En ces temps tristounets, célébrons le retour des hordes de Portland, Oregon, ces chantres d’un occultisme de pacotille, ces disciples de VENOM revisité Hammer par Rob Zombie, ces rois du crâne disposé sciemment sur un ampli pour faire plus joli. Deux ans après leur dernière venue, les américains de BEWITCHER reviennent enchanter et troubler nos nuits de leur Heavy/Speed macabre à souhait, mais joyeux dans les faits. Under the Witching Cross nous avait laissé un délicieux goût de vierge sacrifiée dans les oreilles, mais en découvrant le hit « Satanick Magick Attack », nous savions pertinemment que les trois prêtres de la débauche en avaient encore sous le coude pour nous faire fantasmer. C’est ainsi que 2021 se présente sous des auspices pour le moins hédonistes et jouissifs, puisque Cursed Be Thy Kingdom vient perturber notre quotidien avec ses histoires d’horreur cheap et son attitude frondeuse et méchamment Black n’Roll.
On ne peut pas ne pas aimer ces trois trublions, ou plutôt ces deux, puisque de la formation d‘origine ne restent que les membres fondateurs Infernal Magus of Nocturnal Alchemy (aka Andrew Mercil, basse) et Unholy Weaver of Shadows & Incantations (aka Matt Litton, guitare et chant), soutenus rythmiquement à la batterie par Aris Wales (ORDER OF THE GASH) depuis 2019. Et c’est donc avec une nouvelle bordée d’hymnes que les deux malfaisants s’en reviennent tripoter nos doigts de pieds dépassant du drap pendant une nuit d’orage.
Enregistré au The Captain's Quarters à Ventura en Californie, Cursed Be Thy Kingdom a été produit par Armand John Anthony, guitariste de NIGHT DEMON, et mixé par Cameron Webb (MOTÖRHEAD, MEGADETH, ZEBRAHEAD). Sa sublime pochette est l’œuvre de Paolo Girardi (POWER TRIP, INQUISITION, FIRESPAWN), ce qui confère au produit fini des allures d’épiphanie gentiment sombre et taquine, et l’humeur badine affichée par les deux compositeurs fait plaisir à entendre. Toujours aussi prompts à dégainer des hits élaborés en l’honneur de VENOM, Rob Zombie et autres ACID, les BEWITCHER sont un peu les enfants illégitimes d’Endora de la Sorcière bien Aimée, des fouteurs de merde qui détestent la normalité, et encore plus les standards contemporains. Ici, la musique est jouée comme à la grande époque de la relève de la NWOBHM, lorsque le Heavy Metal déviait de sa trajectoire musicale pour adopter des accents plus brutaux. De fait, on connaît déjà la recette par cœur, puisque la même est utilisée d’album en album, avec toujours cette propension à accélérer le tempo à la Phil Taylor pour ramener les BPM à un niveau raisonnable.
La voix d’Unholy Weaver of Shadows & Incantations, toujours aussi rauque et roublarde n’est pas sans évoquer le génie du mal de Cronos, et la connaissance underground de série B encyclopédique de Rob, mais l’ambiance générale, le soin apporté aux arrangements, et l’épaisseur du son global font de ce troisième album l’épiphanie de violence que nous étions en droit d’attendre de ces trois prêtres débauchés et dévoyés. Efficace comme un glaviot craché à la face du bon goût et du solfège, simple comme un doigt d’honneur à hauteur de cartouchière, Cursed Be Thy Kingdom est ce genre d’album qu’on considère comme un défouloir, avant de se rendre compte de sa précision dans l’agression. Les soli bien torchés, les breaks bien amenés, et surtout, une palanquée de riffs à rendre Mantas fou de rage font que le travail des américains est beaucoup moins simpliste et gauche qu’on ne le penserait au prime abord, et si la maturité les pousse à intégrer de plus en plus de mid et de mélodies dans leur brouet, leur musique n’en est pas pour autant devenue polie, encore moins recommandable à un diner de famille. Et si l’intro roublarde « Ashe » lâche une jolie mélodie acoustique presque médiévale sur fond de blanches rondes à la basse, « Death Returns » a tôt fait de nous cramer les tympans de son riff circulaire complètement diabolique. Le tempo est donc donné, et les originaires de Portland continuent donc leur entreprise de folie massive, imposant Halloween comme fête sacrée, et profanant les tables du bon goût avec un plaisir non dissimulé.
En trente-six minutes, pas le temps de traîner ni d’essayer l’option progressive, mais bien de ruer dans les brancards avec des hits beaucoup plus fins qu’il n’y paraît. Ayant toujours aussi bien assimilé les recettes du Heavy/Speed allemand de la première moitié des années 80, les sagouins se permettent toutes les audaces, et speedent comme des desperados sortis de l’enfer pour effrayer le personnage principal d’un film de Robert Rodriguez. Alors, ça gicle comme « Electric Phantoms », ça dépote comme le démarrage en trombe de « Cursed Be Thy Kingdom », mais ça calme aussi le jeu avec une emphase surprenante pour imposer des parties moins faciles et plus évolutives (« Valley of the Ravens »).
On sait pertinemment que sous leur allure de gros méchants qui sentent la sueur, les mecs sont de fins techniciens et de redoutables compositeurs, mais on se prend au jeu en acceptant leur débauche de décibels et leurs grimaces musicales, parce qu’ils ont la décence de ne pas nous prendre pour des imbéciles avec des daubes torchées en deux minutes. Je l’admets, tout ça à une sacrée odeur de déjà-entendu, mais impossible de résister à cette fougue à la suédoise, impossible de ne pas headbanguer au son de « Metal Burner », impossible de ne pas adopter « The Widow’s Blade » comme hymne définitif de la vague old-school, et impossible de refuser ce voyage en adolescence qui fait renaitre les monstres, les goules, les badges et les coups de boule.
Brut mais enrobé, ce troisième album de BEWITCHER est une incantation satanico-sympathique de premier ordre, et un exutoire fabuleux.
Titres de l’album:
01. Ashe
02. Death Returns
03. Satanick Magick Attack
04. Electric Phantoms
05. Mystifier (White Night City)
06. Cursed Be Thy Kingdom
07. Valley of the Ravens
08. Metal Burner
09. The Widow’s Blade
10. Sign of the Wolf
Super album et groupe.
J'connaissais pas du tout il y a une semaine avant de coller l'oreille là-dessus...
Bah j'suis en train de me bouffer la discographie du coup !
Alors certes, cela ne révolutionne rien, mais cela fait tout de même 'achement du bien à entendre.
mamma mia quelle bouse
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