Aménageons un peu cette fin d’après-midi pour la rendre plus joyeuse et paillarde. Soyons un tantinet badin, et laissons-nous aller aux plaisirs contre nature d’un Death un brin gras et bien Gore, qui pourtant, anime plus volontiers les tablées d’hiver, lorsque la température tombe et que la nuit en fait de même assez tôt.
Mais attention. Du Death, mais du bon. Bon dans le sens moderne, fun, outrancier, un peu exagéré sur les bords, mais proposé par des maîtres en la matière, qui la travaillent d’ailleurs depuis une bonne douzaine d’années.
Des professionnels de la saucisse bien tassée, aux boyaux juteux et à la chair fondante, qui s’approvisionnent dans les vieux cimetières ruraux, en déterrant quelques cadavres encore frais.
Si le plan à plusieurs vous enchante, suivez-moi, pour quelques explications sur le menu de cette soirée torride et ensoleillée qui va bientôt tourner à la fournaise.
Pour ça, prenons d’abord quatre costauds américains, un nouvel album sous la main, qui vont démarcher sur le marché pour tenter d’y caser leur produit de qualité.
EX DEMENTIA, nom en tromperie puisque ces quatre-là (Chris – guitare rythmique/chant, Tony – Lead, Joe – basse/chant et Branden – batterie) le sont toujours autant, et ce, depuis 2005 sans amélioration aucune de leur état constaté par un pathologiste averti.
Venus et venant du New-Jersey, de Egg Harbor, ces chantres d’un Death profondément brutal mais foncièrement entraînant ont déjà accumulé les sorties. Ils ont commencé léger par une démo en 2006 (An Excursion of Noise and Terror, ça mettait au parfum), avant d’empiler les LP (deux, Thou Shall Repulse en 2007 et The Red Mass en 2009), et de semer un EP au passage (In The Chapters Of Horrors).
On notera donc un sale hiatus de huit ans nous privant de leurs exactions sanglantes, mais en admettant que Crack the Coffin soit l’album de leur grand retour, la fête bat son plein pendant une grosse vingtaine de minutes durant lesquelles nous les admirons sortir de leur cercueil avec fracas, en faisant un boucan d’enfer.
Inutile d’essayer de vous préserver, le raffut est de tous les diables. Mais si les EX DEMENTIA jouent la carte de la brutalité, ils n’en tombent pas pour autant dans le Gore/Brutal/Technical/Deathcore pour autant, et ne versent pas non plus dans la nostalgie d’antan.
En fait, leur Death est tout à fait personnel et contemporain, et surtout, salement accrocheur puisque basé sur de gros riffs presque Thrash qui vous vont valser dans le cirage.
Pour être plus explicite, on pourrait même les situer en convergence de plusieurs tendances, puisque leur crossover se nourrit d’influences multiples, du Thrash au Gore en passant par le Death bien groovy. La complémentarité des voix est effective, bavant des growls macabres d’un côté pour mieux exhorter des abominations stridentes de l’autre, tandis que la rythmique explosive multiplie les coups d’éclat et les coups de boutoir en arrière-plan.
Il faut dire que le duo basse/batterie a de quoi être motivé, puisque les guitares s’en donnent à cœur joie dans la profanation de riffs sacrés, en multipliant les soli précis en coup de pelle et les hachés de saccades en vermicelles d’asticots.
Et pour éviter de trop faire le malin en utilisant des métaphores qui plombent la compréhension au phosphore, Crack the Coffin vous explose les neurones de ses accords de ténor, et vous broie les oreilles de son mélange ludique et facétieux de brutal qui file la dalle.
Du Death, mais pas que, et même beaucoup plus. D’ailleurs, fait exceptionnel pour un LP du créneau, chaque morceau à sa raison d’être et ne constitue pas simplement une extension/redite du précédent.
Même si parfois, les plans se retrouvent à rebondir sur des tuiles encore chaudes.
Première constatation, aussi vilains soient-ils, ces animaux sont d’excellents musiciens. D’ailleurs ce nouvel album leur permet d’accueillir deux nouveaux camarades, Joe à la basse et aux chœurs (leur troisième Joe à la basse, WTF ??) et Tony des CONDITION CRITICAL à la lead qui s’en donne à cœur joie dans les sextolets et autres figures de style alambiquées.
Le monsieur connaît son manche et l’astique sans les hanches, en trouvant toujours la bonne intonation et la note au plafond. Il soloïse comme un légiste découpe un corps refroidi, et nous sert parfois de merveilleuses arabesques néo-classiques à donner le tournis à Yngwie (« Splattervision Channel 3 »), ou tient parfaitement son rôle de lieutenant en second sur l’ouverture explosive « Trials And Exhumations », qui se veut intro de très grand luxe (surtout pour un album aussi court).
Quoiqu’il en soit, dès « Crack The Coffin » et ses accents à la SUFFOCATION, vous êtes pris dans le tourbillon, et il est trop tard pour tirer le goupillon. Le Brutal Death est dans la place, et s’anime de breaks qui déchirent ta race, multipliant les blasts et les cassures Heavy pour mieux nous maudire.
Et alors qu’on se dit assez vite qu’on a tout compris, « The Dripping Skull » déboule avec son groove hypnotique de maboule, pour une démonstration de gluance Thrash pleine de démence, soudainement fracassée par un chant bien Gore. Un peu de CARCASS sur le bord des lèvres, et une belle désadaptation à l’époque qui veut que dans le Death actuel, tout soit bourrin ou bien trop fin.
Les EX DEMENTIA n’en ont cure, et évitent de foncer dans le mur grâce à des compos magiques qui s’agitent, comme ce terrifiant « Hobbs End » que les OVERKILL ou PANTERA auraient pu entonner en duo, avec les TANKARD dans les chœurs. Break en mid très évocateur du Reek Of Putrefaction que tout le monde a déjà reniflé, et tout le monde a morflé, les lardons sont couchés, et l’addiction est blasée.
Pas mal pour un groupe que tout le monde aurait dû oublier…
« Slaugher » continue sur la lignée et fait cramer un bon solo bien allumé, et la horde de zombies en puissance ose même terminer son troisième LP d’une cover bien sentie de nos MISFITS chéris, pour un « Skulls » aux litanies morbides salement aplaties par un Death aux relents Core pas encore pourri.
Un son bien gonflé mais pas gonflant, des graves qui résonnent et des médiums qui assomment, une bonne dose de fun dans la créativité, et de la pertinence dans la technique toute en efficacité.
Un album de Death aussi catchy qu’il n’est grotty, et qui assume son second degré sans tomber dans l’humour déplacé. En cette fin d’après-midi réchauffée, vous en reprendrez bien une petite bouchée ?
Titres de l'album:
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