Lorsqu’un groupe décide de s’investir au-delà de toute attente dans l’enregistrement et l’élaboration d’un nouvel album, un journaliste peut-il s’arroger le droit de critiquer son travail sans paraître hors-contexte, voire complètement irrévérencieux ?
Beaucoup ne se posent pas la question et foncent dans le tas, arguant du fait que lorsqu’une œuvre est rendue publique, tout le monde devient critique potentiel, avec la caution du libre arbitre.
Cette problématique a souvent été évoquée, et semble toujours aussi pertinente dans le cas du cinquième album des superhéros danois de PYRAMAZE.
Comme l’ont souligné de nombreux homologues de colonnes étrangères, PYRAMAZE est le type même de groupe imprévisible, dont le poste de vocaliste ressemble fortement à un siège éjectable ayant déjà fait pas mal de victimes.
Alors, après un formidable Disciples Of The Sun qui avait presque fédéré la planète Metal entière, planète saluant l’arrivée de Terje Harøy avec toute la révérence qu’il méritait, à quelle sauce le quintette (Morten Gade Sørensen – batterie, Jonah Weingarten – claviers, Toke Skjønnemand – guitare, Jacob Hansen – guitare, basse, chœurs, et Terje Harøy – chant) allait-il nous manger pour confirmer toute le bien que leur menu précédent avait engendré?
Eh bien, une fois encore, le groupe n’aura pas choisi la facilité. Au contraire, et en misant sur les exemples de leurs aînés de DREAM THEATER, QUEENSRYCHE, SAVATAGE et consorts, ils ont osé le coup du concept-album, prise de risques artistique souvent synonyme de suicide ou du moins de possibilité de gamelle intersidérale…
Et il faut bien reconnaître que si les danois ne se retrouvent pas forcément les cinq fers en l’air, Contingent ne leur apporte pas plus de stabilité que d’habitude, les forçant à justement forcer le trait pour coller au script de leur grand-œuvre, qui finalement, se rapproche plus d’un blockbuster pour les oreilles que d’un album humblement pensé aux morceaux peaufinés.
Bonne nouvelle, Terje est toujours arrimé à son micro, et se sent de plus en plus à l’aise dans son rôle. Il faut dire que la production donne à sa voix des airs de phœnix aux ailes brulantes, le transformant en maître de cérémonie incontesté et incontestable, et « leader » naturel d’une formation qui a peut-être enfin trouvé son frontman.
Plus précisément, quid de ce cinquième LP conceptuel, qui une fois encore, nous fait le coup du monde post-apocalyptique, sujet qui revient gravement à la mode ces temps-ci, un peu comme si les 80’s de Mad Max étaient de retour ?
Disons simplement en préambule qu’il entérine des principes édictés sur Disciples Of The Sun tout en changeant légèrement de cap, pour s’offrir une cinématique musicale emphatique, qui n’est pas toujours de très bon goût…
Il est évident que lorsqu’on suit à la lettre une ligne de conduite narrative, et qu’on situe son propos dans un futur par anticipation, il faut se donner les moyens de ses ambitions. Inutile de débarquer avec un pauvre moyen-métrage aux effets spéciaux en carton, sous peine de passer pour des réalisateurs de troisième zone. Assurément, tel n’est pas le cas ici, puisque Contingent brille de tous ses chromes, et plante un décor apocalyptique très crédible musicalement. Le groupe a choisi de truffer sa musique d’arrangements, ce qui permet aux claviers de prédominer, et de parfois prendre le pas sur des guitares qui elles, sont plus polies que déchaînées. Et c’est bien le reproche majeur que l’on peut formuler à l’encontre de PYRAMAZE, qui parfois se rapproche dangereusement de la zone de confort du DREAM THEATER le plus complaisant, sans pour autant leur piquer leurs plans les plus redondants.
Mais avouons tout de go que si Contingent se conçoit, il déçoit. Car à force de chercher l’effet choc qui vous en met plein les oreilles, les musiciens/compositeurs en ont oublié de travailler leur partition pour la rendre plus belle.
Ce qui donne des intermèdes instrumentaux qui auraient plus leur place dans la bande annonce d’un volume inédit de Divergente/Hunger Games (« Contingent - Part I : The Campaign »), mais aussi des morceaux qui semblent errer dans un futur désolé, sans vraiment savoir ni où aller ni où nous guider (« Obsession », qui reprend exactement les mêmes principes que les précédents, en les diluant dans des volutes de claviers assez indigestes).
Constat cruel ?
Non, simplement objectif, et bien évidemment exigeant, comme envers tous les groupes de talent.
Produit, mixé et masterisé par le guitariste/bassiste du groupe Jacob Hansen, Contingent se veut tellement larger than life (ce que son concept induit d’ailleurs tacitement) qu’il en oublie sa dimension humaine, et surtout, sa diversité. Il ressemble un peu à un futur dystopique, dans lequel les sentiments humains seraient uniformisés, et où nul ne pourrait sortir du cadre sans se faire déborder.
Ainsi, la violence est lissée (« 20 Second Century », pourtant l’un des plus agressifs de l’ensemble), l’oppression est nivelée (« Kingdom of Solace », qui ressemble quand même salement à un mélange d’AVATAR et de LANCE KING), et la sensibilité aseptisée (« The Tides That Won't Change », une partie vocale sublime, des chœurs superbes, mais des poils qui décidément ne veulent pas se hérisser, et encore moins les larmes perler…), pour un résultat qui certes devrait impressionner, mais qui finalement laisse un peu de marbre devant cet étalage de presque clichés un peu trop forcés…
Mais le bilan n’est heureusement pas si sombre qu’il n’y parait. Tout dépendra de votre sensibilité, mais il est vrai qu’on attendait beaucoup plus des danois, qui parfois se perdent dans un jeu ou les MURDER OF MY SWEET ont déjà truqué la partie.
Mais « Star Man » fonctionne vraiment de sa pesanteur pourtant aérienne, « Nemesis » se pose comme seul véritable hit de l’album, et « Land of Information » offre un tempo rebondissant qui oriente pourtant sur une fausse piste de danse, le reste des cadences étant plutôt bloqué sur un médium martelé.
Médium, voici un terme adéquat, tant Contingent tente de toutes ses forces de converger vers un consensus, qui finalement, ne satisfera presque personne. A trop vouloir aller plus loin, et plus haut, PYRAMAZE finit par faire de tous petits bonds, qui ne font nullement progresser l’aventure. Mais il est impossible en étant objectif d’accabler un album finalement réussi d’apparence, mais qui une fois disséqué, se montre trop plein d’évidences.
A vous de faire vos propres choix, mais on espérait sans doute un peu plus de « naturel » de la part d’un groupe qui justement, avait le don de nous prendre à revers.
Et qui en devenant prévisible rentre dans le rang de la norme.
Dommage, mais souhaitons tout de même aux danois un avenir plus radieux que celui qu’ils nous dépeignent.
Titres de l'album:
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