Culture of Violence

Extinction A.d

18/03/2022

Unique Leader Records

Entre Thrash et Hardcore, il y a le Crossover. Mais entre le Crossover et le Hardcore, il y a le Metallic Hardcore. Et entre tout ça, il y a les américains d’EXTINCTION A.D, l’un des groupes les plus pugnaces de sa génération, et l’un des plus puissants aussi. Depuis 2013, et plus encore 2015 avec le largage de la bombe Faithkiller, ce quatuor de Long Island, New-York n’a eu de cesse de nous provoquer, d’attiser nos sens pour nous éveiller à la réalité blafarde d’un quotidien pesant, via une pratique instrumentale ouverte et une propension à synthétiser tous les styles les plus agressifs de l’underground.

Certains les voient comme des supporters Hardcore plein de ressentiment, les autres comme des thrasheurs ne crachant pas sur un brin de réalisme. Mais finalement, quelle importance puisque chacun de leurs albums est une claque dans la face des illusions, et encore plus aujourd’hui alors que le climat s’assombrit dans tous les domaines et toutes les régions du monde. Et en négociant le virage de ce troisième chapitre, les new-yorkais ont accentué leur rage pour la rendre palpable à travers les enceintes.

Entre radicalisme Hardcore et urgence Thrash, Culture of Violence se pose là. Tendu comme une corde à piano prête à te défigurer la tronche, ce troisième album est un concentré de colère, une masse informe de C4 posée sur un pylône de centre commercial, prêt à faire péter la société dans son ensemble. En resserrant les rangs, les quatre acolytes (Mike Sciulara - batterie, Rick Jimenez - chant/guitare, Ian Cimaglia - guitare et Tom Wood - basse) ont concocté l’explosif parfait, de ceux qui dynamitent les barricades dans les grandes largeurs. Et pour jauger de leur esprit revanchard, rien de mieux que l’écoute du monstrueux « Mastic » qui en dit long sur leur envie de tout faire exploser dans un feu d’artifices de revendications ultimes.

Sur ce titre, les EXTINCTION A.D condensent tout ce qu’on adore dans le Crossover/Metallic Hardcore moderne. Une rythmique totalement débridée et fatalement Thrash, et une pression constante sur les tempes d’un canon de flingue chargé. D’un phrasé ferme et vindicatif, Rick Jimenez nous hurle ses tripes à la tronche, et présente un tableau peu gratifiant de la vie moderne sur une planète exsangue. La société en prend pour son grade, mais nos oreilles aussi : car en se faisant passer pour un WHITE ZOMBIE travesti, les EXTINCTION A.D nous refourguent un « 1992 » très dansant, mais sur des braises ardentes.

En gros, si vous cherchez un exutoire à votre frustration sans avoir à casser tout votre mobilier Ikea livré à domicile, Culture of Violence se pose là comme thérapie fulgurante. Méritant son titre à chaque riff, cet album est un trauma transformé en musique, et la seule  façon de concevoir l’avenir : via la révolte, les cris, et la destruction systématique des valeurs capitalistes. Alors évidemment, avec une ouverture tonitruante de la musculature de « Culture of Violence », pas de tergiversation ni de faux-semblant : la caisse claire donne tout, les guitares brûlent dans un déluge d’acier, et l’up tempo accompagne à merveille ce chant haineux et viscéral. En un morceau, EXTINCTION A.D nous dépeint l’actualité avec une acuité extraordinaire, fait mal à nos illusions, mais nous traite dignement d’un Metal perméable aux pluies Hardcore les plus acides. Comme la bande-son WWE d’un combat entre deux monstres de légende, Culture of Violence sait que le temps presse et que la cloche ne va pas tarder à sonner. Donc, « Dominion », « Thirteen » ne ménagent ni les passages sombres ni les breaks beatdown pour nous écraser les roubignoles, la basse nous claque comme une badine sur le cul, mais les soli restent Metal, et les arpèges parviennent même à se faire une place.

Pas le temps d’esquiver, nous sommes pris pour un punching-ball gratos, et nous subissons tout ce que les musiciens reprochent à ce monde de merde. Extrêmement compact, mais savamment fluide, cet album propose tout ce que les américains savent faire de mieux, y compris ces mid-tempi qui donnent envie de se jeter dans le pit pour défoncer deux ou trois faces.     

