Si vous vous demandez pourquoi Neal Morse, Steven Wilson, John Petrucci et les siens jouent cette musique et enregistrent des albums aussi ambitieux, il n’y a pas cinquante solutions, vous devez aller chercher aux racines du genre. Oh, certes, en écoutant PINK FLOYD, YES, KING CRIMSON, GENESIS, CAN, vous aurez d’importantes réponses à vos questions, mais l’iceberg Progressif des années 70 planquait bien plus que cette surface apparente que les encyclopédies musicales traitent depuis la nuit des temps. Je ne nie aucunement l’importance d’œuvres comme Dark Side of the Moon, Tales From Topographic Oceans, In The Court of the Crimson King ou Tago Mago, mais il convient de temps à autres d’ajouter à cette liste d’autres pièces d’importance non moindre, mais de rayonnement plus restreint. On a souvent tendance à croire que les américains et les anglais se sont partagé le gâteau du classique et du Rock à cette époque, mais en Europe, ailleurs, d’autres compositeurs connaissaient aussi leurs classiques et sortaient des disques magnifiques, et sincèrement audacieux. Je pourrais bien sûr parler des GOBLIN, qui ont souvent mis en musique l’univers du Giallo, et spécialement celui de Dario Argento, mais aussi d’AREA, AKTUALA, des fantastiques PIERROT LUNAIRE (écoutez leur éponyme de 1974, vous risquez de ne jamais revenir les pieds sur terre), mais il est un autre ensemble qui mérite plus la lumière de nos jours, puisque leur actualité s’y prête justement. A la fin des années 60, deux musiciens se retrouvent pour jouer ensemble une musique riche et évidemment évolutive, le guitariste Enzo Vita, et le bassiste Stefano Urso, tous deux de Rome, et vite rejoints par le batteur Gino Campoli et le chanteur Pino Ballarini. Chose assez exceptionnelle pour l’époque, et à contrario de leurs homologues des mêmes années (PFM, BANCO DEL MUTUO SOCCORSO, ORME, OSANNA), le quatuor se dispense de claviériste, fait incroyable pour un groupe de Rock progressif. Mais IL ROVESCIO DELLA MEDAGLIA n’était décidément pas un groupe comme les autres…
Après deux albums acclamés de Rock incandescent et ambitieux (La Bibbia en 1971 et Io come Io en 1972, inspiré par Hegel), tous deux sortis sur la major RCA, le groupe tourne au maximum, et se fait remarquer par Luis Enriquez Bacalov, chef d’orchestre célèbre et compositeur de nombreuses musiques de films (celle d’Il Postino lui vaudra un Oscar). Bacalov leur propose alors une collaboration, pour faire entrer leur Rock dans une dimension symphonique. Ce fut alors la troisième expérience du genre pour Luis Enriquez Bacalov, qui avait déjà tenté le coup avec les NEW TROLLS pour Concerto Grosso, ainsi qu’avec les OSANNA pour Milano Calibro 9. Mais en me montrant légèrement subjectif, autant admettre que la rencontre entre IL ROVESCIO DELLA MEDAGLIA et Bacalov fut la plus belle des trois, et que Contaminazione demeure à ce jour le chef d’œuvre absolu de la rencontre entre le Classique et le Rock. Et quarante-sept ans après sa sortie, l’album connaît une seconde jeunesse, en live cette fois-ci, puisque le groupe propose via la distribution nationale de Jolly Roger ce Contaminazione 2.0, qui reprend l’intégralité de l’album en concert, sans en dévier d’une note. Pour proposer une soirée digne de la qualité de l’œuvre en question, le groupe n’a rien laissé au hasard, et a choisi le lieu avec précaution. C’est ainsi que des centaines de spectateurs ont pu entrer dans l’ancienne abbaye de San Galgano, près de Siena, abbaye datant du 13ème siècle et dépourvue de toit. Quel espace plus idoine pour respecter le caractère presque religieux de l’interprétation et laisser les notes s’évaporer dans le ciel nocturne que cette abbaye, et gageons que l’expérience sensorielle a dû laisser des souvenirs impérissables dans la mémoire du public. En cette occasion, le groupe constitué d’Enzo Vita à la guitare, d’Andrea Castelli à la basse, de Nicola Costanti au chant, de Pino Polistina à la seconde guitare et du claviériste Carmelo Junior Arena a recruté les services d’un quartet à cordes, ainsi que ceux de Vittorio De Scalzi des NEW TROLLS à la flûte sur un morceau, et nous offre donc une prestation magique, unique en son genre, qui nous replonge dans les années d’or du progressif italien des années 70, certainement l’un des plus audacieux de la scène mondiale.
