Bloqué à la maison sans date de sortie (pour les plus chanceux qui n’ont pas à se rendre sur leur lieu de travail), on commence à ruminer malgré l’inéluctabilité de la chose. On sait que d’autres sont confinés avec trois ou quatre enfants a faire étudier et/ou à occuper, ou cloisonnés dans une poignée de mètres carrés sans balcon, sans parler des pauvres bougres qui doivent affronter l’extérieur et la maladie selon leur métier. Je tire mon chapeau aux moins bien lotis, moi qui de ma campagne isolée apprécie le confort d’un jardin sous un climat printanier, mais si d’aventure vous cherchiez un exutoire à votre anxiété intérieure, j’ai la solution à vos problèmes. Cette solution nous en vient du Chili, sous la forme d’un LP/EP publié en avril dernier, et à même de vous offrir l’exercice physique et vocal dont vous avez besoin. Pas vraiment d’informations disponibles pour retranscrire le parcours des ORDEN 66, si ce n’est par déduction, leur première démo datant de janvier 2017. Fondé à Antofagasta, ce quatuor impitoyable (Josadac Veliz - chant, Braulio Cortés - guitare, Brandon Rojas - basse et Rodrigo Aguilera - batterie) a pour le moment lâché un premier EP en 2017 (Odio a la República), quelques morceaux isolés, et se complaît visiblement dans un crossover géant à base de Death, de Grind et de Noise. On le comprend assez vite à l’écoute de ces huit nouveaux morceaux, qui oscillent entre une violence crue, des attaques inspirées mais bruitistes, et des inserts Ambient légèrement Noisy sur les bords. On pense évidemment à la scène sud-américaine Hardcore qui comme tout le monde le sait n’est pas la plus complaisante, mais aussi aux artistes les plus Noisy (GNAW THEIR TONGUES, NAILS), ainsi qu’au Néo-Hardcore allemand qui n’est pas le plus souple du monde. Des réminiscences du mouvement Core et Death indien sont aussi palpables, et le résultat proposé, loin d’un fourre-tout, est d’une cohésion dans la violence assez remarquable.
Doté d’un son un peu étouffé et sourd, ce nouvel EP trace donc sa route en fausse ligne droite, acceptant le statisme d’un Death/Doom vraiment lourd, et les soudaines pauses cauchemardesques d’un Noise supportable. Adeptes d’une anti-musicalité sombre et poisseuse, les chiliens n’hésitent pas à l’instar de Mories à utiliser tous les ingrédients extrêmes à leur disposition, et lâchent des bombes puissantes, à l’impact massif, comme ce totalement nucléaire « Worthless Corpses », Death, Grind, Hardcore, Sludge, Doom, et qui a de faux airs de synthèse underground globale. On a droit à un passage en revue de toutes les figures imposées, des lignes de chant alternant les growls glauques et les cris de fouine en rut, en passant par des guitares qui découpent en gros Death avant de laminer Grind, mais l’ensemble est assez jouissif dans les faits, plaçant de çà et là quelques lâchés bien Hardcore, avec saccades, professionnalisme, sifflantes, et reprises Death du meilleur effet. Assez étrange dans les faits, Cosmic Torment vogue au gré d’une inspiration très personnelle, s’accommodant fort bien de samples et inserts bizarres et glauques. Les morceaux, loin des jets de bile lapidaires d’une poignée de secondes, sont structurés, agencés, débordant de vitalité et d’idées, parfois sans concession dans le déferlement de blasts (« Blind Heart », à l’entame épileptique classique qui finit par s’écraser sur un Death en bourbier). Sans véritablement s’éloigner des schémas établis, le groupe chilien parvient à insuffler à sa musique suffisamment de folie sombre pour se montrer convaincant, remontant parfois aux origines du Death le plus poisseux pour nous enfoncer dans les marais de la putréfaction (« Damaged », du AUTOPSY dans le texte revu et corrigé Core sud-américain.). En gros, du vilain, du moche, du très méchant pour un festival de sévices sonores qui fait du mal aux oreilles et du bien à l’âme.
Le son, très ample et profond nous évoque une vieille crypte de dimensions conséquentes, et les guitares résonnent d’un écho en buzz assez phénoménal. La rythmique, bien en place soutient les différentes approches de chant, et le tout repose sur des bases solides, musique volatile pour inspiration négative qui ne conçoit la composition qu’en termes de noirceur, de pesanteur et d’oppression. Clairement à cheval entre Death et Grind, sans vraiment mélanger les deux et en conservant aux deux genres leur pureté, ORDEN 66 est impitoyable de brutalité et de violence ouverte, usant même parfois des astuces d’arrangements de NAPALM DEATH (« Cadenas de Violencia », le son de basse et l’attaque de riff) pour mieux les confronter à une sorte de Proto-Death/Hardcore efficace et pugnace, avant de sombrer dans les affres d’un Gore Death avec grognements de goret malmené. Le tout s’avale donc d’un trait, comme une petite friandise toxique à base de mélange entre vieille viande rance et déchets nucléaires mal entassés, et certains morceaux, de leur démence ambiante nous persuadent du bien-fondé de la démarche plurielle du quatuor (« Aversión »). Juste assez long pour ne pas lasser, juste assez multiple dans ses influences pour ne pas rester bloqué, Cosmic Torment est une curiosité rafraichissante (si tant est que le terme puisse être employé) dans la production actuelle, et une façon sympathique de se tenir au courant de toutes les possibilités extrêmes contemporaines qui continuent de s’appuyer sur des théories anciennes. En gros, de quoi gesticuler chez soi en effrayant femme, enfants et voisins, le sourire aux lèvres, et la conscience d’avoir joué un mauvais tour au silence environnant.
Titres de l’album :
01. Somos el Enemigo
02. Aversión (Ft. Daniel S Reyes of Own Omnipresence)
03. Black Vortex
04. Cosmic Torment
05. Worthless Corpses
06. Blind Heart
07. Damaged
08. Cadenas de Violencia
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