En même temps, il suffit de se balader dans les allées d’un supermarché, d’observer le comportement de ses collègues de travail, de constater le mépris ambiant face à la misère, de noter l’égoïsme qui pousse le quidam à protéger sa pelouse comme s’il défendait son bien le plus précieux, ou glander sur les forums Internet pour constater que l’homme (dans le sens global « d’humanité », s’il en reste) n’est qu’un troll du destin qui n’a décidément pas compris grand-chose à l’intérêt commun. Mettons-nous tous (ou presque, il reste quand même quelques âmes pures et des traces d’empathie en fouillant bien du côté du Lubéron ou de Detroit) dans le même panier, et célébrons la déchéance du collectif au profit de l’individuel, et prônons nous aussi des valeurs consuméristes, protectionnistes, histoire d’accélérer les choses et de raser cette planète qui mérite bien mieux que nous. Et histoire de mettre en musique un constat non fataliste, mais réaliste, quoi de mieux qu’une bonne rasade/décharge de Grind, le seul style resté éveillé socialement et concerné éthiquement. Depuis les premiers textes de NAPALM DEATH et même ceux des ancêtres Hard et Anarcho-Core, le Grind a toujours été le coup de poing dans la gueule apte à remettre les idées en place, et penser à autre chose que son mètre cube de propriété individuelle. Et la tendance n’est pas prête à s’inverser, tant que des combos aussi furieux que prosaïques qu’AXIS OF DESPAIR viendront nous secouer les puces. Suède, une fois encore, mais cette fois-ci, pas question de vintage, quoique leur barouf sente le old-school à plein nez. Nouveau combo me direz-vous, au jugé de leur discographie unique ? Oui et non, puisque comme dans toute formation bordélique qui se respecte, ses membres sont des activistes dangereux et productifs, qu’on retrouvait déjà au casting de bon nombre de formations cultes.
Pensez-donc et envisagez le CV. Derrière le line-up d’AXIS OF DESPAIR, nous retrouvons des faciès célèbres, ou presque, puisque ce ne sont pas les visages qui comptent le plus dans ce créneau, mais bien les aptitudes à foutre le bordel de façon civique. Au menu, d’anciens membres de NASUM, COLDWORKER, INFANTICIDE, VOLTURYON, LIVET SOM INSATS, NERVGIFT, OVERTORTURE, soit la crème de la crème de la violence musicale organisée. Avec en tête de liste Joel Fornbrant (chant), Oskar Pålsson (basse) et Anders Jakobson (batterie), réunis en 2013 et au trio vite complété par l’arrivée de Kristofer Jankarls (guitare), ce nouveau concept érigé à la gloire des blasts et des riffs épidermiques et instinctifs nous pond un premier LP qui fera date dans l’histoire de la furie musicale, au même titre que World Downfall de TERRORIZER ou Helvete de NASUM, dont Contempt for Man emprunte la concision, la fermeté, la rapidité, et l’efficacité dans l’exagération. Pour faire simple et user de raccourcis, on pourrait d’ailleurs voir en ce premier jet une combinaison fatale des talents des deux groupes précités, agrémentés et augmentés de la puissance de feu des NAILS, et de l’esprit old-school des NAPALM DEATH, sans oublier une colère patente made in BRUTAL TRUTH, et quelques relents de THE KILL pour l’absence totale de baisse de régime. Suite à un tel constat, vous seriez en droit de vous attendre à un tir de barrage ininterrompu, et c’est presque ce à quoi vous aurez droit, puisque le quatuor suédois ne ralentit que très peu la cadence, même si les brusques changements de rythme font partie intégrante de sa signature…
Car les mecs qui s’agitent et brusquent leurs instruments derrière ce projet ne sont pas nés de la dernière pluie acide, et savent manier le verbe et le geste à une vitesse proprement hallucinante, tout en faisant preuve d’un brio en fluidité absolument dément. Anders Jakobson n’a rien perdu de sa faculté à dévaler son kit à une vitesse de roadrunner en pleine crise de paranoïa, et nous permet de faire le lien avec le passé/passif de NASUM, dont le fantôme hante plus d’un plan. Pour autant, inutile de ranger Contempt for Man dans la petite case des fac-simile habiles mais stériles, puisque la patte des guitaristes sait nous éloigner de la routine habituelle à base de riffs supersoniques sans queue ni médiator. Ici, on mouline, mais on mouline intelligent, avec accroches graves et thématiques séduisantes dans l’horreur, un peu Mosh sur les bords mais sans l’aspect comique qui en ruine le sérieux, pour une symphonie de l’outrance qui ne prend que très rarement le temps de se poser pour réfléchir à la portée de son message. Celui-ci est pourtant clair, dénoncer les travers d’une humanité qui voit son verre déborder mais qui continue de le remplir au cas où elle manquerait de quelques chose qu’elle possède déjà en quantité suffisante, et entre les fulgurances supersoniques et les soudaines pertes de régimes Heavy pour bien enfoncer le clou, ce premier album est une démonstration de style, et surtout, une façon de prouver par aaaargh+tatatatata que le Grind reste l’un des styles les plus efficaces et jouissifs du marché.
Pourtant on ne perd pas de temps. D’ailleurs, jusqu’à la neuvième piste, rien ne dépasse la minute, et pourtant, en profite pour caser le maximum d’idées en un minimum de temps. Il faut donc attendre les presque trois minutes de « Crush The Empire » pour voir les débats se temporiser quelque peu et oser l’assise plus prononcée, sans pour autant que la machine ne baisse dans les tours. Tout ici est fait pour avoir un effet immédiat, et ça fonctionne, d’une parce que les musiciens sont les meilleurs dans leur créneau, et de deux parce la production est un véritable modèle du genre. Rude mais ronde, abrupte mais brutale, brillante mais mâte, elle met en relief les hooks balancés comme à la parade par les guitaristes (« Flytande Dod », le plus long, mais aussi l’épilogue fatal qu’on espérait), et catapulte au premier plan les acrobaties d’un percussionniste qui n’a pas oublié que des baguettes doivent autant caresser que percuter. Alors forcément, ça prend direct à la gorge, et ça ne vous lâche pas tant que vous n’admettez pas être un sale con plus concerné par sa petite personne que par l’avenir d’une planète qui en a franchement ras le bol de vos conneries. Mais en bons égoïstes que nous sommes, nous nous contenterons donc d’apprécier un putain d’album de Grind qui renvoie la concurrence underground dans les limbes de l’oubli préhistorique, sans tenir compte de son message, pourtant de la plus haute importance. Mais pour le comprendre, il est tout aussi efficace de se balader dans les allées d’un supermarché, d’observer le comportement de ses collègues de travail, de constater le mépris ambiant face à la misère, de noter l’égoïsme qui pousse le quidam à protéger sa pelouse comme s’il défendait son bien le plus précieux, ou glander sur les forums Internet pour constater que l’homme (dans le sens global « d’humanité », s’il en reste) n’est qu’un troll du destin qui n’a décidément pas compris grand-chose à l’intérêt commun.
Enfin bref, vous avez pigé.
Titres de l'album:
1. Värdelös
2. Demons and Angels
3. Pawn Sacrifice
4. The Wolven Law
5. Lockdown
6. The Punishment Begins
7. The Noose Tightens
8. Det Går Aldrig
9. Crush the Empire
10. Pre-Emptive Nuclear Strike
11. A Life of Ceaseless Grind
12. Streams of Sludge
13. Into the Hard Earth
14. The Pain Maze
15. Vile Behaviour
16. Defea
17. Dull Dead Future
18. To Smite
19. A Brutal Truth
20. Flytande Död
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