Le temps est orageux, et le climat politique international un peu tendu. Bon. Alors, en guise de protestation passive, je me suis permis de glisser le premier EP d’une bande de New-yorkais un peu affolés dans les oreilles, histoire d’être ton sur ton.
Bonne pioche, le combo en question n’ayant pas la hargne dans ses poches.
Non, ces quatre-là auraient plutôt les poings serrés et les mâchoires aussi. Et dans le créneau d’un Powerviolence bien tassé, ce quatre titres est en passe de devenir une future référence.
SEPTIC ROT donc, quatre collègues (Kathi – basse/guitare, Josh – guitare, Tommy – batterie, et Kiki – chant), un simple Bandcamp avec cette seule réalisation au compteur, pas de page Facebook ni officielle, et une musique qui parle d’elle-même, enfin, qui hurle plutôt.
Sans friser les cimes de l’originalité, le quatuor tangue plutôt du côté Fast où il va sombrer, et fait preuve d’une belle énergie pour nous convaincre de son potentiel de véhémence.
Mais il est vrai que je ne suis pas le plus objectif des clients, puisque j’ai souvent avoué ma passion pour le Powerviolence au chant féminin. Et une fois de plus, je me suis laissé séduire par le timbre hystérique de Kiki, qui malmène son micro et ses cordes vocales pour se mettre à la hauteur d’un instrumental assez méchant. La rythmique cogne bien mais pas unilatéral, et si les riffs sont uber rapides, on en retient quand même quelques-uns, quand cette vocaliste de l’enfer les laisse un peu respirer.
Mais la bougresse ne manque pas de souffle et ne marque que peu de pauses. Mais elle ne fait que se mettre au diapason d’un EP qui joue sur l’effet de surprise et de violence, et qui propose des morceaux cohérents, mais suffisamment variés pour ne pas bailler.
Rien qui ne dépasse les deux minutes, et une sacrée malice d’avoir placé un des plus bourrus en ouverture. Dès ses premières secondes, « Ichor » laisse parler les blasts qui se vautrent dans une ambiance de folie, avant de laisser place à un Fastcore/Crust dru, qui lui-même ne rechigne pas à fricoter avec le Grind ou les stridences/dissonances Post Hardcore.
Pas mal de feedback donc, mais pas histoire de masquer la pauvreté musicale, plus par souci d’augmenter le niveau de chaos ambiant.
D’ailleurs, « Restless Dead » se cale sur la même ligne, avec usage d’un mid tempo bondissant histoire de provoquer un bon pogo/slam live.
L’osmose entre les musiciens est palpable (mais il semblerait qu’ils se connaissaient déjà avant l’aventure, dixit un usager de Facebook), et dès les morceaux plus conséquents, on sent que les mecs ont du métier Core derrière eux. Le pas ralentit un peu à l’occasion de « Langour », plus Hardcore sale que Fastcore qui crève la dalle, et la complémentarité des deux guitaristes Josh Gaon et Kathi Ko devient alors évidente. Et même si tout se barre en couille à l’occasion d’un break/refrain plus Grind qu’un tic de Mick Harris, la structure globale est logique, et la haine tenace.
« Hectabomb » se veut clôture qui laisse sur les rotules, avec excès de feedback et lourdeur oppressante, pour se rapprocher d’un Sludge maladif qui toutefois ne s’impose pas plus de quelques secondes.
Là est l’intérêt de ce groupe qui semble prendre un malin plaisir à mélanger et malaxer les styles pour se créer le sien, tout en gardant l’emprise sur une violence très concrète.
En écoutant un simple morceau, on peut penser à PRIMITIVE MAN, aux CLOSET WITCH, aux MELVINS, à la vague New-yorkaise bruitiste de la fin des 80’s, à la scène naissance de Seattle, enfin bref, à tout ce qui est abrasif et fait pour vous caresser dans le sens inverse des poils.
Mais sept minutes, ça passe évidemment un peu vite, et le rab’ vient à manquer. Et comme en plus la production sait rester crue mais bien épaisse, on le regrette d’autant plus.
En tout cas, saluons ce premier EP comme le majeur tendu par un nouveau groupe qui n’a pas l’intention de faire de la figuration, et qui confirme que New-York a su rester en prise avec les tendances extrêmes actuelles. Boston, Nashville, la Louisiane, Washington OK, mais quand même.
Tiens, l’orage est finalement passé sans éclater. Un truc que j’écoutais a dû lui faire trop d’ombre je suppose…
Titres de l'album:
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