« Behind the Times », uppercut impitoyable, « Star Strangled Banner » qui vitriole la statue de la liberté, « Praise the Fraud » survitaminé comme un boxeur sous coke, tout empeste la sueur, les accélérations sont incroyablement puissantes, et l’équilibre entre Metal et Hardcore parfait.

Parfait comme un album qui ne tourne pas autour du pot mais qui shoote dedans avec rage. Une véritable leçon de violence qu’on encaisse comme on peut, mais qui laisse des séquelles. Et qui risque de forcer les autres groupes à revoir leur dosage de sincérité. Ici, tout respire la franchise, un peu trop parfois, mais en 2022, la rêverie et les illusions n’ont plus leur place.

Seule la lucidité d’un combat final importe. Et mieux vaut y être préparé les poings serrés et bandés.

 

 

Titres de l’album :                                              

01. Culture of Violence

02. Dominion

03. Thirteen

04. Mastic

05. 1992

06. Heads Will Roll

07. Behind the Times

08. Star Strangled Banner

09. Praise the Fraud

10. National Disaster


Facebook officiel

Bandcamp officiel


par mortne2001 le 12/04/2022 à 15:31
85 %    659

Commentaires (1) | Ajouter un commentaire


Jus de cadavre
membre enregistré
19/04/2022, 15:45:39

Alors le petit côté "moderne" dans leur zic c'est pas trop mon truc, mais faut avouer que ça cogne dur et que c'est efficace ce truc !

Ajouter un commentaire


Derniers articles

Winter Rising Fest 2024

Simony 20/11/2024

Live Report

Mars Red Sky + Robot Orchestra

mortne2001 17/11/2024

Live Report

Benighted + Anesys

mortne2001 02/11/2024

Live Report

Dool + Hangman's Chair

RBD 25/10/2024

Live Report

Rendez-vous

RBD 21/10/2024

Live Report
Concerts à 7 jours
Tags
Photos stream
Derniers commentaires
Simony

Oui j'ai mes commentaires qui se mettent en double des fois....   

21/11/2024, 09:20

Orphan

"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)

21/11/2024, 08:46

Jus de cadavre

Est-ce qu'ils seront au Anthems Of Steel 2025 ? Pardon Simo   

20/11/2024, 22:29

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Simony

Et ils seront au Anthems Of Steel 2025 !

20/11/2024, 17:30

Saul D

La relève de Manowar ( vu le look sur la photo)?

20/11/2024, 14:08

Tourista

Quand on se souvient du petit son des années 80...  Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique.   C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure. 

19/11/2024, 21:57

Jus de cadavre

Album jouissif ! Le pied du début à la fin !

15/11/2024, 17:19

MorbidOM

J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)

15/11/2024, 09:51

MorbidOM

@Gargan : ils n'ont pas pu jouer l'année dernière 

15/11/2024, 08:01

Gargan

Oh purée les « clins d’œil » au Hellfest et à Glaciation  

15/11/2024, 07:18

Gargan

Encore Magma!

14/11/2024, 20:20

Tourista

Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément.  (...)

14/11/2024, 09:20

Humungus

Ca c'est de la pochette !

13/11/2024, 09:18

Tourista

Ben voyons. Le mec qui planque des jetons sous la table !

12/11/2024, 17:51

Gargan

QUADRICOLOR 

12/11/2024, 13:23

Humungus

Pas mieux.3 lettres : ÂME.

12/11/2024, 11:14

Tourista

5 lettres : MAUVE. 

12/11/2024, 06:50

Buck Dancer

J'imagine que c'est sans Alex Newport, donc, pour moi, zéro intérêt cette reformation.

11/11/2024, 16:15

Humungus

NAILBOMB ?!?!?!?!Putain de merde !!! !!! !!!J'savais pas qu'ils étaient de nouveau de la partie !!!Du coup, je regarde s'ils font d'autres dates...Ils sont à l'ALCATRAZ où je serai également !Humungus = HEU-RE(...)

11/11/2024, 10:09