CRUCIAL VELOCITY est fier de présenter Controller, suite de l'album éponyme sorti en 2023. Plus lourd, plus sec et plus sombre que le premier album, Controller est prêt à convertir les masses. Le thème du contrôle y est central : troubles politiques avec culte de la personnalité, contrôle mental en ligne, contrôle religieux. Lavage de cerveau pour qu'une poignée d'hommes en assassinent des millions d'autres durant l’holocauste.  Le premier single, puissant et envoûtant, « Brainstorm », est écrit à travers les yeux de l’enfant de Nate qui souffre d’un retard mental sévère et d’autisme. Le deuxième single, « Hollow »,  traite du danger de l’idéologie par rapport au pragmatisme et de son impact négatif sur la société.

Des thèmes de circonstance, pour l’un des groupes les plus attachants de la vague Néo-Prog des années 2010. CRUCIAL VELOCITY revient par a grande porte après un éponyme qui avait déclenché la foudre, et qui trouve aujourd’hui un prolongement logique dans ces neuf morceaux léchés, mais puissants. Matt Thompson (batterie), Michael Harris (guitare), Nate Bauer (guitare/basse/claviers) et Androo O'Hearn (chant/claviers) remettent donc le couvert, sans trop changer leur formule. Une formule déjà largement éprouvée par le DREAM THEATER le plus concis, même si l’optique des américains diffère un peu de celle mise en place par Portnoy, Petrucci et Myung.

Nate Bauer l’a toujours souligné avec beaucoup d’emphase. Il aime le Progressif, mais pas que, d’où cette volonté de mélange qui donne lieu à une concision très appréciable. En gros, et pour éviter de rentrer dans le détail, CRUCIAL VELOCITY est né du mélange des racines d’OPETH, poussant sur le terrain de VOÏVOD, et émergeant dans un champ de métissage appartenant conjointement à ALICE IN CHAINS, et GHOST. Si les affiliations sont discutables en tant qu’arguments promo, le résultat de ces réflexions n’en est pas moins stupéfiant de qualité. En effet, le quatuor part d’une base Progressive normale, pour digresser sur des thématiques au format plus Pop, sans trahir le Metal ni duper le Rock.

Controller est donc une suite tout à fait à la hauteur de l’original. Le groupe de Dallas/Fort Worth est parvenu à faire l’inventaire de ses influences, pour mieux les replacer sur les étagères de sa confiance. Assez proche de ce que le DT d’Awake pouvait produire de plus précis, Controller transcende les genres, et banalise l’exception, en permettant au grand public d’apprécier les finesses d’une technique affirmée tout en clignant de l’œil vers un Rock mélodique populaire.

Trahison ?

Adaptation.

Les deux concepts sont évidemment différents, et si « Chosen One » évoque avec pertinence le perfectionnisme du QUEENSRYCHE d’Empire, c’est à n’en point douter pour rendre hommage aux aînés qui ont pavé la voie. Et il y a de quoi les remercier, puisqu’ils ont défriché tout le terrain avant les autres. En dosant admirablement bien Metal et ambitions progressives dérivées du classique, CRUCIAL VELOCITY propose une sorte de vulgarisation du propos pour que le commun des mortels puisse appréhender un album truffé de prouesses techniques sans se sentir écrasé par ses prétentions.

Aussi dur qu’il n’est souple dans sa production, aussi synthétique qu’il n’est disert en plans, Controller ne cherche aucunement à vous priver de votre libre arbitre, mais vous propose un angle différent, pour voir les choses sous un œil moins figé.

« Welcome Death » en est certainement l’illustration la plus parlante, avec son riff gras et son ambiance amère, justifiant ainsi la mention du nom ALICE IN CHAINS plus en amont. Plein d’amertume, de regrets, ce deuxième album est un modèle d’un genre un peu spécial, qu’on baptisera Metal-Pop progressif, eu égard à ces refrains bien soulignés et ces enchevêtrements de voix typiques des accros aux harmonies. Quelques growls étranges placés aléatoirement (« Controller »), une humilité de temps qui permet aux chansons de frapper fort, assimilation des ambitions pour parvenir à un résultat concret, le tout recouvert de quelques fantaisies rythmiques impaires, et autres soli stellaires.

« Revelation », évanescent et au faux rythme envoutant, « Blessed » soudainement grondant et méchant, avec un lick thrashy et agressif, « Lifeless », bondissant et léger, le tracklisting est varié, tout comme les plaisirs. Chacun peut y trouver son compte, l’album étant scindé en deux parties qui se complètement mais qui mettent en avant leurs différences.

« Reflections » s’amuse beaucoup à brouiller les communications pour nous laisser dans l’obscurité, mais la lumière qui émane de ce disque est si brillante que se perdre n’est pas une option. Vous pouvez par contre laisser votre conscience entre les mains de ces américains qui en prendront soin, et vous la rendront plus légère. Les temps étant ce qu’ils sont, un peu de poésie simple fait un bien fou pour oublier le quotidien anxiogène.   

Titres de l’album:

01. Hollow

02. Brainstorm

03. Vicious Breed

04. Chosen One

05. Welcome Death

06. Controller

07. Revelation

08. Blessed

09. Lifeless

10. Reflections

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