Et hop, en douce, on nous refait le coup du supergroupe, et ça faisait longtemps quand même. Alors supergroupe, on connaît l’arnaque, généralement, ça pue le faisandé, le fun fumier ou la démonstration boursouflée, et ce, même si le casting est impeccable et loin d’être formaté.
Alors en plus ça sort des usines Ipecac, et on sait le label capable de s’engager auprès d’un truc bricolé à la va-vite. Donc, on se gratte la tête et on s’interroge, et du coup, on regarde les gens impliqués.
Pas rassuré forcément, on note la participation active des deux tiers des MELVINS, Buzz évidemment et Dale, on prend acte de la présence du AT THE DRIVE-IN/MARS VOLTA Omar, et surtout, de l’implication derrière le micro de la charmante et vénéneuse Teri Gender Bender (Teresa Suárez quand il faut faire des démarches administratives) des LE BUTCHERETTES.
Bon, on sait que le gros Buzzo se débrouille bien tout seul pour trouver des plans foireux, mais avec le garde-fou Dale à ses côtés, on se dit que son imagination potache a peut-être été bridée.
On sait Omar et Teri en couple humainement et artistiquement, alors on n’en sait pas plus finalement. On sait aussi que les MELVINS et les LE BUTCHERETTES ont tourné ensemble en 2015, se rejoignant même pour quelques reprises bien ou mal senties (genre « Fascists Eat Donuts » des POP-O-PIES ou « Rebel Girl » des énervées BIKINI KILL), alors on se dit (on se dit beaucoup de choses en fait), que tout le monde se connaît, s’entend bien, et semble capable de produire un album susceptible de résumer chaque aspect de leur personnalité/groupe, même si deux gros tiers des MELVINS vont finir par faire pencher la balance du côté d’un gros Sludge alternatif libre et bizarre. Un nouveau Houdini ?
Pas si loin que ça finalement, mais pas forcément non plus, même si de temps à autres, tout ça sonne comme un nouveau MELVINS inédit avec une femme qui chante et qui mélodise. Mais non, c’est BEAUCOUP plus que ça. Vraiment.
En tout cas, beaucoup plus qu’un nouvel album de Dave et Buzz, qui depuis quelques années ont tendance à fatiguer niveau inspiration.
Ici, elle est multiple, tâte du Psychédélisme, du gros Vintage Rock bien lysergique, mais aussi d’un Sludge avec touche féminine appréciable, qui pourtant, ne donne pas dans la dentelle niveau lyrics. Puisque évidemment, c’est Teri qui s’en est chargée, vous vous en doutiez. Elle n’est pas là juste pour faire joli et faire vibrer ses cordes vocales. Et c’est TANT MIEUX !
Ce premier album éponyme, niveau technique, a été produit partiellement à Los Angeles avec le fidèle des MELVINS Toshi Kasai, et partiellement à El Paso, Texas, par un ex BUTCHERETTE, Chris Common. Beaucoup de breaks durant la conception histoire de s’aérer la tête, et des films ingurgités, des donuts, de la bouffe, et un résultat qui ne file pas la gerbe, loin de là. Et au-delà du concept pourri de supergroupe, Crystal Fairy pourrait bien être un des meilleurs albums de ce début d’année.
Buzz Osborne :
« Je voulais emmener Teri vers un truc plus Heavy Metal. Un truc dont elle n’avait pas l’habitude. Elle s’est adaptée très rapidement. Et pourtant Dieu sait si elle n’est pas franchement Heavy Metal ».
Dale Crover :
« Teri est venue en répétition, et nous lui avons dit, « Ok, qu’est-ce que tu n’as jamais fait ? », elle nous a répondu, « Ben, je n’ai jamais fait de Rap ! ». Et nous, genre… « Ouais, ben c’est pas le genre de truc qu’on va faire ici. »
Et finalement, CRYSTAL FAIRY ne fait ni l’un ni l’autre, même si à cause, malgré, ou grâce à Dale et Buzz, ce premier album sonne forcément Heavy Metal quelque part.
Une sorte de Heavy Metal alternatif, qui ose des textes féministes essentiels pour le rendre moins machiste, et qui en définitive, propose une vision très BIKINI KILL du Metal d’aujourd’hui, avec un soupçon de délire psychédélique des 70’s.
Un peu comme si la vague des Riot Grrrls se la jouait délire sur du JANE’S ADDICTION en écoutant les BLUES PILLS assises à côté des MELVINS et BREACH. Un truc vraiment lourd parfois, souvent Rock débridé à la SONIC YOUTH, parfois complètement évaporé mais les deux pieds sur terre, comme la BO d’un pulp movie pas signé par Tarantino, mais par un réal d’origine mexicaine genre Rodriguez, bien décidé à nous en coller plein les mirettes avec des personnages hauts en couleurs et qui n’ont rien à perdre.
