Une intro purement Electro qui débouche sur une nappe de claviers immédiatement interrompue par un déferlement de distorsion et une grosse caisse tonitruante, et l’énigme est déjà résolue : nous avons bien affaire à un nouvel exemple de Metal moderne à tendance symphonique et mélodique. Ce qui n’a rien de choquant en soi puisque le groupe VOLTURIAN a été formé par deux figures de la scène, la chanteuse Federica Lanna (SLEEPING ROMANCE) et le compositeur/guitariste Federico Mondelli (FROZEN CROWN). Ceux qui s’attendaient à une grosse surprise en écoutant le travail des deux musiciens en seront donc pour leurs frais, puisque Federica et Federico (on dirait du Fellini) nous livrent exactement ce qu’on attendait d’eux. Un album de Heavy moderne, aux couleurs légèrement électroniques, aux refrains se voulant fédérateurs, et aux mélodies simples qu’on retient assez facilement. D’instinct, le spécialiste de la chose aura tendance à rapprocher le projet de la référence absolue AMARANTHE. Il n’aura pas tort d’un certain côté tant les deux concepts partagent des vues commerciales évidentes, mais autant mettre les choses au point tout de suite, les italiens n’ont pas le panache cinématique de leurs homologues suédois. Ils n’en ont pas la démesure, la folie opératique radiophonique, ni les thématiques qui s’incrustent dans la tête comme des virus contaminant votre libre arbitre et votre exigence. Non, on pourrait situer à la rigueur les italiens à mi-chemin d’AMARANTHE, sans la science exacte du plan qui tue, et THE MURDER OF MY SWEET, sans les ambitions d’arrangements et les envies baroques retranscrites dans un langage plus contemporain. Et l’un dans l’autre, après écoute de ce premier album, on se voit coincé entre la lucidité du recul, et l’envie d’être sympathique envers le duo Federica/Federico. Mais en étant parfaitement honnête, et aussi bien foutu soit Crimson, il n’en reste pas moins un simple phénomène de son temps, un disque qu’on écoute pour se tenir au courant, mais qu’on oublie aussi rapidement qu’une série B.
Secondés par d’autres musiciens tout à fait capables, Alberto Mezzanotte à la batterie et Massimiliano Rossi à la basse, les deux têtes pensantes peuvent laisser libre court à leur imagination raisonnable, et nous pondre des sous-tubes contemporains qui manquent de charme et de piquant. Non que le tout soit indigeste ou désagréable, mais tout sonne si convenu et deux tons au-dessous des valeurs majeures, qu’on en vient à regretter les véritables références du genre. Très propre et carré, ce premier LP est beaucoup trop sage pour convaincre les amateurs de grandeur et de démesure, et nous sommes quand même assez loin des exactions les plus démentes d’IN THIS MOMENT ou de la créativité d’un LACUNA COIL. Ce qu’on apprécie avant tout, c’est le décalage entre la violence de l’instrumental et la délicatesse fragile de la voix de Federica Lanna, qui représente le véritable point d’intérêt de cette réalisation. Le reste est d’un classicisme indéniable, de grosses guitares qui répètent le même riff à l’envi, des claviers omniprésents qui allègent le tout, des tendances à appuyer parfois la violence pour la rendre plus palpable, et une ambiance générique assez électronique pour faire de l’œil au grand public. La méthode est d’usage, et appliquée ici avec sagesse, mais VOLTURIAN reste trop dans le rang pour se faire remarquer, et aussi efficace soit leur approche, elle n’en est pas moins d’un formalisme parfois gênant, à l’heure où ce genre de groupes se font toujours remarquer par un gimmick quelconque. De fait, les morceaux se succèdent, se ressemblent beaucoup, se montrant parfois plus jumpy et grave que la moyenne (« The Killing Joke »).
La principale qualité de cette association italienne est de rappeler les sonorités élastiques des années 2000 en poussant le bouchon de l’Electro Metal dans ses derniers retranchements. Le groupe n’hésite pas à tremper son Metal dans un océan de sons synthétiques, ce qui confère à l’ensemble un aspect très dansant, et si la voix de Federica pousse parfois dans les aigus pour s’imprégner de dramatisme, la guitare de Federico reste quant à elle désespérément linéaire, s’appuyant sur des gros licks sombres qui ne modulent que très rarement. C’est donc sur la rythmique et sur la voix que l’intérêt se base, et heureusement que Lanna sait moduler ses cordes vocales, puisqu’elle permet au projet d’éviter le naufrage absolu (« In A Heartbeat »). J’exagère évidemment pour provoquer des réactions de votre part, mais il est certain que Crimson ne marquera pas l’histoire de son audace ni de son sens de l’à-propos commercial. Dix crans en dessous de l’art d’AMARANTHE pour faire passer la Pop pour du Metal sans compromis, VOLTURIAN se contente d’effleurer les possibilités dramatiques du genre, pour proposer des morceaux trop sages et souvent répétitifs, abusant de figures imposées (intro bombastic, ruptures mélodiques cristallines, reprises tout en virilité), au lieu de creuser des pistes intéressantes dessinés par cette dualité permanente entre un chant délicat et un instrumental épais. Certes, quelques chansons surnagent à la surface du lac de l’indifférence, comme cet irrésistible « Between The Sleepers » et son lick harmonique à la HELLOWEEN, ou le trépidant « Days Before You Died » qui en appelle au RAMMSTEIN le plus léger, mais la globalité des compositions s’enfonce dans le formalisme, ce qui est regrettable au vu du pedigree des intervenants.
Je ne condamne pas de facto ce projet qui ressemble à une récréation pour ses membres, et je lui accorde même quelques moments vraiment plaisants. Mais il est toujours dommage de constater que des musiciens capables du meilleur se contentent d’une moyenne acceptable. Le style étant saturé depuis des années par des entrées anonymes et sans importance, on attend toujours plus de la part de ceux en étant capable. Mais en restant objectif, Crimson vous offrira quand même du plaisir, ne serait-ce qu’avec son entame franche « New Life », qui lâche les watts avec motivation. Espérons qu’avec le temps, le groupe/projet/concept comprenne que les poncifs sont là pour être transcendés, et qu’un fan lambda ne se contente plus d’une relecture sage de poèmes proto-gothiques qu’il a déjà lus des centaines de fois. Notez pour la bonne bouche une reprise de ROXETTE en final, qui vous laissera un gout doux-amer dans les oreilles. On fait des cadeaux en fonction de ses moyens après tout.
Titres de l’album:
01. Crimson Dust
02. New Life
03. Haunting Symphony
04. Broken
05. The Killing Joke
06. In A Heartbeat (ft. Giada Etro)
07. Between The Sleepers
08. Days Before You Died
09. Forevermore
10. Fading Like A Flower (ROXETTE cover)
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