L’histoire est aussi banale qu’un hiver suédois. Des branleurs qui se rencontrent au lycée, et qui décident de faire de la musique ensemble. On peine à imaginer plus routinier et prévisible, mais la passion étant ce qu’elle est, les évènements s’enchaînent parfois dans la logique la plus pure. D’un autre côté, si quelqu’un avait le pourcentage d’élèves suédois faisant partie d’un orchestre, je serais bigrement intéressé. Parce qu’après des années de chroniques, j’ai dû écrire plus souvent « suédois » que j’ai utilisé la lettre « p ».
VELVETEEN QUEEN, voilà un blaze qui détonne. On sent immédiatement que les sales gamins se réclament d’une réputation certes naissante, mais déjà explosive, et bien travaillée. Un coup d’œil à la pochette rappelle immédiatement les années Glam des seventies, lorsque Bolan, SWEET, SLADE et les DOLLS rivalisaient de tenues de mauvais goût et de moues lippues. L’époque n’est plus la même évidemment, les frasques d’aujourd’hui sont les transgressions impardonnables d’hier, mais les réflexes n’ont pas changé : la morgue, le regard qui toise, les fanfreluches et les vestes en poils de pouf. Et ça, j’aime, parce que ça me rappelle que moi aussi j’ai eu vingt ans il y a longtemps.
VELVETEEN QUEEN, c’est la Suède dans toute sa splendeur. Effrontée, dominante, male alpha et décadence. Entre THE STRUTS et les BACKYARD BABIES, le quatuor (Samuel Nilsson – chant/piano, Lukas Axx – guitare, Noah Mardh – guitare rythmique et Isac Borg – batterie) de Göteborg nous soigne aux petits oignons en nous collant quelques gnons. A peine la vingtaine, et déjà l’envie de rivaliser avec les VELVET REVOLVER, FASTER PUSSYCAT, les POODLES, SHOTGUN MESSIAH et SISTER. Mais lorsqu’on a des ambitions, il convient de placer l’échelle assez haute pour ne pas en attendre la dernière marche trop vite.
Sauf que ces gus-là montent déjà à une allure folle.
Outre les références déjà utilisées, il y a évidemment du GUNS là-dessous (« Consequence Of The City » dont le riff semble avoir été piqué à « Rocket Queen »), un hommage discret aux toxic twins d’AEROSMITH, et évidemment, quelques private jokes bien placées pour rappeler que l’enfance n’est pas si loin. Mais ce qu’on retient surtout d’une première, d’une deuxième et d’une millième écoute, c’est cette exubérance, cette confiance folle, et cette façon de vivre à cent à l’heure sans se soucier du lendemain. L’un des préceptes du Rock donc, le fameux live fast die young que beaucoup ont chanté avant de devenir eux-mêmes des vieillards.
Et pour le moment, les quatre suédois ont de quoi voir venir.
Je dois reconnaître que la déflagration de « Barrel Of A Gun » a explosé mes tympans encore plus efficacement et rapidement qu’un « range ta chambre ! » ou qu’un « c’est pas Versailles ici ! ». Dans le genre binaire qui ne cherche pas Steve Bators à quatorze heurts, on a rarement fait plus efficace, et l’avoir placé en première ligne en dit long sur l’envie du groupe d’en découdre hors de ses frontières. Beaucoup de titres sont d’ailleurs des standards instantanés. Si l’énergie a été privilégiée, l’émotion n’en est pas pour autant oubliée, puisque le nonchalant et doux-amer « Stranger In The Mirror » nous offre le reflet d’une mémoire vieillissante, qui assiste impuissante à la montée en puissance d’une jeunesse indécente. La mélancolie est donc acceptée, d’autant que les gamins ont les bons réflexes. Ne pas partir en vrille à la moindre occasion, ne pas se reposer que sur des gimmicks putassiers en refrains prédigérés, et doser l’effort, pour pondre un véritable premier album de Rock.
De Rock, et de Hard-Rock s’entend. Avec un duo de guitares qui semble ignorer le sens du mot « repos », une rythmique à l’abattage industriel (même si aucun bassiste n’est crédité), et un chanteur qui s’y connaît en harangues et autres mimiques vocales, Consequence Of The City est une sacrée bombe à confettis lâchée dans une fête all night long. On peut presque sentir l’odeur du bourbon, le parfum des blondes aguicheuses alors que nos jambes s’agitent au son de la cowbell infernale de « Take Me Higher ».
Collection de hits à faire pâlir un best-of de POISON ou des BLACK CROWES, Consequence Of The City est un hymne urbain aux faunes interlopes et aux manifestations réprouvées par la morale. Très bien dosé dans l’effort, avec juste ce qu’il faut d’impudeur, pour trousser des boogies qui déhanchent (« Last Sensation »). On ne peut s’empêcher de songer à l’union vite troussée derrière un bar louche entre les eighties et les nineties, même si la production évite tous les poncifs liés à une époque particulière. Mais le son est rond, très précis, à tel point qu’on pourrait presque frôler l’épaule des musiciens en bougeant un peu trop rapidement.
Rien à jeter. C’est ce qu’il faut retenir de ce burner non-stop qui confond stéréo et autoroute. On se dévisse joyeusement la tête sur le miraculeux et immédiat « You Can’t Take This », on se branche la gégène dans le slip en encaissant la décharge « Kenny’s Blues » au psychédélisme partiel à la ENUFF Z’NUFF, avant d’aller se coucher sous l’aube naissante qui nous caresse acoustique à la SLAUGHTER (« Dreamer »).
Fort, très fort. C’est le niveau auquel il faut écouter ce premier album des VELVETEEN QUEEN qui finiront reines du bal au nom de l’équité de genre. Un premier album qui en jette, qui roule des mécaniques, mais qui n’est pas qu’un simple juron d’adolescent hurlé dans la cour du lycée. Le propos est mature, le fond est profond, et l’effet est durable.
L’histoire est aussi banale qu’un hiver suédois certes. Mais un hiver qu’un feu de bois réchauffe dans un local de répétition de Göteborg.
Titres de l’album :
01. Barrel Of A Gun
02. Trauma
03. Bad Reputation
04. Consequence Of The City
05. Stranger In The Mirror
06. Take Me Higher
07. Last Sensation
08. You Can’t Take This
09. Kenny’s Blues
10. Dreamer
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