Le mélange des genres a encore de très beaux jours devant lui. On se souvient tous de la Fusion entre Jazz et Rock des seventies, entre Rap et Rock des années 80, et surtout, la vague incroyable qui a déferlé sur nos côtes à la fin des années 80. Mais lorsqu’on imagine sous quelle forme se présente cette Fusion, on a toujours le réflexe de parler de Funk, de Rock/Metal, de Rap/Metal, et rarement de ce qu’on pourrait désigner sous le terme de « Fusion interne ». Soit le mixage de diverses influences familiales, Metal, Death Metal, Metalcore, Groove Metal et Power Metal. Et justement, je tiens là un nouveau groupe qui va vous expliquer comment ça fonctionne.
CROWNSHIFT est un groupe finlandais dont cet éponyme est le premier album. Assez logiquement, vous allez vous demander comment un orchestre totalement inconnu a pu se retrouver sur le mastodonte indépendant Nuclear Blast, mais l’explication est très simple : si le nom du quatuor ne vous dit rien, vous connaissez certainement celui de ses musiciens. Et pour cause.
On retrouve au line-up de cette machine de guerre pas moins de quatre figures de la scène extrême. Daniel Freyberg, Jukka Koskinen, Heikki Saari et Tommy Tuovinen, soit des gens très fréquentables qui évoquent NIGHTWISH, WINTERSUN, CHILDREN OF BODOM, MYGRAIN, et FINNTROLL. Dès lors, l’affaire prend une autre tournure, et passe du statut d’anecdote plaisante à la une des plus grands webzines mondiaux. Mais des références fameuses sont une chose, et un résultat probant et séduisant en est une autre. Mais ces mecs se connaissent assez bien pour savoir ce qu’ils veulent, individuellement et collectivement, et Crownshift est justement la preuve la plus évidente du talent étalé sur les huit pistes de cet album introductif. Et dans un genre épanoui mais réaliste, le combo donne une véritable leçon de précision et de brutalité dans les mélodies.
Death mélodique. La chasse gardée des suédois, qui daignent de temps en temps l’ouvrir à des peuples frontaliers. Il est en effet inconcevable de parler du genre sans en évoquer ses figures scandinaves, mais il est tout aussi important de souligner que la compétition fait encore des émules. Ceci étant posé, soyons honnête. Crownshift n’est pas vraiment un album de Death mélodique per se, mais bien un disque de Metal extrême moderne, accessible, empruntant des éléments d’agressivité souple et de rigueur rythmique. Et il est tout à fait possible de concevoir l’entreprise comme un jeune frère de STRAPPING YOUNG LAD, en moins colérique et moins exubérant.
Les participants à cette aventure ne tarissent pas d’éloges les uns à l’égard des autres. Alors que certains ont déjà navigué sur le même navire, cette collaboration sonne comme une évidence. Et au jugé du résultat obtenu, on comprend les raisons de cet enthousiasme. Si la structure même de l’œuvre reste fondamentalement classique, avec ses allusions au Groove Metal des années 90 teintées de réalisme Metalcore de la décennie suivante, les arrangements et assouplissements tendant parfois vers une Pop musclée permettent à l’album de décoller à des hauteurs non négligeables. Ecoutez le monstrueux « The Devil's Drug » pour vous en convaincre, qui résonne et rebondit comme un inédit de PANTERA repris par la génération 2020.
« Stellar Halo » est d’ailleurs une prise de contact formelle, mais dévastatrice. On saisit assez vite la teneur du propos, ce Metal pur et dur dilué dans des concessions électroniques, et on finit par laisser son esprit critique de côté pour headbanguer comme il se doit. Le son de la guitare, fin et précis, la rythmique qui semble programmée par une machine futuriste, et le doigté du refrain qui risque fort de tout exploser dans des conditions live, l’attitude est contemporaine, mais le fond de l’air passéiste.
CROWNSHIFT le clame haut et fort, il est bien là pour voler le show. Car quand l’agressivité s’emballe pour nous propulser dans un univers Death stellaire, les watts montent en pression, et celle-ci ne dispose d’aucune sortie pour s’évader. « Rule The Show » est donc un titre prophétique, et l’assertion d’une nouvelle force en présence. Et s’il est pratiquement certain que l’arrière-garde restera insensible à ces attaques trop formatées pour elle, les petits jeunes devraient trouver leur compte dans cette débauche de violence professionnelle et tout sauf clinique.
Avec sept tranches fines pour un dessert roboratif, Crownshift est fait pour être dégusté. On soulignera la hargne de blasts qui interviennent à intervalles irréguliers, et surtout, le coffre d’un chanteur qui n’a plus à faire ses preuves. Tommy Tuovinen, choix évident pour manier le micro est couvert de compliments de la part de ses partenaires, qui estiment qu’il peut tout chanter. Et c’est en effet l’impression qu’il donne, tant il survole les débats en son clair, pour mieux les clore lorsqu’ils se durcissent.
On pourra arguer d’une homogénéité un peu trop flagrante, même si « Mirage » diverge, et nous entraîne sur la piste d’une oasis en plein désert. On se rend compte de la technique affutée des musiciens, et on apprécie cette accalmie toute en douceur et nuance, avec ses accents Folk nordiques.
« To The Other Side », final gigantesque, est la pièce maitresse d’un album carré, millimétré, mais qui a su garder un contact humain. Evoluant dans des sphères presque progressives, cet ultime chapitre est la signature officielle d’un groupe qui ne se laissera pas enfermer dans une cage pour faire plaisir aux visiteurs du zoo. Je ne pourrais dire que cette nouveauté est celle de ce premier semestre 2024, mais elle reste une entrée très intéressante dans un monde aux couleurs vives et au contraste élevé.
Une Fusion raisonnable. J’aime assez le terme. Que je vais garder d’ailleurs.
Titres de l’album :
01. Stellar Halo
02. Rule The Show
03. A World Beyond Reach
04. If You Dare
05. My Prison
06. The Devil's Drug
07. Mirage
08. To The Other Side
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