En 2007, quelques musiciens Finlandais lancent le groupe KURSK ou KYPCK en langue Russe. On y retrouve l'ancien guitariste de SENTENCED, S.S. Lopakka, rejoint en 2011 par son ancien camarade bassiste et qui tient l'autre guitare de ce groupe à ses côtés. Le groupe nous avait laissé en 2016 après son quatrième album, 3epo, publié chez Ranka Kustannus, un label finlandais qui recueille le groupe après un premier opus chez Century Media, les Finlandais vont alors développer un concept autour du passé Russophone de son pays. Cantonné à l'underground, une publication de plus en plus réalisée dans l'ombre et une distribution pour le moins compliquée pour nous en France, notamment, le groupe avait également fait évoluer son style en une musique opaque, très difficile à appréhender de prime abord et pourtant, aucune faute n'est à signaler dans la discographie de KYPCK qui s'exprime en Russe, utilise une imagerie en lien avec cette grande étendue aussi complexe et étrangère à nos codes d'occidentaux tout comme la musique de ce groupe sur Преступления против человечества qui signifie Crimes Contre L'Humanité et là vous comprenez aisément que la réalité a rattrapé le concept de ce groupe qui ne souhaiter que promouvoir la possibilité de rapprocher le peuple Russe de leurs frères de l'Occident, un message de paix délivré dans une langue qui effraie les destinataires, c'est plutôt osé mais extrêmement intelligent.

Alors, KYPCK ne s'arrête pas au message, la musique fait également transparaître une froideur profonde, bien entendu, il y a ces speechs en russe samplés sur la plupart des morceaux, il y a cette guitare dissonante en lead à la réverb ultra froide qui fait raisonner là des vibes Darkwave intéressantes alors que la rythmique ultra plombée nous ramène vers un Doom Metal lancinant emprunt d'une certaine âme Gothique. Le deuxième titre "Epiphany in Novosibirsk" est un single en puissance, on y retrouve le chant plein d'émotion d'Erkki Seppäne, très lancinant, laissant bien trainer les syllabes, l'interprétation du chanteur de DREAMTALE est un exemple d'habitation de son rôle derrière un micro et puis il y a cette section rythmique menée par une batterie très martiale dans son interprétation, une guitare rythmique bien lourde qui nous renvoie vers le PARADISE LOST et son album éponyme de 2005, et une basse aussi lourde et rampante, gavée aux hormones pour creuser un trou dont l'auditeur ne s'échappera pas ! Les chœurs de la culture slave se font entendre dès "On The Last Pier", ils atteignent une profondeur qui accompagnent parfaitement cette guitare rythmique bien plombée.Par rapport aux précédents opus, KYPCK revient à une formule plus directe, le précédent opus était d'une densité rare et intense qui en faisait un album difficile à percer et pourtant dieu sait s'il est, encore une aujourd'hui, une pièce artistique de premier ordre. Une rythmique un peu plus dansante, une ambiance qui n'est pas sans rappeler ce que HANGMAN'S CHAIR ("The Poet") a récemment réalisé, du Dancing Doom Metal plutôt jouissif. Seulement voilà, l'Opération Spéciale voulue par Mr Poutine met fin à l'aventure de KYPCK, le groupe ne voulant pas servir le destin de cette Russie là, ayant d'autres valeurs énoncées en début de chronique, les Finlandais ont décidé d'enterrer KYPCK avec cet ultime album au nom plus qu'évocateur sur ce qu'ils pensent de cette agression et de ce crime contre l'humanité. Le groupe avait d'ailleurs communiqué de façon claire à travers ces mots "La raison de tout cela est évidente : le Kremlin a isolé la Russie de la plus grande partie du monde en déclenchant une guerre à part entière, envahissant et terrorisant un pays indépendant. C'est une putain de ligne rouge. La coopération culturelle et les tournées sont devenues impossibles, entre autres choses, et selon les nouvelles lois, nous pourrions par exemple être poursuivis lorsque nous traversons la frontière uniquement pour avoir dit tout haut que ce que nous voyons est vrai, ou pour avoir écrit cette déclaration par exemple. Continuer ce groupe et faire des tournées en Russie est tout simplement impossible.Nous avons beaucoup d'amis dans tous les pays impliqués dans la guerre, et cela le restera toujours. Ces gens n'ont rien à voir avec les conneries actuelles."

Reste que KYPCK montrait un visage des plus personnels du Doom Metal, une approche moderne certes, un groove unique et cette ambiance mortifère et glaçante. La suite devrait s'inscrire en anglais, en espérant qu'ils gardent cet esprit d'un style froid et que l'anglais sonne avec ce style. On a, par exemple, du mal à imaginer ce "Dark Party" chanté en anglais, un peu comme si RAMMSTEIN chantait en anglais c'est tout une partie du concept qui s'effondre. Le groupe va donner quelques derniers concerts en support à cet ultime album, il est simplement dommage que ces derniers ne puissent se passer en Russie également. Aidé par une production puissante, faisant la part belle aux bonne basses bien grasses, à une caisse percutante et un chant parfaitement équilibré avec le reste, KYPCK nous délivre là son album rassemblant le style qu'il a ciselé tout au long de ses albums et un aspect plus immédiat que l'on avait sur le premier album, une excellente conclusion pour un groupe au talent largement sous-estimé, nous ne manquerons pas de surveiller la suite de ces Finlandais.

Tracklist :

1. Ты испортил всё (You Ruined Everything)
2. Крещение в Новосибирске (Epiphany in Novosibirsk)
3. На последнем причале (On The Last Pier)
4. Красные пятна (Red Stains)
5. Я теперь ненавижу свет (Now I Hate The Light)
6. Чёрный бал (Dark Party)
7. Простой рассказ / Я сам собою (A Simple Tale / All by Myself)
8. Замерло море мечты (The Sea Of Dreams Has Frozen)
9. Кораблестроителей (Shipbuilders' Street)
10. Поэт (The Poet)
11. Жнец (Reaper)

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