« Soigné, mais pas guéri ». Ok. Mais pas guéri de quoi ? Des désillusions constantes sur l’humanité ? Du nihilisme de conscience qui fait comprendre que l’homme court à sa perte ? Que le monde n’est pas un endroit merveilleux ou vivre ?
De cette envie de s’exprimer via un vecteur minimaliste, celui d’un Raw Black qui va puiser son inspiration dans les racines d’un style ?
Difficile de savoir exactement le message que ces Hongrois souhaitent faire passer, alors même que leur musique est assez simple d’approche…Visiblement, l’espoir n’étouffe pas leurs cœurs, puisque les titres de leur troisième album se concentrent sur un malaise tangible, de perte de repères, d’oxygène, de corps en décomposition et de cercles noirs comme un avenir obstrué par la désillusion….
Bref, un univers BM tout ce qu’il y a de plus typique, mais à l’ambiance assez suffocante et prenante, loin des pires exactions du genre qui a tendance à très vite tourner en rond…
J’ai connu les KOLP via un mail me proposant de chroniquer leur troisième longue durée, ce Cured But Not Healed qui fait suite à deux précédents LP.
Peu d’informations de formation à se mettre sous la plume, mais une première trace discographique recensée en 2010 avec un premier album, The Covered Pure Permanence, suivi deux ans plus tard par The Outside, avant que les Hongrois ne publient un premier EP, The Valley Of The Plague, qui fut enchaîné à une rétrospective en format box, sobrement auto-intitulée.
Un split avec les collègues nationaux de LEIRU plus tard, les voilà donc affrontant l’écueil du troisième album si redouté, et passant la rampe avec un certain panache, sans rien renier de leurs convictions antérieures qui font toujours foi et loi.
Composé si j’en crois les sites officiels de deux membres permanents, Knot s’occupant de la musique et Jim Jones du chant et des textes, KOLP est donc un projet aux desseins assez sombres mais traditionnels, qui gravitent dans une galaxie de BM très cru et ténébreux, ne cherchant ni la fantaisie ni la provocation de l’innovation à outrance, mais respectant scrupuleusement les codes énoncés il y a quelques décennies par la vague nordique menée de front par les DARKTHRONE et autres BURZUM/BEHERIT.
Moins sauvages que la plupart de leurs références, les Hongrois jouent une musique assez facile d’accès, et se concentrent sur des thématiques classiques, qu’ils manipulent mélodiquement avec une certaine aisance. Leur trame instrumentale se repose sur une guitare très acide qui semble avoir été accélérée au mixage pour bénéficier d’un son un peu flottant, et des patterns rythmiques en blasts qui daignent assez fréquemment décélérer pour se frotter un à un Funeral Doom/Depressive Black assez conséquent et déprimant (à partir de «Decompose (Till Only Skin Remains) »). D’ailleurs, le point le plus intéressant de cet album reste son évolution globale, puisqu’il semble avoir été découpé en deux parties bien distinctes. Si les trois premiers morceaux, malgré quelques signes de pesanteur patents, se concentrent sur une violence et une vitesse indéniable, les trois suivants préfèrent casser ce schéma, et se focaliser sur une lourdeur de ton et de fond, évoquant tout autant les efforts les plus introspectifs de DARKTHRONE que certaines histoires de FORGOTTEN TOMB, en version toutefois moins empesée et délibérément déprimante.
Mais dire que la joie est absente de ce troisième album est un lénifiant euphémisme, puisque la musique, qu’elle soit véhémente et brutale ou morbide et éprouvante, reste d’une froideur assez rigide et d’une pâleur assez repoussante.
Avec des compos simples qui la plupart du temps se basent sur deux ou trois idées/riffs, les KOLP ne cherchent pas la démonstration mais l’efficience, et jouent l’économie de moyens pour rester rattachés à un underground de mouvement, d’idées et de moyens, en collant aux préceptes uniques d’un BM rachitique, toutefois gonflé d’une production un peu moins squelettique que la moyenne.
Et ça fonctionne bien, puisque les deux musiciens ont quand même du métier derrière eux. Un morceau comme « Pitch-Dark Circles » est d’une percussion maximale et bénéficie d’un motif de guitare circulaire et redondant qui hypnotise l’auditeur, tout en le balançant d’une rythmique chancelante, qui ose les blanches à contretemps sur la caisse claire, tandis que la crash vrille à intervalles réguliers comme un mantra oublié.
Basse ample mais minimaliste qui se fraie un chemin pour un break inopiné, hurlements vocaux sur fond de dissonances assez prononcées, on pense évidemment à Panzerfaust, mais aussi à HELLHAMMER, celui de « Triumph Of Death », dont les échos semblent toujours aussi présents trente ans plus tard.
Le final « To The Pit » joue l’ambivalence, et débute même sous des auspices légers, avec un up tempo bondissant et une basse ronde et tournoyante, qui finit par être écrasée par le poids d’un Funeral Doom épais et poisseux, avant de retrouver l’allant de la première partie d’album pour un final aride et rapide nous renvoyant de fait au début du disque.
Fin intéressante qui boucle la boucle et synthétise les influences et l’optique, et qui finalement se veut assez représentative d’un LP qui refuse l’unicité pour explorer tous les recoins d’un BM asséché et râpeux, refusant le minimalisme inhérent à ce type de productions.
Celle des KOLP est tout à fait honnête, lo-fi sans tomber dans l’outrance de fréquences qui se fondent les unes sur les autres, suffisamment roots pour fédérer les fans les plus « true evil », mais largement assez étoffée et dynamique pour ne pas rebuter les plus réfractaires au jusque-boutisme sonore le confinant à la bouillie de démo.
Un troisième album très solide et intelligent qui lie le meilleur des deux mondes, et qui prouve que le BM sait rester underground sans tomber dans la caricature. Et qui devrait plaire tout autant aux fans de Raw qu’à ceux d’un Funeral Black assez pondéré dans les faits.
Titres de l'album:
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30