Polnareff se l’était jouée Coucou Me Revoilou, mais les franciliens de CORROSIVE ELEMENTS préfèrent nettement une autre méthode qui consiste à débarquer chez vous sans prévenir, après une très longue absence, en vous collant une grosse bouffe dans la tronche, et en ruinant votre intérieur Ikea/Schmidt. Les enfants s’en prennent une bonne aussi, et seul le chien passe au travers, amour des animaux oblige. D’autant que le pauvre mâtin n’a rien fait. Vous par contre, aviez oublié jusqu’à l’existence de ce groupe parisien adepte de l’uppercut franc et du croc-en-jambe près de l’escalier. De retour des enfers, le quintet semble remonté comme jamais, et prêt à en découdre avec les fans de LA FEMME et les lecteurs de Gonzaï.
Brice Moreau (chant, SWAMP TERROR), Yves Pene (guitare, CHAOS E.T. SEXUAL et SCOLOPENDRA), Tarik Usciati (guitare, CHAOS E.T. SEXUAL), Thomas Humbert (basse, CHAOS E.T. SEXUAL) et Rachid Trabelsi (batterie, CONVICTION, MOONSKIN, SWAMP TERROR) daignent donc donner une suite attendue à leur premier long, qui en 2024 accuse les neuf ans d’existence. On y décelait déjà les raisins de la colère et les raisons de la crémière, entre Thrash, Death, Metal extrême et fièvre prononcée, et c’est donc avec plaisir que l’on constate sur Cut the Serpent's Head que la tendance ne s’est pas inversée.
Au contraire.
Ce deuxième long semble encore plus teigneux que son grand-frère. Enregistré par le groupe, mixé au Heldscalla Studio par Raphaël Henry (MERCYLESS, SKELETHAL, RITUALIZATION, VENEFIXION,) et masterisé par Benoit Roux au Drudenhaus Studio (TREPALIUM, SETH, ALCEST), Cut the Serpent's Head se targue immédiatement d’une pochette qui conchie l’Intelligence Artificielle, et d’une musique compacte, forte, puissante et très remontée. Mais loin du bourrinage en règle dans la cour des prisons, ce serpent qui ne se mord pas la queue mais à qui on tranche la tête sinue entre vos jambes, vous donnant immédiatement envie de gesticuler, comme si le quintet se produisait dans votre salon.
En dessous de la fureur incontrôlable d’un BENIGHTED, plus raisonnable que MERCYLESS et plus pondéré que LOUDBLAST, CORROSIVE ELEMENTS souhaite faire honneur à son nom à tout instant, en distillant des attaques pernicieuses, et en limant notre résistance à petits coups de riffs accrocheurs. Le comble de l’efficacité est atteint sur l’irrésistible « An American Hero », qui tous genres confondus est immanquablement l’un des meilleurs titres de cette année 2024.
Je tiens en estime ces musiciens, qui n’oublient pas la finesse dans leur casier. Même si les allusions à la scène floridienne sont légion, même si les spectres de MORBID ANGEL et SUFFOCATION pointent le bout de leur bonnet blanc assez régulièrement, le panachage Death/Thrash atteint un équilibre très stable, grâce à une paire de guitaristes qui n’oublient pas de lâcher des plans redondants et entêtants. Mais quelques précisions étant toujours utiles, il convient de savoir de quoi parle cet album, puisqu’il hurle son message comme un phacochère fort marri dans sa tanière :
Sur le plan conceptuel, Cut the Serpents Head est un regard cynique sur le destin de l'humanité, sa course vers le non-sens et la perte de ses valeurs morales. Une mise en garde contre l'hégémonie des religions organisées, la politique véreuse, les sociétés en décomposition et la montée des injustices sociales.
On en prend note sur l’ironique et bien troussé « The Right to Remain Poor », mais aussi sur le terminal et fatal « Fascistalism », qui comme son intitulé le précise, assimile capitalisme et fascisme, deux religions forts prisées à notre époque tourmentée. Combattant donc l’inéluctable, le quintet pourfend les différences, les injustices, et laisse une énorme basse tisser des boucles graves qui cimentent les guitares à la batterie, le mixage étant largement assez frais pour que les morceaux puissent respirer.
Il est très plaisant d’écouter un album qui n’a pas tout misé sur le volume, la puissance et la compression. Old-school dans le traitement du son, Cut the Serpent's Head est un disque confortable, encore plus lorsqu’il est joué sur du matériel bichonné. Vous pourrez y apprécier cette grosse caisse naturelle, ces chœurs à la DEICIDE, ces syncopes si chères à « Cut the Serpent's Head », qui reste un title-track dans le sens le plus noble du terme.
CORROSIVE ELEMENTS a muri, son art s’est perfectionné, mais son attitude n’a pas changé. Construire un plan de bataille, être conscient des enjeux tout en restant spontané, et ne pas se moquer des fans avec du réchauffé. Le tracklisting est impeccable, et si trois labels se partagent le produit, c’est parce qu’il est l’un des plus crédibles du marché.
« Enter the Final State », dur et raide, « Ignorance is no Longer Bliss », létal et Metal, « Among the Casualties » et son chaloupé galbé, le comeback est tonitruant, et avec de solides arguments. La variété est de mise, les nuances branchées dans la prise, et l’électricité vous traverse le corps comme Rocco quand elles en veulent encore. Groovy à souhait, épais mais bien tranché, Cut the Serpent's Head décapite la mauvaise humeur, les discours de fieffés menteurs et les manœuvres politiques de tueurs.
Ce qui fait un bien fou. Et puis sincèrement, un salon Ikea, vous pensiez vraiment qu’on allait laisser passer ça ? Vous êtes décidément très naïfs.
Titres de l’album :
01. Conquering the Divine
02. Ignorance is no Longer Bliss
03. So Long Sucker
04. The Unseen
05. An American Hero
06. Cut the Serpent's Head
07. Enter the Final State
08. The Right to Remain Poor
09. Among the Casualties
10. Fascistalism
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