Etant complètement fan de Contaminazione depuis fort longtemps, je ne pourrai que chanter les louanges de ce live qui en propose une version plus vivante, bien qu’évidemment ce genre de musique ne se prête que très peu au déchaînement de l’audience. La version de ce Contaminazione 2.0 est tout à fait fidèle à l’original, et les aficionados d’IL ROVESCIO DELLA MEDAGLIA seront heureux d’entendre une nouvelle fois ces merveilleux morceaux au son cristallin, la production de l’album étant tout à fait exceptionnelle. On peut presque sentir l’air du soir nous caresser les cheveux, et toucher la nuit du doigt lorsque la guitare acoustique répand ses effluves ou que le quatuor à cordes enrichit le tout de ses arrangements précieux. Il est toutefois difficile de faire la chronique de cet album sans faire celle de son modèle original, mais dévoiler ce qui vous attend pendant ces soixante-sept minutes de musique reviendrait à gâcher une énorme surprise, celle de l’ouverture du paquet cadeau Contaminazione qui reste l’un des trésors les mieux gardés du Progressif italien des années 70. Très influencé par les fugues et préludes de Bach, ce disque n’a pas pris une ride en presque cinquante ans, et en l’écoutant, il n’est pas difficile de deviner pourquoi et comment PORCUPINE TREE, DREAM THEATER et Neal MORSE ont enregistré leurs concepts les plus fameux. On trouve aussi dans la musique des romains des traces de GOBLIN, lorsque les claviers deviennent ludiques, et du Verdi aussi, quand la dramaturgie s’accentue dans les mélodies. Et si le tout est bien sûr terriblement harmonique et délicat, certains chapitres drivés par une guitare agressive rassasieront les amateurs de distorsion et de Rock plus musclé.
Avec le peu de recul que j’ai, il est difficile de dire si ce live est plus « vivant » que son pendant studio, bien que sa nature donne une réponse assez évidente. Les deux versions sont indispensables selon moi, mais ce Contaminazione 2.0 vient à point nommé rappeler l’importance de ce groupe unique, à la carrière trop courte, qui représentait une alternative à la scène anglaise, et qui permettra peut-être à un jeune public de redécouvrir les acteurs transalpins de l’époque nommés dans cette chronique. Ce qui ne serait que justice, puisque le mouvement italien, fortement influencé par ses propres compositeurs classiques, avait bien plus à offrir qu’un décalque trop fidèle de l’école de Canterburry. A noter que l’album connaîtra trois éditions, tape, vinyle évidemment, mais aussi CD qui contient quelques bonus valant largement l’investissement.
Titres de l’album:
01. Absent For The ConsumedWorld
02. Ora Non Ricordo Più
03. Il suono Del Silenzio
04. Mi Sono Svegliato E… Ho Chiuso Gli Occhi
05. Lei Sei Tu: Lei
06. La Mia Musica
07. Johann
08. Scotland Machine
09. Cella 503
10. Contaminazione 1760
11. Alzo Un Muro Elettrico
12. Sweet Suite
13. La Grande Fuga
14. Il Nulla(Cd Bonus Track)
15. La Creazione (Cd Bonus Track)
16. L’Ammonimento (Cd Bonus Track)
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