Attention. L’homme est seul, s’appelle Aaron Charles et joue un Black Metal fièrement guerrier et subtilement mélodique. Jusque-là, rien de bien inhabituel, mais l’homme vient de Portland. Et là, les visages s’éclairent à mesure que les ténèbres s’épaississent. Car cette ville de l’Oregon est un réservoir inestimable et inépuisable d’atrocités sonores, que ce soit en termes de Hardcore, de Death Metal ou de Black Metal. Alors autant prendre le cas au sérieux, et aborder l’écoute de ce premier album avec beaucoup d’attention.
Monté il y a deux ans, le projet solitaire RHUN se présente officiellement sur la scène BM nationale par le biais de Conveyance In Death, en six titres bien tassés. Et si les one-man-bands sont légion dans la tanière du Metal noir, nombreux sont ceux qui ne valent pas tripette et servent juste à flatter l’ego nihiliste de sauvages mal éduqués. RHUN est donc différent de la masse. Eu égard à sa créativité tout d’abord, mais aussi sa musicalité. Souvent à la lisière du Death des années 2000, le concept propose un Metal fortement influencé par la scène suédoise, avec DISSECTION en tête de liste, et bien évidemment, un parrainage indirect et post-mortem de BATHORY.
Puissance, harmonies et lancinance, telles sont les trois mamelles de ce premier jet très professionnel. Tellement qu’il donne le sentiment d’avoir été joué par un groupe à part entière, tant ses idées sont riches et ses arrangements luxuriants.
Une très bonne surprise de l’underground donc, et un disque qui risque de rester dans vos playlists noires des mois durant. Bien loin du lo-fi ou du Trve un peu trop trou, Conveyance In Death ressemble beaucoup aux productions Memento Mori et Sentient Ruin, et pourrait même réconcilier les deux écoles. Celle bruitiste et avant-gardiste et l’autre plus traditionnelle et fidèle aux dogmes.
De l’excellent boulot, et une majesté qui nous ramène aux grandes heures des Acteurs de l’Ombre. Même grandiloquence de ton, même port altier des riffs acharnés, même chant décharné, pour un résultat identique : de la classe dans l’attaque, et de la fermeté dans le propos musical.
En refusant de rester statique ou unidirectionnel, RHUN nous offre donc un spectacle intégral, redoutablement bien mixé pour équilibrer les ingrédients. Dès « Morningstar », le ton est donné, et l’ambiance est surchauffée. A la manière d’une chaudière industrielle tournant à plein régime, Conveyance In Death n’offre que peu de respirations, mais évite le côté monolithique des sorties old-school un peu trop linéaires. On s’en rend évidemment compte assez vite, mais encore plus en testant le quasi Indus « Bone Ornament », qui après quelques mesures martiales, laisse un lick hautement redondant faire son office.
Et ce mélange de fournaise rythmique et d’aération mélodique est assurément le point fort de ce premier album. Peaufiné, bichonné, tout en restant très sauvage, il s’inspire de trois décennies de courants divers pour faire passer son message, digne des superproductions mondiales. On soulignera avec délice la multiplication des plans au sein de chaque morceau, ces soli harmonieux qui caressent les tympans, et ces reprises sans pitié qui nous écrasent les os. Et l’un dans l’autre, on se dit qu’Aaron Charles se passe allégrement d’acolytes et autres sidekicks.
En moins de quarante minutes, le talent de l’américain s’impose. Si les quelques inflexions MARDUK et MAYHEM permettent de situer la narration, si « Howl of Gleaming Swords » tambourine velu de sa propre colère, le tracklisting fait la part belle à des exigences formelles, incarnées par des suites évolutives ambitieuses, mais modestes en termes de durée.
Libre mais concis, personnel mais cohérent et universel, Conveyance In Death utilise les astuces Death les plus accrocheuses, les guitares acoustiques inquiétantes, les silences pesants, et accepte tacitement d’incarner la nouvelle garde US du Black de première division. On regrettera juste l’absence d’un morceau vraiment épique, mais en savourant le fielleux « Citadels in Ruin », aussi oppressant qu’un thorax coincé par la douleur, on se dira que le tout est franchement bien foutu, et quasiment imperfectible dans son style.
Portland, encore et toujours. Cette ville inspire les esprits les plus vils, et leur confère des pouvoirs quasiment surnaturels. RHUN pérennise donc l’héritage de l’Oregon, et sonne le canon, pour rappeler à tous les autres que les maîtres n’ont pas déménagé.
Et ne comptent pas le faire.
Titres de l'album :
01. Morningstar
02. Tomb of Andesite
03. Bone Ornament
04. Howl of Gleaming Swords
05. Citadels in Ruin
06. Night's Glacial Passing
je plussoie ! cet album est effectivement fort fort bon... mention spéciale pour Howl of Gleaming Swords.
Merci pour la découverte !
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49