La pochette est déjà bien chelou. Dans le genre « test d’entrée aux Moches-Arts », ou « compétition d’illustration à la main en CM2 », on a rarement fait moins bien. Ces trois aliens qui n’en font qu’un, leurs vaisseaux spatiaux qui lévitent au lointain, et cette patine grossière n’inspirent pas vraiment confiance, mais comme on le dit à raison, on ne juge pas un album sur sa couverture. D’autant qu’il commence à faire froid, et qu’on en a besoin.
ETERNAL DREAD ne se présente donc pas sous les meilleurs auspices. Difficile d’avoir envie d’en savoir plus sur ce jeune groupe d’Ottawa, Kansas, sans être un complétiste acharné de la cause Death Metal cryptique, underground, et carrément inconnu. Mais les plaisirs mineurs sont parfois indétectables, et c’est donc avec une saine curiosité que je me suis plongé dans ce premier album, aux eaux aussi troubles que la situation politique de notre beau pays.
Et là, deuxième surprise s’il en est : le son. Atroce, sec, sans ampleur, avec une batterie qui donne le sentiment d’avoir été enregistrée dans un garage sur du matériel de fortune, des mélodies jouées sur un clavier fatigué, et une guitare qui grogne plus qu’elle ne joue. L’ambiance sci-fi cheap, à la manière d’un Ed Wood du Metal extrême n’est pas si désagréable, mais la production souffre d’un manque de moyens évident, même si le résultat obtenu est (peut-être) celui recherché. On peut excuser le principe dans le cas d’une démo, mais c’est déjà plus discutable pour un premier album, qui est censé tenir lieu de présentations officielles.
Après avoir lu ce laïus, vous devez vous douter que j’ai trouvé l’expérience assez désagréable. C’est en partie vrai et pourtant émane de ce premier long un parfum de naïveté assez plaisant, comme une esquisse un peu gauche et de traviole qui choque le regard, mais qui l’hypnotise en même temps. D’une gravité conséquente, Crypts Of Morbid Decay s’attache à dépeindre un monde en pleine déliquescence, entre apocalypse et purgatoire, et redonne ses lettres de pourriture à ce Death underground que des groupes comme SEMPITERNAL DEATHREIGN, dISEMBOWELMENT ou autres ont popularisé à la force du poignet.
Alors, comment juger le travail d’Evos (batterie), Obscurum (guitare), Fog (guitare/chant) et Tyler Aber (basse) ? Comme on jugerait une grossièreté Raw Black, avec toute l’objectivité nécessaire. Le parti-pris est osé, ou peut-être imposé par une impossibilité de faire mieux, mais le résultat n’est pas si désagréable. Crypts Of Morbid Decay est certes maladroit, mis en place à la louche, mais il en émane de délicieux effluves de putréfaction, et de rencontre du troisième type avec des aliens qui ignorent le sens du mot hygiène.
Assez mid la plupart du temps, constellé de petits plans WTF, ce premier album est fascinant de son ascétisme. Pourtant, la créativité n’est pas si loin, et il suffirait de faire le tri dans les fréquences pour rendre ce travail plus fréquentable. L’époque des tapes envoyées de par le monde vous revient en pleine face, et on imagine bien avoir découvert l’objet dans une enveloppe timbrée aux Etats-Unis, en échange d’une incongruité nationale. Très américain d’ailleurs dans les réflexes, ETERNAL DREAD mixe le Doom, le Death, joue le tout come un groupe de Black un peu feignant sur les bords, et nous gratifie de quelques trouvailles étonnantes, entre sifflantes hasardeuses et coups de vibrato à l’envi.
Et pourquoi pas après tout ? Qui a dit que l’art se devait d’être carré et professionnel ? Personne, mais ce qui manque à ce disque minimaliste est une mise en place un peu plus rigoureuse, et des idées plus variées. Ainsi, la patience est méchamment rongée par l’immonde « Dead Ruin », qui empeste la répète à plein nez, et qui enterre la batterie encore un peu plus profondément dans le mix.
Je m’interroge sur les circonstances d’enregistrement d’un tel machin. Je m’interroge aussi sur ses motivations thématiques et cette obsession d’un autre monde qui nous attend les bras éventuellement ouverts. Mais plus encore, je m’interroge sur ce qui a poussé le quatuor à nous coller une baffe de plus de douze minutes en guise d’au-revoir. « Cerebral Deterioration », titre évolutif et épique s’il en est, reprend à son compte les éléments précédents pour les noyer dans un Death progressif au son granuleux et parfois indiscernable, alors que certains soli auraient mérité un peu plus d’attention.
Est-ce la version Youtube de l’album qui aiguille sur un encodage hésitant ? Est-ce la version définitive d’un travail que l’on souhaite garder intimiste et à échelle humaine ?
Posez la ou les questions à ces aliens dessinés avec les pieds. Ce sont les seuls à avoir la ou les réponses.
Titres de l’album:
01. Exodus of the 3rd Planet
02. Infested
03. Homidical Substance
04. Morbid Silence
05. Kingdom of Gloom
06. Spread of Radiation
07. Dead Ruin
08. Creature of Malice
09. Memories of Earth
10. Cerebral Deterioration
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11