On ne juge pas un livre sur sa couverture. C’est tout à fait vrai, mais en voyant la superbe pochette du premier album des américains d’ATOMIC WITCH, on ne peut s’empêcher de ressentir une attraction irrésistible qui mène immanquablement à une écoute attentive. Et une fois n’est pas coutume, la pochette avance des arguments que la musique a confirmés, une musique un peu étrange, traditionnelle dans le fond, mais incroyablement personnelle dans la forme.
Quintet originaire de Cleveland, Ohio, ATOMIC WITCH est une sorte de créature étrange, au caractère difficile, et à la personnalité assez peu cernable. D’abord né sous le patronyme de BULK & SKULL, avant de se rebaptiser en 2016, ATOMIC WITCH propose avec ce premier long une sacrée alternative à la old-schoolite ambiante, trempant son Thrash dans une sacrée dose de Death, ou même l’inverse. Mais au-delà du métissage et du dosage, c’est la folie de l’ensemble qui frappe et marque les esprits, notamment grâce à un chanteur totalement halluciné, qui incarne plus ses textes qu’il ne les braille.
Nick Amato (batterie), Czar (basse), Emperor Destroyer (guitare), King Dagon (guitare/chant) et Gorg the Impaler (chant) évitent donc le classicisme pénible pour oser quelque chose de différent, une sorte de violence lyrique improbable qui tient autant du théâtre du Grand-Guignol que d’un carnaval de Venise zombifié. On sent une réelle volonté de s’extirper d’un marasme de prévisibilité, et une envie de proposer autre chose qu’une relecture de la Bay-Area, si facile à singer.
« Psychic Miasma », le premier morceau, pose les jalons, et avertit du caractère singulier de l’affaire. On réalise assez vite que Crypt of Sleepless Malice ne rentrera pas dans la petite case confortable du vintage facile, et on préfère se plonger dans le tracklisting avec attention pour bien saisir l’air de saison. Attention à la méprise toutefois. ATOMIC WITCH est original, sans conteste, mais n’en est pas pour autant imperfectible. Ce premier longue-durée ne parlera pas à tout le monde, et les amateurs de violence pure et simple en seront pour leurs frais. On pense à une version Lewis Carroll de KING DIAMOND et MERCYFUL FATE (« Love Curse »), ou à un coït prémédité entre DEATH SS et SADUS, mais en tout cas, à quelque chose qui sort de l’ordinaire, et qui fait un bien fou en cette période de disette créative.
Opéra maudit joué par des acteurs en pleine crise de démence, Crypt of Sleepless Malice est effectivement très malicieux, et totalement envoutant. On sent que les morceaux ont été composés pour s’imbriquer les uns dans les autres, et créer une sorte d’atmosphère tragico-violente, aussi Death que Thrash mais aussi musicale que chaotique. Inutile donc de croire pouvoir anticiper les plan d’un quintet qui ose toutes les déviances, mais qui ne crache pas sur un brin d‘efficacité immédiate. Seulement, cette dite efficacité se formalise au travers de plans totalement hallucinants, et de lignes vocales dignes d’un schizophrène en pleine crise identitaire.
En gros et en détail, on n’est pas pris pour des cons, et on headbangue tout en réfléchissant. Sans être forcément intellectuel, Crypt of Sleepless Malice stimule les connexions synaptiques, et nous oblige à revoir notre copie concernant les albums trop faciles et photocopiés sans audace. Preuve est donnée que le Death/Thrash ricain peut être autre chose qu’une resucée des classiques, et un morceau aussi dément que « Too Rotten to Die » justifie à lui seul une visite prolongée du Bandcamp du groupe.
Une image vient en tête après quelques écoutes, celle de CRADLE OF FILTH se prenant pour le nouveau sauveur du Thrash US. En effet, la voix assez aigue de Gorg the Impaler, les parties de double grosse caisse de Nick Amato, et les riffs tragiques de la paire Emperor Destroyer/King Dagon peuvent évoquer une certaine complaisance Black Metal, transposée dans un contexte plus franc et moins décoratif.
Il vaut mieux abandonner toute envie de classification en écoutant ce premier album, d’une maîtrise incroyable. Et si pour le moment, quelques mouvements restent gauches, si quelques idées se répercutent d’un titre à l’autre, on sent qu’ATOMIC WITCH a largement les atouts pour jouer les premiers de la classe, et nous sortir un magnum opus dans les années qui viennent. Pour vous en persuader, comptez le nombre de plans contenus dans un cadre de moins de trois minutes, et comprenez que cette débauche d’idées ne nuit aucunement à la cohésion de l’ensemble. Et sincèrement, ne pas craquer pour la basse en circonvolutions de « Spooky Technology » serait vraiment une preuve d’extrême mauvaise foi.
En une demi-heure, Crypt of Sleepless Malice fait montre de plus d’inventivité que la discographie intégrale des cadors de la nostalgie des années 2000/2010/2020. Un argument promotionnel qui tient la route, et qui vous obligera à sortir des sentiers battus, pour suivre un chemin pas forcément bien tracé, mais Ô combien plus intéressant à fouler.
Titres de l’album :
01. Intro
02. Psychic Miasma
03. Leather Noose
04. 70,000 Skulls
05. Love Curse
06. Too Rotten to Die
07. She Drifts
08. Cemetery Mud
09. Spooky Technology
10. Casket Dagger
11. Crypt of Sleepless Malice
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