Nom, titre, pochette, influences. Les questions et interrogations sont vite balayées, si tant est que vous en aviez, et oui, les NECROTOMBS jouent bien du vilain Death Metal à l’ancienne sans tenir compte de l’évolution du style. Pas question ici de prouesses techniques, d’ambiances évolutives, de finesses d’exécution, tout est dans le rendu, sans mauvais jeu de mot. Seule petite surprise, la provenance du groupe qui nous en vient d’Italie, plutôt habitués que nous étions d’accueillir des combos américains, allemands, polonais ou suédois. Mais Venise est toujours aussi triste au temps des amours mortes, et celles de ces mecs-là le sont vraiment, et commencent à empester salement. Enfin, ces mecs, plutôt ce mec, puisque NECROTOMBS ne cache qu’un seul pseudo, celui de Xerberus, aka Christian Contran, aussi actif dans STIGMHATE, et ex-DEATH SQUAD, ex-NECROPHY, ex-RAPIST, et ex-DEMISE OF GOD. Un hyperactif donc, nostalgique évidemment, qui depuis 2015 s’est trouvé un nouveau vecteur d’expression, toujours aussi véhément. Corpse Feeding Worms est donc le troisième album de cette nouvelle création, après 37th Parallel en 2017 et Embalmed with Rotten Flesh en 2018, et rien n’a vraiment changé pour notre ami transalpin depuis le début de sa carrière. Toujours cette même fascination pour le Death des origines, putride, glauque, suffocant mais solide, et ces onze nouveaux morceaux nous ramènent des années en arrière, lorsque le style était pratiqué conjointement par les deux leaders, les USA et la Suède. D’ailleurs, comme je le précisais, Xerberus ne fait pas grand mystère de ses admirations, et liste ses héros sur sa page Facebook. Ainsi, CANNIBAL CORPSE, DEICIDE, MORTICIAN, SUFFOCATION, MORBID ANGEL, MALEVOLENT CREATION, GRAVE, OBITUARY, POSSESSED, et NILE servent de caution, mais aussi de balises. Et admettons qu’avec certaines d’entre-elles, notre musicien du jour plante bien le décor.
One-man-band, il y a de quoi se méfier dans le Death, tout autant que dans le Black. Souvent ces projets en solitaire ne servent que d’exutoire bon marché à des instrumentistes un peu trop bavards, mais heureusement, tel n’est pas le cas ici. NECROTOMBS, malgré l’absence de véritable line-up soudé sonne comme un vrai groupe, et non comme un caprice. Et si ce troisième LP débute par une interminable intro de près de quatre minutes, il faut y voir sa spécificité, et un désir de variété. Et surtout, une façon d’instaurer une ambiance confinée, sombre, poisseuse, qui prend aux naseaux et aux tripes. Et cette ambiance se formalise enfin sous les traits d’un Death épais et puissant, celui développé en détails par « Process of Decomposition » qui empeste en effet la décomposition et les chairs en fusion. Riffs circulaires à l’américaine, chant grave et graveleux, rythmique concassée, le tout à de méchantes allures de banquet d’asticots partagé après la bataille par BOLT THROWER et AUTOPSY, et nous enfume les esgourdes encore plus efficacement qu’un liquide d’embaumement. C’est évidemment aussi original qu’un nouvel album de CANNIBAL CORPSE ou une compilation d’OBITUARY, mais ça fonctionne, parce que Xerberus y met ses tripes et sa conviction, ne nous prenant pas pour des cons avec des sons faisandés faits maison. Les thèmes sont d’usage et de saison, l’avancée logique, mais l’italien a plus d’un tour dans son sac. Outre une connaissance approfondie du vocable Death, il sait aussi lâcher des riffs méchamment catchy et des passages qui incitent au headbanging post-mortem. Ces passages sont parfois fugaces et noyés dans une bile nauséeuse, mais ils sont aussi parfois les thèmes porteurs de morceaux étrangement aussi accrocheurs que dégoutants.
Accrocheurs, et même Death’n’Roll en diable comme en témoigne le hit grindy « Devoured from Inside ». Avec un lick de guitare sec mais pas décharné, Xerberus nous entraîne sur la piste de danse au milieu des cadavres, avant d’accélérer mollement le tempo pour se rapprocher de BOLT THROWER, sans perdre de vue l’efficacité d’un gimmick vraiment mémorisable. Bon compositeur, l’italien ne se contente donc pas d’un respect à la lettre du cahier des charges, et ose s’éloigner du caniveau pour mieux faire fuir les dévots. Néanmoins, pas de méprise, à l’image de ses deux grands frères, Corpse Feeding Worms reste un pur effort de Death traditionnel, ce que « Blood Drained » prouve de sa lenteur en claustrophobie dans un cercueil. Riff lent comme une longue agonie, chant raclé, rythmique qui pilonne la procession, on marche en terrain boueux connu, et la chaux recouvre lentement les cadavres empilés dans la fosse commune. Avec une avancée régulièrement interrompue par des inserts mélodiques et des transitions (« Perpetual Mortuary Silence »), ce troisième album se présente donc sous des ténèbres assez alléchantes, entre férocité contrôlée (« Corpse Feeding Worms ») et crises de colère à la DISMEMBER/GRAVE (« Shut Up Bitch »). Efficace à défaut d’être novateur, NECROTOMBS est conscient de ses atouts et de ses limites, et ne les franchit jamais, malgré une production délicatement analogique et suintant de médiums. On aime ces enchaînements formels mais efficaces (« Slow Motion Crash »), ces plans qui se succèdent en toute logique, et la pertinence se substitue aisément à l’originalité, qui n’a jamais été le but d’une telle entreprise.
Un beau cercueil en vieux chêne un peu vermoulu, un enterrement presque anonyme un petit matin d’hiver italien, voilà ce qui vous attend sur Corpse Feeding Worms. Le service est certes épuré, mais émaillé de petites grimaces sympathiques, et si aucune fleur ne viendra consoler votre disparition, les rares convives repartiront avec de fermes convictions. Une belle bande-son pour croque-morts en manque de classicisme.
Titres de l’album :
01. Through the Storm They Will Rise (Intro)
02. Process of Decomposition
03. Blood Drained
04. Devoured from Inside
05. Choose the Coffin
06. Perpetual Mortuary Silence
07. Corpse Feeding Worms
08. Minced in the Meat Grinder
09. Shut Up Bitch
10. Slow Motion Crash
11. Slowly Consumed
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