Crimson Messiah

Iron Fate

17/12/2021

Massacre Records

Deuxième album seulement pour le collectif viril IRON FATE, pourtant né en 2005. L’exemple même de groupe pas du tout pressé de parler, et qui d’ailleurs vient de rompre avec une décade de silence, qui s’était imposée à lui après la sortie de son premier LP, Cast In Iron. Un album tous les dix ans, c’est peu, alors autant ne pas rater le coche, et en acceptant le soutien du gros indépendant Massacre Records, les allemands ont mis pas mal d’atouts de leur côté, qu’ils devaient évidemment solidifier par une musique forte, et apte à fédérer tous les amateurs de Heavy/Power germain, pas le plus fin qui existe, mais l’un des plus efficaces.

Et dès « Crimson Messiah », title-track posé en entame de match, le quintet affirme ses positions, et commence déjà par loucher du côté du MAIDEN le plus traditionnel. C’est simple, en quatre minutes, IRON FATE nous propose le meilleur de la NWOBHM revue et corrigée sauce poivrée d’outre-Rhin, avec tierces mélodiques, basse ronflante et brillante, jeu de batterie fluide à la Nicko, et chant flamboyant à la Dickinson. On peut alors se demander la pertinence d’une telle démarche, alors justement que la vierge de fer a publié cette année son dernier chapitre plutôt bien accueilli par les fans, mais décidément, ces cinq musiciens ne font rien comme tout le monde, et restent accrochés à une vision passéiste du Heavy Metal, tel qu’on le concevait dans les années 80.

« Malleus Maleficarum » ne fait aucun effort pour se dégager de cette encombrante influence, et en vient même à taquiner toutes les stars eighties influencées par Steve Harris (QUEENSRYCHE, HELLOWEEN, etc…), mais heureusement pour nous, entre deux chœurs à l’allemande bien fermes, les deux guitaristes proposent quelques syncopes plus symptomatiques du Power Metal à la ICED EARTH/PRIMAL FEAR pour gonfler les muscles, même si la tendance générale est claire comme de l’eau de source.

Sorte de cas d’école un peu intrigant dans son absence totale de recherche, Crimson Messiah est l’un des fac-similés les plus fidèles à l’original du moment, même si en progressant, l’album propose des choses plus nuancées, mais justement encore plus proches du QUEENSRYCHE de The Warning (« We Rule The Night », bel effort au niveau du baptême les gars…). Vous l’aurez donc compris, si d’aventure vous chiniez ces colonnes pour y dénicher la perle contemporaine du mois, gardez votre argent dans votre bourse et rebroussez chemin. Ici, c’est le formalisme qui règne, et même LIZZY BORDEN n’a jamais osé une copie aussi conforme dans ses jeunes années, ce qui en dit long sur la capacité de cette photocopieuse allemande tournant à plein régime.

Impossible de ne pas se demander si « Crossing Shores » n’a pas été composé par Harris pour une b-side de MAIDEN dans les années 90, ou si « Strangers (In My Mind) » n’a pas clôturé un album fantôme de MAIDEN sans que nous en soyons au courant. L’équation est donc simple, MAIDEN, QUEENSRYCHE, quelques punchlines à la METALLICA pour mériter l’appellation Power, Et l’affaire est bouclée en une heure à peine…Mais on se demande clairement pourquoi dix années ont été nécessaires à l’élaboration de ce nouveau répertoire, un song-book de MAIDEN suffisant pour proposer de tels démarquages, mais admettons quand même que les musiciens (Denis "Iron Ivan" Brosowski – chant, Sascha Wendler – batterie, Harms Wendler – guitare/chœurs, Oliver von Daak – guitare, Kai Ludwig – batterie) sont des sosies solides de nos anglais préférés, et qu’ils ont un niveau technique suffisamment convaincant pour nous faire apprécier leur demi-plagiat.

Quelques soli plus hystériques que la moyenne, des accélérations en force, de l’envie, une énergie indéniable permettent à Crimson Messiah d’obtenir une moyenne largement méritée, mais sincèrement, je pense faire preuve de beaucoup de clémence en ne fouettant pas ces vilains pompeurs, surtout lorsque mes oreilles se fanent sur « Hellish Queen », qui aurait eu une place de choix sur Piece of Mind.  

Parfois, l’impression de tutelle ne dure que le temps de quelques morceaux, mais ici, elle est omniprésente, comme si Steve et Bruce avait été actifs dans le studio durant l’enregistrement de ce LP, exigeant des allemands une allégeance sans faille au Metal anglais le plus pur et dur. Alors, inutile de tergiverser, admettons que le final de « Saviors Of The Holy Lie » est particulièrement bien troussé, mais au-delà d’une certaine mesure, il est impossible de pardonner aux IRON FATE ce recyclage pur et simple des plans les plus symptomatiques d’IRON MAIDEN, et si la passion est un hommage décent, la simple copie carbone est la pire des insultes.

A écouter les jours de pluie, lorsqu’on ne ressent pas le besoin de se passer Brave New World ou Dance of Death pour la centième fois, car en fermant les yeux, on s’y croirait presque.  

J’ai bien dit presque.

                                                                                                                                                              

                                          

Titres de l’album:

01. Crimson Messiah

02. Malleus Maleficarum

03. We Rule The Night

04. Crossing Shores (feat. Harry Conklin)

05. Mirage

06. Strangers (In My Mind) (feat. Henrik Osterloh)

07. Hellish Queen

08. Guardians Of Steel

09. Saviors Of The Holy Lie

10. Lost Forever (Bonus Track)


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par mortne2001 le 20/08/2022 à 17:28
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