Dans les années 80, RAZOR incarnait une machine de guerre détruisant tout sur son passage, et une certaine vision du Speed/Thrash le plus teigneux, le plus lapidaire et le plus hargneux. Avec pas moins de sept albums originaux entre 1985 et 1991, le groupe de Guelph, Ontario, comptait parmi les plus prolifiques de son époque, et personne n’a pu oublier des massacres de l’ampleur d’Evil Invaders, Custom Killing ou Violent Restitution. La discographie du quatuor est d‘ailleurs un modèle du genre, pour une optique qui se voulait le contrepied total des frères d’armes de VOÏVOD : zéro originalité, mais de l’efficacité, des riffs francs et une rythmique massive, pour un roller-coaster de fun et de frayeurs passagères, et une inscription dans les livres d’histoire musicaux comme l’une des attractions les plus efficaces du marché des Luna Park.
Après un premier break entre 1992 et 1996, et la parution d’un tiède et peu convaincant Decibels en 1997, le groupe a fini par se murer dans un silence inquiétant qui avait de faux airs de mort annoncée. Vingt-cinq ans plus tard, personne n’attendait plus le retour de RAZOR, si ce n’est cette poignée de fans mieux informés que les autres : il était évident que le quatuor avait des vues sur l’avenir, et qu’un nouvel album allait nous assommer. La seule inconnue était non sa date de sortie, mais sa qualité. Et de ce côté-là, l’euphorie n’est pas à l’ordre du jour, et pour cause : Cycle of Contempt est un album de Thrash générique qu’un membre de la nouvelle génération aurait pu pondre pour affirmer sa jeune personnalité.
Centré autour de trois membres des années 80, le bassiste Mike Campagnolo (1983-1987, 2005-2008, 2011-présent), le chanteur Bob Reid (1989-1992, 1996-présent), et le guitariste/fondateur Dave Carlo (1983-1992, 1996-présent), rejoints par le batteur Rider Johnson, le RAZOR 2022 assume son passé mais regarde vers l’avenir, et nous offre donc une pelletée de nouveaux morceaux, dont la plupart sont bâtis sur un schéma redondant. On retrouve évidemment le riffing incroyable de précision de Dave Carlo, toujours en forme, le chant investi et sournois de Bob Reid, mais le talent de ces deux-là se noie dans un océan de convenances Thrash qui font sonner RAZOR non comme la légende qu’il est, mais comme un concept lambda lancé sur le marché pour profiter d’une mode old-school toujours lucrative.
Attention toutefois à ne pas occulter cette sortie qui contient quand même son lot de chansons valables. Le démarrage en trombe de « Flames of Hatred » est de fait terriblement jouissif, et nous ramène aux meilleurs des années 80 de cette violence crue canadienne, savamment distillée, mais fermement martelée. Bien plus crédible que le dernier HEATHEN ou qu’une pantalonnade Thrash d’icône en perdition, ce premier morceau saute à la gorge comme un chien sur les mollets du facteur, et nous prouve que le groupe en a toujours sous le coude.
On sent l’envie, la motivation, et on se dit que ces débats qui s’enflamment si rapidement ne peuvent mener qu’à un incendie grandeur nature. « Jabroni », sur la même trajectoire garde le cap, « Off My Meds » suit l’étoile du nord aussi, et en trois morceaux complètement identiques, RAZOR brode un thème déjà bien connu des fans de Speed augmenté Thrash, pâtissant d’une bonne production, mais terriblement anonyme, le fléau des sorties actuelles qui se ressemblent toutes. Alors, bien sûr, les chœurs revanchards bien placés, la hargne de Bob Reid, les syncopes circulaires de Dave font le job et passer la pilule, mais on sent que les têtes pensantes se sont contentées du minimum pour ce comeback, oubliant tout le savoir-faire remarqué sur les pierres angulaires Evil Invaders et Executioner's Song.
Cycle of Contempt n’est pas un désastre, loin de là, et certains de ses chapitres sont même enthousiasmants. Mais en se reposant sur un beat systématique et inamovible, le quatuor donne le sentiment d’avoir eu une ou deux bonnes idées qu’il a diluées sur cinq ou six morceaux. Les riffs interchangeables, le chant linéaire de temps à autres, et cette batterie en mode lapin Duracell font qu’on s’habitue rapidement à cette violence jouissive au départ, mais redondante au fil des minutes.
Il faut attendre « First Rate Hate » pour que l’ambiance change et laisse place à une humeur plus sombre et maussade, et « Cycle of Contempt » pour apprécier un développé plus ambitieux, avec une grosse basse ronde et des riffs plus menaçants que la moyenne.
Mais une fois cet intermède passé, le groupe retombe dans les travers d‘un systématisme Thrash en pilote automatique, avec de courts inserts rapides, mais génériques au possible, et surtout, présentant les mêmes caractéristiques : lick prétexte, rythme indéboulonnable, et refrain qui frappe fort, ou du moins essaie.
Dommage, parce que l’énergie est là, le fun Crossover aussi (« All Fist Fighting »), mais ce refus de changer la donne et d’adopter des positions moins figées condamne l’album à tourner en rond, et à desservir la réputation d’un groupe qui fut l’un de nos héros dans les années 80. Et pour un fan comme moi ayant découvert le groupe via le morceau « Evil Invaders » sur une compile bien connue de l’époque, la désillusion est grande, et le plaisir rapidement aux abonnés absents.
Efficace de bout en bout, mais désespérément stérile, ce nouvel album de RAZOR est de ceux qui s’écoutent une ou deux fois avant d’être rangé sur les étagères. Dommage pour le mythe, mais après tout, on a l’écho positif ou négatif de ses ambitions. Qui sont ici tristement modestes.
Titres de l’album :
01. Flames of Hatred
02. Jabroni
03. Off My Meds
04. A Bitter Pill
05. Crossed
06. First Rate Hate
07. Cycle of Contempt
08. Setup
09. Punch Your Face In
10. All Fist Fighting
11. Darkness Falls
12. King Shit
Quand j'ai vu cette galette sur mon site de téléchargement préféré il y a de ça deux semaines, je n'en croyais pas mes yeux :
Je ne savais absolument pas qu'ils avaient prévu de sortir un album et de fait, la "bonne surprise" était de mise.
Ni un ni deux, je télécharge le bazar.
Ni trois ni quatre, je l'écoute.
Ni cinq ni six, je l'ai déjà oublié.
Comme dit plus haut, mon dieu que c'est plat et re-re-entendu.
Gros fanatique de leurs 5 premières réalisations, la déception a donc été plus que sévère... ... ...
un blaireau de plus qui télécharge, va te faire traîner derrière une jeep, pine de bouc!
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
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"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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