Je vais la faire courte concernant la grande Jutta Weinhold. Carrière sixties et seventies plutôt discrète malgré quelques inserts notables, puis explosion grand public à la fin des années 80 avec le grand ZEG YAGO, dont les deux albums doivent impérativement faire partie de votre discothèque, si vous vous considérez comme un véritable fan de Heavy Metal. Rapidement et très sottement comparé aux pauvres WARLOCK, eu égard à la féminité de leurs chanteuses respectives, les ZED YAGO étaient pourtant à des années-lumière de créativité, las, comme d’habitude, un petit tour et puis s’en va, et l’affaire aurait pu en rester là. C’était sans compter sur la pugnacité et la volonté de cette chanteuse incroyable qui a presque immédiatement offert une suite digne à l’affaire, en reprenant les choses sous le nom de VELVET VIPER. Un premier album qui posait des bases déjà fermement plantées dans le sol Heavy Metal, un second valable, puis un EP et puis adieu…ou presque.
En 2017, assez étonnamment et à la surprise générale, Jutta relance la machine VELVET VIPER, et balance à la suite deux longue-durée très capables, Respice Finem et The Pale Man Is Holding a Broken Heart. Tout le monde est donc très content, d’autant que la brune vocaliste embraye avec une réappropriation plus moderne des deux classiques de ZED YAGO, Pilgrimage et From Over Yonder, qui se voient donc offrir une seconde jeunesse et gagner en fougue ce qu’ils perdaient en authenticité.
Visiblement peu décidée à prendre sa retraite malgré un âge fort respectable que la galanterie m’empêche de préciser ici, Jutta a donc osé un album par an depuis 2018, et continue sur sa lancée avec ce flamboyant Cosmic Healer, qui reprend les choses plus ou moins là où The Pale Man Is Holding a Broken Heart les avait laissées. Toujours aussi en voix, beaucoup plus que nombre de ses homologues de la même génération, Jutta affirme donc s’il en était besoin sa fidélité à une forme très formelle de Heavy Metal, à la lisière du Power, très lyrique, épais, costaud, mais mélodique et agressif et qui se rapproche parfois plus ou moins de ce qu’elle produisait de plus traditionnel à l’époque bénie de ZED YAGO.
Produit par Holger Marx au Jangland Studio, mixé par Ralf Basten et masterisé par Alexander Krull aux Studios Mastersound Entertainment, Cosmic Healer n’est pas cosmique, mais peut guérir bien des blessures de foi de ses pansements Heavy emphatiques et dramatiques. Le genre d’album qui adhère au cœur comme une conviction, et qui prouve que l’Allemagne sera toujours le pays roi en termes de Heavy Metal franc et collectif. Une fois encore, les riffs traditionnels mais énormes, la rythmique en concassage de verre, et ce chant que personne n’a pu oublier depuis les années 80 font le job à merveille, même si une fois encore, on cherche en vain la magie 80’s d’un groupe qui avait su se démarquer de la masse par son esprit mystique et sa musique évolutive.
Mais VELVET VIPER n’a jamais été ZED YAGO, un prolongement tout au plus, un petit frère moins turbulent et créatif, et ce troisième album post-reformation et cinquième en tout vous offrira tout ce que vous êtes en droit d’espérer d’un album de Heavy passéiste produit dans les années 2000. Soutenu par Massacre Records, le label national, il aurait tout aussi bien pu être distribué par Nuclear Blast, friand de ce genre d’exactions viriles et sincères, et si l’élément de surprise a disparu depuis fort longtemps, l’efficacité est toujours la même, et palpable dès le titre d’ouverture « Sword Sister ». Sons de fers qui se croisent, entame en croches, pour un Heavy qui flirte avec la puissance du Thrash, et une classe infinie dans le classicisme, si vous me pardonnez l’expression maladroite. La voix de Jutta envoute encore dès les premières secondes, comme un filtre d’amour qui s’évapore près de vos oreilles sans que vous ne le remarquiez, et si le backing-band produit souvent un canevas anonyme (Fabian Ranft - basse, Micha Fromm - batterie, Holger Marx - guitare, depuis 2017 et Johannes Möllers - basse, depuis 2019), il est au service d’une chanteuse au timbre unique, qui a transcendé la fin des années 80 de sa forte personnalité.
Alors, ça déroule, entre hymnes Hard-Rock typiquement germains, avec chœurs à l’avenant et mid tempo écrasant (« Cosmic Healer »), titres plus évolutifs et nuancés, avec arrangements mystérieux et ambiance feutrée et inquiétante (« Holy Snake Mother »), emphase dramatique sur fond de respect des codes Folk nationaux (« Sassenach »), ou aventure historique et lyrique qui nous ramène au meilleur de la carrière de cette chanteuse merveilleuse (« Osiris »).
Visiblement, le temps n’a pas d’emprise sur l’imagination de cette artiste qui depuis trente ans et plus nous entraîne à sa suite dans des mondes étranges que sa consœur américaine Ann Boleyn avait bien explorés dans HELLION (« On The Prowl »), et si le manque d’audace pourra peser sur certains, les autres reconnaitront la patte d’un groupe plus anecdotique que ZED YAGO, mais pas moins attachant pour autant (« Long Shadows »).
Nous avons même droit à une reprise acoustique de « Götterdämmerung » en guise de final et en tant que lien avec l’album inédit précédent, une façon comme une autre de boucler la boucle et d’offrir un peu de délicatesse dans un monde de brutes pas si épaisses qu’elles n’en ont l’air. Respect donc à madame Weinhold qui nie les effets du temps qui passe de sa passion indéfectible, et qui est toujours capable en 2021 de donner la leçon à bien des petits jeunots.
Titres de l’album:
01. Sword Sister
02. Let Metal Be Your Master
03. Cosmic Healer
04. Holy Snake Mother
05. Voice Of An Anarchist
06. Sassenach
07. Osiris
08. On The Prowl
09. Long Shadows
10. Darkness Of Senses
11. Götterdämmerung (Version acoustique)
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