Le type même de projet qui ne laisse personne indifférent…Une forme d’expression qui rebute, qui séduit, qui fascine ou qui au contraire suscite une répulsion, et ce, depuis les débuts de cet improbable duo à l’orée des années 2000…
OvO, c’est un duo, mixte, avec Bruno Dorella d’un côté, animateur rythmique, et Stefania Pedretti (et son autre projet solo ?ALOS) de l’autre, manipulant les cordes et la voix.
Un projet duo qui a émergé en 2000, et qui n’a eu de cesse de produire, des disques évidemment, seul ou en collaboration avec des artistes de renom (HERMIT, K.K NULL, TREMOR, ROLLERBALL, et des dizaines d’autres), mais aussi des performances live par centaines, foulant les scènes en compagnie de Thurston Moore, LIGHTNING BOLT, WHITE MICE, BASTARD NOISE, THE BODY, et plus encore…Une réputation sans faille de figure de l’underground Noisy et Indus, une discographie pléthorique, et surtout, une aura de mystère qui entoure leur musique, qui est plus que musique finalement. Une quête. De celles qui repoussent les limites et les brouille entre l’électronique et le Rock, entre le Noise et la musique, entre l’abstrait et le concret…
Cette discographie s’était soudainement mise sur pause après le formidable Abisso, proposé en 2013 et publié par le label Supernatural Cat, mais qui aujourd’hui en ce froid mais beau mois de décembre, trouve un nouvel élan grâce à la parution de Creatura, créature qui voit enfin le monde après trois ans de gestation, pour tenter de trouver le fameux équilibre entre expérimentation, musique libre, Metal, Rock, Noise, Indus, électronique et disons-le, un certain sens de la provocation et du libre arbitre.
Je le disais, la musique d’OvO ne laisse personne indifférent. Elle provoque les sens en triturant les sons, mais ne se contente pas de rester collée à des principes établis, qu’elle prend justement un malin plaisir à bousculer pour trouver de nouveaux chemins à explorer.
Si les thèmes d’Abisso trouvent ici un indéniable écho, Bruno et Stefania poussent le concept quelques mètres musicaux plus loin, pour offrir à leur parcours une nouvelle étape patente et déviante…
Enregistré par Lorenzo Stecconi dans un hangar réservé aux compagnies de théâtre, mixé par Giulio Favero, Creatura s’est basé sur un tapis de rythmiques électroniques en boucle tricoté par Bruno, qui a patiemment assemblé les loops et beats, sur lesquels Stefania a pu s’exprimer avec sa guitare et sa basse, confrontant ainsi de plein fouet – et comme d’habitude - le monde du Rock et de l’électronique, sans pour autant ressembler à ce qui s’est fait précédemment. Car depuis dix-sept ans maintenant, l’approche du duo Italien est unique et inimitable, et Creatura ne fait qu’entériner cet état de fait. On retrouve cette fois-ci sur l’album des sons enregistrés par Stefania lors d’une tournée au Vietnam, mais aussi des partenariats avec des musiciens comme Stefano Ghittoni (DINING ROOMS), Riccardo Gamondi (UOCHI TOKI) ou encore Garaliya (MORKOBOT), venus saupoudrer leur grain de sel sur le grain de folie ambiant. Ambient, c’est le mot, si le Dark Indus pointe souvent le bout de ses ténèbres, la musique d’OvO garde cette emprunte dansante digne de la scène EBM des nineties, et parvient à séduire tout en restant animal et terriblement froid à la fois.
La structure même de l’album, très intelligemment agencé de morceaux courts et d’interventions plus développées intrigue et provoque, tout autant que sa juxtaposition de sons durs et de parties rythmiques plus souples. La voix de Stefania, traitée et très robotique met l’emphase sur le « décomfort » sans pour autant rester allusive ou décorative, et s’intégrant parfaitement aux déroulés synthétiques de Bruno qui eux aussi, sont savamment ajoutés les uns aux autres pour former de véritables odes au bruit industriel mécanique.
Mais là est la méthode d’usage usitée par le duo depuis presque vingt ans, et Creatura ne déroge aucunement à cette règle.
On sent les influences de quelques combos, dont GODFLESH évidemment, pour cette fausse rigidité finalement très groovy, mais aussi la rugosité de FRONTLINE, et même quelques allusions aux vieux SWANS, à la déconstruction de PSYCHIC TV, voire au nihilisme expressionniste des THROBBING GRISTLE dans les instants les plus déconstruits et faussement libres…
Beaucoup de noirceur, mais aussi des rais de lumière aveuglants, et une confrontation entre espaces négatifs (nombreux), et espaces positifs (souvent salvateurs), sans perdre cette oppression et cet étouffement qui transforment des morceaux comme « Freakout » en bande son de l’horreur quotidienne qu’on a de plus en plus de mal à supporter.
En floutant les limites entre Rock et musique électronique, Creatura s’inscrit parfaitement dans la démarche logique d’OvO depuis Assassine, et surtout depuis Miastenia, et se pose en suite tout à fait logique d’Abisso, tout en y apportant de nouveaux éléments.
Si les stridences parsemées peuvent évoquer le spectre palpable d’un Alec Empire, si quelques constructions suggèrent un parallèle avec des groupes comme KHANATE, l’identité du duo s’affirme comme toujours, et même si quelques critiques ont cru voir en OvO une forme d’impasse de ressenti basée sur une utilisation systématique de sons glacés et d’exercices rythmiques un peu stériles, j’y ai vu moi-même une forme d’absolu, comme une anti-musicalité répétitive dont justement émergerait une indéniable forme d’humanisme sous-jacent.
Il est évident que de longs segments comme « Matriarcale », assez linéaire dans des prises de positions rythmiques et ses incarnations vocales cauchemardesques, ou « Buco Bianco », qui suit peu ou prou le même schéma en restant bloqué sur un beat rigide et hypnotique, salement lardé de fréquences graves et d’arrangements spectraux, pourront irriter et emmener à tort sur le chemin du dédain.
Il est sur aussi que la fausse conclusion en pied de nez « March of The Freaks » et son shunt violent et inopiné frustrera les plus exigeants, mais dans la forme et le fond, Creatura est cohérent, et fait vraiment avancer les théories de ce duo qui sait parfaitement où il va, et pourquoi.
La violence sourde atteint même une sorte d’apogée sur des lacérations bruitistes comme le morceau éponyme, véritable délire nocturne peuplé de samples monstrueux et de symphonies de l’étrange, trouvant un écho positif et encore plus dantesque sur « Freakout », et finalement, Creatura est bien une bête étrange, immonde pour certains, née de l’union entre les couches électroniques sombres de Bruno et l’expressionisme cru de Stefania, couple Frankenstein par excellence, qui brasse des décennies d’influence Indus, Darkwave, Metal froid et EBM torturé…
Une suite qui offre des perspectives, certes assez peu joyeuses sur un plan harmonique, mais délicieuses sur le terrain de l’expérimentation sonore.
Des abysses a surgi cette créature pluriforme. Mais oserez-vous la regarder dans les yeux pour y voir votre propre reflet ?
Titres de l'album:
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