Et avouons-le, c’est franchement génial.
D’ailleurs, ça l’est dès l’ouverture de « Chiseler », qui cavale grave et qui laisse une basse énorme prendre le pas sur des guitares un peu timides mais grasses, le tout survolé de la voix évanescente et juvénile de Teri. Le son fait immédiatement penser aux MELVINS, mais qui partageraient la fuzz avec une version hologramme des HOLE ou de SLEATER KINNEY. Un truc un peu raide mais élastique, alternatif évidemment, et surtout, efficace et mélodique, genre hit vintage qui reste gravé dans l’inconscient.
Parce que le quatuor se l’est jouée fine quand même. Pas de long délire pesant et étouffant, des trucs courts remplis de gimmicks cools, et beaucoup de thèmes qu’on retient.
Ils l’ont eux-mêmes dit, tout est allé très vite, MELVINS style, et au bout d’une ou deux répètes, des morceaux entiers se dégageaient.
Tiens, « Necklace of Divorce » a giclé comme ça d’ailleurs. Et ça se ressent à la première écoute, parce que ça pourrait dater des 90’s comme des 70’s. Et pourquoi ? Parce que la voix de Teri est toujours aussi incroyable et versatile, comme une X-men vocale (ou X-women, sorry) capable de muter selon les émotions. Puissante, caressante, sournoise, séduisante, menaçante, castratrice, toute la palette d’émotion est là, sous vos oreilles. Et comme les trois autres savaient très bien de quoi elle était capable, ils ont adapté l’inspiration au meilleur de leur niveau. Et ça en dit long non ?
Tiens, le giclant « Crystal Fairy » et son épisode psychiatrique en camisole de Sludge bluesy qui colle au palais, ça ne ressemble pas à une prescription médicamenteuse par hasard ? Et Teri qui chante comme Katie Jane Garside et Billy Corgan à la fois…Derrière, un mur de riffs énormes, à la SAB’, mais aussi dans une communion entre Kim Gordon et les MASTODON. Bref.
« Bent Teeth » se prend pour un THERAPY englué sur la toile bien tissée d’un JANE’S ADDICTION en pleine descente de Haight-Ashbury.
« Moth Tongue » est le plus MELVINS du lot, mais aborde le sujet grave des violences domestiques d’une voix perdue dans l’écho et la réverb’. « Posesion » pioche une fois de plus dans l’héritage des chaotiques nineties, mais le fait, con gusto, et revendique en moins de trois minutes l’héritage des BIKINI sans en avoir l’air, et en plus violent, bien sûr.
« Sweet Self », joue le Nick Cave, mais façon Kate Bush sous acides. Et rappelle même les injections les plus occultes des 70’s, sans toucher à COVEN de trop près.
Et le plus long « Under Trouble » tombe dans le Blues inquiétant et larvé, avec des fréquences à la limite de la saturation. Riff à l’économie rachitique, et longue progression qui laisse la tension s’installer, pour une montée orgiaque. Une sorte de valse cauchemardesque entre QUEEN ADREENA et un LED ZEP pas vraiment bien réveillé. Mais un truc immédiat qui sent l’ad lib, et qui s’incruste sous vos cheveux. Pas ceux de Buzz, les vôtres, nous sommes d’accord.
Bon, est-il temps de dresser un bilan de ce premier disque qui risque fort de BEAUCOUP faire parler de lui ? Et d’elle par extension ?
« Sur cet album, de quoi êtes-vous le plus fière ? »
« Oh…Les souvenirs. »
C’est Teri qui répond à cette question, et vous savez quoi ? On la croit sur parole. Parce que finalement, malgré l’argument, CRYSTAL FAIRY n’est pas un supergroupe. Juste quatre potes, musiciens, ce que vous voulez, qui ont composé et joué ensemble, et qui ont grave pris leur pied. En laissant traîner quelques messages sur le bord des sillons.
Comme si la puissance et l’importance de chacun de leurs groupes respectifs s’étaient vues additionnées en studio pour atteindre une créativité énorme. Il est d’ailleurs étonnant qu’ils aient réussi à capter ça sans se brûler, tellement c’est incandescent.
Beau comme un premier album presque imparfait, et comme le talent conjugué de musiciens qui se connaissent par cœur.
Et s’aiment. Et nous aiment aussi.
Titres de l'album:
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