schéma respecté par ce sixième chapitre est en tout point identique à celui appliqué sur les cinq premiers, à savoir proposer un éventail de styles le plus ouvert possible, du hit Pop-Rock à la distorsion discrète et au refrain fédérateur, à la ballade sirupeuse propre à faire craquer vos petits cœurs sensibles aux harmonies standardisées et éprouvées. Du vrai travail de pro, dont on ressent la perfection dès « PAGE », qui ne heurte personne en ouverture et qui prend même le risque de nous aborder par la face la plus sensible. Guitare acoustique, chant velouté et délicat, couplets mesurés et refrain proportionné, pour un regard en arrière sur la Pop des années 2000. C’est efficace, pas forcément crédible pour les puristes, mais avec un morceau de la trempe de « glory » en suite immédiate, l’effet choc est palpable. Les musiciennes connaissent leur boulot, leurs producteurs aussi, et les deux parties savent bien que sans décibels et rythmique percussive, le public européen a peu de chance d’affilier les BAND MAID au monde du Rock. Certes, l’empreinte des cadors US est plus que palpable (PAPA ROACH, LINKIN PARK), mais le rendu est époustouflant de perfection, pour peu que l’option radiophonique ne vous déclenche pas d’allergie. Mais avec un gros riff circulaire à rendre fou n’importe quel groupe de Nu Metal, les japonaises s’autorisent une bonne marge de manoeuvre…Et la tactique est intelligente, les morceaux se succédant à une vitesse folle, sans nous laisser le temps de réfléchir, avec chacun leur patte et leur optique. Toujours à cheval entre Pop, Rock et alternatif, le quintet ose toutes les allusions, et nous propose des chansons qui vont faire un malheur en live, associées à une mise en scène idoine et un look ne l’étant pas moins. Sans trop forcer sur le fantasme de la soubrette (mais quand même pas mal, puisque tel est le concept), BAND MAID lâche les chœurs Teen sur fond de Rock californien du nouveau siècle (« Liberal »), et avance sans trop se poser de question, mais en penchant sévèrement du côté Pop où elles vont finir par tomber. Certainement l’album le plus délibérément catchy de leur carrière, Conqueror tente par tous les moyens de coller à son titre et de représenter le pinacle d’un désir de domination mondiale (« At the Drop of a Hat »).
Inutile dès lors de se livrer à l’exercice fastidieux du track-by-track puisque vous avez très bien compris le principe de l’exercice. Sorte de pendant soft des BABYMETAL, sans la puissance de DRAGONFORCE en appui, BAND MAID n’est rien de moins qu’un archétype Rock qui tient méchamment la route, et qui connaît le bon répertoire pour faire fondre les masses. Sorte de parc d’attraction musical à sensations pas trop fortes, Conqueror et ses quinze morceaux se présente plein, et peut-être un peu trop, l’effet de lassitude gagnant au fur et à mesure de son avancée. Les réflexes étant très répétitifs, on guette la petite différence, qui intervient parfois sous la forme d’un énervement purement Punk (« Dilemma »), d’un durcissement Pop-Punk aux astuces techniques révélant le potentiel indéniable des instrumentistes (« Bubble »), ou de syncopes très prononcées et d’une folie saine assumée (« Catharsis »). Si le milieu de l’album souffre d’un manque d’inspiration, sa seconde partie laisse enfin s’exprimer l’exubérance, et propose les chansons les plus délurées, et se pose en acmé d’une stratégie très élaborée. Un disque qui forcément ne laissera pas grand trace dans l’histoire du Rock, mais qui a le mérite de nous faire oublier la triste réalité pendant une heure. Quant à savoir s’il faut remercier le Dieu marketing ou s’incliner devant les déesses en petites jupe noire, la question reste ouverte, et la réponse sans importance.
Titres de l'album :
01. PAGE
02. glory
03. Liberal
04. endless Story
05. Mirage
06. At the drop of a hat
07. Wonderland
08. azure
09. Dilemma
10. Bubble
11. The Dragon Cries
12. flying high
13. カタルシス (Catharsis)
14. Blooming
15. 輪廻 (Rinne)
Mais quel mépris,quel style ampoulé de la part de l'auteur drapé dans ses schémas rouillés et dans les pires stéréotypes.
Quelle ire pour une simple chronique sans importance...Je ne savais pas que j'étais lu par les membres de l'Académie Française. Merci de cet honneur que je ne mérite pas.
"Quel mépris"...
Mais t'es quand même un bon crétin condescendant toi...Je suis supposé considérer les lecteurs comme des imbéciles au champ lexical si restreint qu'ils ne pigeront que des formules comme "y'a des super riffs et une rythmique trop atomique"? Excuse moi d'avoir un minimum de vocabulaire et d'avoir fait des études, mais si mes chroniques te paraissent si imbues d'elles-mêmes, tu peux aller lire ailleurs, tu ne me manquera pas. J'aimerais bien lire ta prose par curiosité d'ailleurs, si tant est que tu sois capable d'écrire autre chose que des formules à l'emporte pièce que tu as certainement empruntées sur d'autres sites.
Alors je vais terminer par une formule pas du tout ampoulée que tu pourras comprendre dans toute sa modestie grossière : "va te faire enculer".
Reprends un p'tit Lexomil mortne2201...
L'infarctus n'est pas loin...
J'en prends déjà assez comme ça sous une forme ou une autre...Mais les "pseudos intellos" des sites Metal qui jugent comme des trolls affligés d'un dysfonctionnement hormonal qui les oblige à courir nu quand la pelouse est tondue me gonflent depuis 15 ans...Je mets assez de passion dans ce que j'écris pour pouvoir les envoyer chier avec un langage fleuri de temps en temps ;)
Je ne comprends même l'objet du message de Joe...
Rassurant de constater que finalement mortne2201 est humain! Vu son rythme incroyable de publications de chroniques, je finissais par me demander s'il ne s'agissait pas d'un bot au style particulièrement ampoulé...
En tout cas merci: c'est de mon côté toujours un plaisir de te lire, bien que dans ce cas précis, Band Maid ne corresponde pas du tout à mes goûts.
Ok, mais est-ce vraiment si mal de courir nu quand la pelouse est tondue ?
D'un côté, on me dit que je ne suis pas une lumière, de l'autre que mon style est ampoulé, mettez-vous d'accord bordel!!! ;)
Gargan : non c'est même chez certain une preuve d’affranchissement des codes moraux qui nous rapproche des vidéos les plus libertaires de Lova Moor et Arielle Dombasle.
Quand j'ai vu cette discussion à la droite de mon écran j'étais près à ajouter une petite pièce dans la machine vu qu'il m'arrive de trouver le style de mortne un peu ampoulé (ce qui n'implique pas d'être une lumière d'ailleurs, cette objection me laisse un peu circonspect). Ceci dit après lecture d'une chronique qui ne me m'aurait sans doute pas intéressé en temps normal, je trouve celle-ci plutôt sobre.
@MorbidOM : c'était juste un jeu de mot débile. Lumière/ampoulé...Voilà voilà, c'est mon côté Jean Roucas ;)
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