Les duos dans le Metal, ne sont pas chose courante. Le BM préfère se complaire dans les one-man band, le Punk a au moins besoin d’une ossature en trio, et le reste des groupes s’articule autour d’un line-up plus complet, histoire de profiter d’une puissance qui représente leur essence même.
Néanmoins. A-t-on vraiment besoin d’être quatre pour faire du bruit pour six ? Il semblerait que non, selon la réponse fournie ce matin par les GNARWHAL, qui depuis leurs débuts n’ont jamais eu besoin d’aide pour faire trembler la terre comme un géant Post-Noise aux pieds d’acier.
Metal certes, mais tellement plus que ça en même temps. D’aucuns parleront avec une cuillère dans la bouche et un air légèrement condescendant de Mathcore, d’autres intellectualiseront le propos en argumentant autour d’un Post-Metal vraiment libre, et certains resteront élitistes, en digressant autour du fantôme d’un Rock progressif dénaturé façon Post-Punk.
Mais comme il n’y a aucune réponse adaptée, autant prendre leur musique pour ce qu’elle est. Un foutoir rythmique qui n’en est pas un, et l’association d’une guitare presque dyslexique et hystérique, et d’une batterie qui fait tout ce qu’elle peut pour la garder sur les rails de la déraison contrôlée.
GNARWHAL, dans les faits, est l’union de Chappy Hull (guitare/chant/cris) et Tyler Coburn (batterie, et parfois un peu de chant), concept né en 2007 du côté de Nashville, et qui a pris le temps de sortir deux LP (Shinerboy en 2015 et Duane en 2001), de participer à des splits, des compilations, de propager quelques simples, mais surtout, de repousser les limites techniques et Free d’un hardcore qui serait à même de faire passer les DEP, CONVERGE, PSYOPUS, CANDIRIA et COMITY, pour de jolis banquets d’assureurs en mal de blagues couvertes au tiers, mais pas en tout risque.
Un duo pour qui le mot « « liberté » veut tout dire, le tout et son contraire, et qui explore toutes les possibilités d’une accroche en tandem pour repousser les limites d’un Rock Noisy décomplexé, qui exhorte son message à grands coups de syncopes et de multiplication des riffs comme autant de plaies d’Egypte.
Difficile à suivre ?
Autant que leur musique, qui pourtant sur ce troisième longue durée semble trouver refuge de temps à autres sous l’auvent de mélodies tuées dans l’œuf, sans rendre leur démarche plus compréhensible et accessible.
Finalement, leur optique UNSANE passé au mixeur de la schizophrénie de triples croches est de plus en plus convaincante, même si s’accrocher à un thème quelconque et reconnaissable est toujours aussi difficile.
Mais qui a dit qu’on avait besoin d’une balise pour se sentir rassuré ? Là n’est pas le sentiment que Chappy et Tyler cherchent à provoquer chez leurs auditeurs potentiels, mais plutôt à les affoler d’une nouvelle conception d’un Post Rock Noisy évolutif, utilisant les méandres du Mathcore comme lieu de perdition ultime.
En substance, Crucial l’est, mais il est aussi leur album le plus et le moins abordable. Le plus, car comme je le disais, la mélodie a su se tailler une toute petite place dans l’opacité ambiante, le moins, puisque les délires de Chappy à la guitare sont de plus en plus épidermiques et incontrôlables, au point de friser l’indécence de prolifération, même sur les titres les plus « simples » (« Marathon Ripper », offert en amuse-gueule avant la sortie officielle de l’album).
Simple ?
Le mot est en effet mal choisi, autant dire que John Zorn aime la Pop et que MERZBOW se délecte de Lounge à l’Hotel Costes. Pourtant la Pop n’est pas définitivement occultée sur ce troisième effort, qui vous en fera faire d’énormes pour tenter de suivre et de rassembler le puzzle.
On atteint parfois des sommets de non-sens dissonant comme à l’occasion du cauchemardesque « Cool River », qui fuzze, lacère, distord, et qui semble tirer des enseignements d’Ornette Coleman de quoi boucher les trous Mathcore de DILLINGER ESCAPE PLAN.
Les morceaux sont bien évidemment la plupart du temps très brefs, comme des grosses claques dans ta face, mais une fois par ci par là, ils prennent leur temps et ça nous donne des dérivations en triphasé genre « Light-up City », qui irrite, qui louvoie, qui frappe en plein pif, mais pas que.
Le morceau débute d’ailleurs par un des plans les plus anti-musicaux mais stables de l’ensemble, avec une belle osmose riff étouffé et rythmique muselée, avant que la connotation progressive ne s’impose par touches fugaces et que la dissonance une fois de plus nous ramène vers le New-York de l’orée des nineties, celui là-même qui cherchait des solutions à la vague No-Wave ayant déferlé quelques temps plus tôt. Chappy hurle comme un monstre hybride entre Chris Spencer et Lydia Lunch, et on pense même lorsque les débats se stabilisent à une version vraiment sadique de BREACH, qui reprendrait « Diablo » en pensant à FANTOMAS.
Dans le genre, « Driveway » n’est pas piqué des hannetons non plus, et joue l’ignorance de la logique la plus bienséante pour nous plonger dans un bain d’acide Post-Hardcore, avec encore une fois quelques allusions légères à des harmonies asphyxiées par un Chappy qui se prend pour une angine blanche. Décélérations, adaptations du tempo pour des mouvances en oscillation, feedback assourdissant, riffs presque Rock à la SEX SNOBS moins blasés, et puis, une lumière anti-musicale aveuglante, mais rythmiquement fascinante.
« Lazy River » nous avait déjà fait le coup plus en amont, mais de façon plus élégante. Ce qui n’empêche nullement les deux farceurs d’imposer des intermèdes glauques (« My Crucial »), des fulgurances qui collent des céphalées et des saignements de nez (« The Smell Of The Bag », on a le sentiment que ça doit être n’importe quoi, mais pas du tout), des pauses lancinantes et trompeuses dans l’accalmie de surface (« Let Going », ça caresse dans le sens du poil, avec des arpèges qui ne prédisent rien de bon), ou encore, puisqu’on n’est pas à ça près, des hits Free de l’impossible (« Being Kidding », oui on se doute qu’en plus, vous ne plaisantez pas)
Pics d’intensité qui resserrent la camisole de l’esprit, genre Steve Vaï enchaîné dans la cave des ZEUS ! (« Part Tow – Binary Cottage », village virtuel de chaos, au ciel strié de blasts), et final en pied de nez et croc en jambes, avec riff presque unique histoire de nous contredire (« Crucial »).
Je vous dirais bien que ne pas comprendre le truc n’est pas signe de bêtise ou de faiblesse puisqu’il est aussi expérimental qu’un rêve de Beefheart ou de Patton, mais finalement, vous seuls déciderez si oui ou non, Crucial et par extension GNARWHAL méritent le temps que vous pourriez leur consacrer.
Sachez simplement qu’ils ne sont que deux, qu’ils prouvent que le Mathcore ou Post-Math n’est pas qu’un style de journaleux en mal d’étiquettes faciles, et que ce troisième album pousse les choses encore plus loin tout en marquant une pause.
Ce qui n’est pas le moindre des paradoxes d’un album aussi cathartique que Némésis musicale. Sinon, ça fait quoi de se sentir souris dans un laboratoire géré par des dingues ?
Titres de l'album:
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