Du chaos est né la vie telle que nous la connaissons, ou presque. C’est par ces mots simples que l’on peut résumer l’effet du fameux big-bang, que d’aucuns préfèrent jauger d’un point de vue spirituel et en attribuer le mérite à Dieu. Ce qui n’est évidemment pas le cas des musiciens de BM, qui eux préfèrent parler d’évolution logique, ou de logique infernale.
Mais le parallèle est néanmoins troublant. Car du chaos, est justement né le Black Metal, sous genre apatride qui a fini par ne pas choisir de terre d’asile pour continuer à arpenter le monde et ses enfers en toute quiétude, sans se soucier de l’opinion publique. Misanthropie ? Sélection naturelle ? Peut-être simplement du bon sens, et surtout, une indifférence manifeste envers le qu’en dira-t-on. Mais s’il est un style qui nous fait encore voyager dans des dimensions obscures et inexplorées, c’est bien celui-là…
Vous le savez, les détracteurs du genre n’ont cure de son sens aigu de l’audace. Ils préfèrent occulter (sic) le problème, et éluder les éventuelles questions d’un sempiternel silence méprisant, ou pire, d’injonctions grossières qui ne cachent aucunement la vacuité de leur raisonnement. Mais les adorateurs le savent eux, le BM est sans doute la dernière limite entre nous et le néant, mais surtout, un passage vers un autre univers, où les lois de la logique ne sont d’aucun repère. Et ça, c’est vraiment fantastique.
Fantastique, unique, personnel, audacieux, fantasmagorique, onirique, traumatique, le quatrième album du projet ORBSEVEN l’est, sans conteste. Né du cerveau fécond du multi-instrumentiste Zeven (guitare, basse, programmation, claviers, chant) fin 2004, ce concept cathartique et intimement lié à la personnalité complexe de son mentor arrive à point nommé pour donner une preuve supplémentaire de la suprématie du Black sur le petit monde de l’extrême. Et pour une raison bien simple, c’est qu’il aborde le créneau en toute naïveté, sans gimmick, sans provocation cheap, mais avec un véritable amour du style, qu’il pousse dans ses derniers retranchements pour en extirper la substantifique moelle. Après trois albums aussi différents que complémentaires dans leur démarche (The Linear Divide en 2008, Fall Below The Earth en 2012 et .ismos. en 2014), Zeven s’est décidé à revenir à des sonorités plus abrasives pour se rapprocher du cœur du problème, et nous opposer à notre propre nature fugace et futile.
Les habitués comprendront très vite que leur conteur favori s’est éloigné du Post Black Ambient et apaisant de .ismos., et qu’il s’est rapproché de ses premières œuvres, tout en continuant de défricher une dimension de terrain assez impressionnante. Et en tant que tout ou somme de ses parties, Cosmos Out Of Chaos pourrait bien incarner le meilleur album de BM toutes époques confondues. Parce qu’il se refuse à en adopter les contours les plus évidents et les tics les plus systématiques. Ici, les blasts sont d’utilité et utilisés avec parcimonie, tout comme les vocaux criards quasiment rangés au placard. La musique parle souvent d’elle-même sans interférence, et lorsque le chant se décide à rentrer en lice, il se frotte plus volontiers à la gravité d’un Death vraiment caverneux, ce qui accentue ce décalage délicieux entre le rendu et la volonté. Mais qu’il est difficile de décrire un LP qui ose cinq compositions en cinquante minutes de musique…Aussi difficile qu’expliquer scientifiquement à un profane comment la vie a émergé du néant…
Zeven ne prend pourtant aucun gant pour tenter de séduire les masses. Et si son quatrième effort débute par ses deux pistes les plus brèves, leurs dix-sept minutes cumulées ont de quoi rebuter les plus timorés, comme de faire fondre les plus exigeants et aventureux. Mais à la rigueur, découper l’analyse d’un tel travail en logique de titres qui s’enchaînent est une insulte. Une lecture linéaire de Cosmos Out Of Chaos n’est d’aucune aide tant la dimension multiple de l’inspiration est manifeste de bout en bout, et usant de ficelles incroyablement intelligentes pour parvenir à ses fins. Et tout y passe, du Post Black lancinant et agressif, au Death passif, en passant par le Black légèrement Indus, l’atmosphérique oppressant, et le mélodique nostalgique. Impossible dès lors d’établir une comparaison quelconque, même avec les entités les plus libres du courant comme DEATHSPELL OMEGA, BLUT AUS NORD ou DODECAHEDRON, sans aller trop loin au risque de se perdre dans le labyrinthe…
D’ailleurs, Zeven ne cite aucune influence, et l’écoute d’un morceau aussi novateur et risqué que « Building The Spaces (Earth Reconstruction) » justifie ce silence d’hommage. Habile construction en gigogne qui juxtapose des sonorités à la SHINING (le bon) à des textures à la NEUROSIS, ce morceau est une preuve éclatante du génie (le terme n’est pas trop fort) d’un homme qui parvient en solitaire à relever des défis qu’une horde d’autres musiciens ont affronté en vain avant lui. Au point qu’on ne sait plus trop à quel diable se vouer…Cette musique tient-elle encore du Black Metal, ou bien n’est-elle que…musique ?
La question est sans importance tant l’effet produit est patent et déstabilisant…
Musique qui toutefois peut sombrer dans les abimes d’une violence ouverte, qui frise par moments le chaos total d’une guerre entre Death à tendance Doom d’un côté de la lune et Post Black/Post Hardcore de l’autre côté de Mars. Ainsi, « Conversion Into Fire » ne prend aucune précaution, et sacrifie les structures patiemment élaborées pour proposer une version assez éprouvante d’un Ambient terriblement opaque et remontant aux origines mêmes du Post Black, lorsque celui-ci osait enfin se diluer dans ses influences externes…Une preuve supplémentaire du culot de cet homme qui réfute toute stagnation sans sacrifier sa cohérence au profit d’une originalité forcée et stérile, travers fréquent des réalisations qui souhaitent aller trop loin, trop vite…
Mais ces rythmiques qui n’obéissent qu’à des impulsions personnelles, ces riffs redondants qui répètent mais ne balbutient jamais, et cette agression sortant de nulle part caractérisant le final homérique de « This World That Is Of The Unclean » achèvent de nous convaincre du potentiel incroyable d’un LP qui couronne plus de dix années d’expérimentation de la plus belle façon qui soit, sans forcer le talent. Dix ans passés à chercher « sa » vérité, qu’il a sans doute trouvée depuis longtemps, mais que Zeven continue de peaufiner pour tutoyer les sommets d’un genre qui est décidément loin d’avoir tout dit…
Sombre, lumineux, patient, nerveux, inextricable, limpide, strident, caressant, tels sont les qualificatifs que l’on pourrait accoler à Cosmos Out Of Chaos. Animé de cinq mouvements indépendants mais aboutissant à une conclusion inévitable, ce quatrième album d’ORBSEVEN est amené à devenir un album culte, tout autant qu’un chef d’œuvre. Mais il est aussi le miroir de son thème, et peut se concevoir comme le big-bang qui va secouer l’univers du Black pour le remodeler à sa façon, histoire que la vie continue, différemment. Une genèse. Un point de départ.
Une renaissance.
Titres de l'album:
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