Black lo-fi, Black symphonique, Raw Black, Black expérimental…On ne s’en sort plus avec toutes ces digressions, à tel point qu’on se demande encore s’il existe des groupes fidèles à l’éthique d’origine, jouant tout simplement un BM radical et simple, sans chercher à faire avancer le schmilblick ou à se démarquer à tout prix.
Si vous êtes dans le même cas que moi, et déplorez l’absence de renouvellement dans la stagnation, si vous êtes nostalgiques de perles comme Heaven Shall Burn, alors soyez heureux dans vos ténèbres, puisque ce matin, je vous propose la médication qu’il vous faut pour retrouver confiance en votre misanthropie et votre défiance des modulations.
La posologie ?
Le second longue durée des Polonais d’ARYMAN, qui ne fait ni dans la délicatesse, ni dans l’innovation ou la finesse. En effet, Czarne Rytuały Otchłani se contente de rester fixé sur les deux objectifs majeurs de tout album de BM qui se respecte, à savoir la violence et la brutalité de ton, et de ce côté-là, la mission est accomplie pour de bon.
Après quelques ajustements de line-up, permettant au quintette d’accueillir quelqu’un qui les avait épaulés par le passé, en l’occurrence le fameux Xaos Oblivion (DEMONIC SLAUGHTER, TEMPLE OF THE MIST, ABUSIVENESS), ARYMAN est enfin parvenu à trouver un équilibre instable suffisamment posé pour accoucher d’une suite au célébré (intimement quand même) Plugawe Dziedzictow, paru il y a deux ans. On le sait, Xaos s’était déjà impliqué aux côtés du combo polonais, leur composant quelques trucs et en produisant quelques autres, mais il est certain que son arrivée au micro risque de propulser le groupe dans une dimension supérieure, tant son chant malsain et rauque le différencie de bon nombre de vociférateurs stériles de la scène.
Avec lui éructant ses litanies dans la membrane du micro, les choses deviennent plus sérieuses et concrètes. Il a été suivi de près par deux nouvelles recrues, Asmenoth (basse, BELETH) et Tarrom (guitares), qui viennent apporter leur têtes de bouc sur l’autel de la franchise Black, et de fait, Czarne Rytuały Otchłani devient une solide affaire de BM classique et sans fioritures, sombre comme une messe noire et tranchant comme la lame d’un couteau pénétrant les entrailles d’une vierge perdue.
Je faisais allusion à MARDUK quelques lignes plus haut, mais il est certain que la musique d’ARYMAN ressemble aussi à s’y méprendre au MAYHEM des années 90, le professionnalisme en plus, et une touche de déviance en moins. L’organe de Xaos se rapproche souvent de celui de notre cher Attila Csihar, et lorsque l’instrumental n’hésite pas à piocher dans l’héritage d’Euronymous & co, le mimétisme devient même troublant, comme sur ce terrifiant « Diabelska Swiątynia !umarłych », qu’on croirait exhumé de bandes posthumes de l’époque De Mysteriis.
ARYMAN joue toujours aussi vite et fort, mais évite le chaos et la bouillie sonore grâce à des structures simples et carrées, qui nous rapprochent de la période ou le Death scandinave faisait place au BM du même cru.
Et ne voyez pas dans ce parallèle une manière de balayer d’un revers la créativité éventuelle du quintette, mais juste une comparaison viable tant Czarne Rytuały Otchłani aurait pu être enregistré il y a vingt ans.
Récupérés par le label frenchy Hass Weg Productions (MALMORT, PESTIFERUM, CHADENN), les Polonais signent avec ce second effort une véritable déclaration de guerre au BM trop dénaturé ou simplifié, et se contentent d’aligner neuf compositions (plus une intro, plutôt réussie) concises qui ne dépassent que très rarement les cinq minutes.
Seule compo « épique » du lot, « Czarne Rytuały Otchłani », qui entame son cheminement par un déluge de riffs déformés de feedback, et qui impose un tempo martial sur fond des hurlements si symptomatiques de Xaos Oblivion, qui ont fait de lui un vocaliste vraiment démarqué de la scène.
Et puis le déluge de blasts met l’emphase sur le côté très glauque d’un des morceaux les plus noirs du lot, qui propose une putride alternance de pesanteurs oppressantes et d’embardées fulgurantes. Seul à vraiment s’excentrer, « Czarne Rytuały Otchłani » semble vraiment représenter le point de focalisation indéniable de Czarne Rytuały Otchłani, sans pour autant que les autres titres ne fassent qu’une simple et pâle figuration.
Un son très sec mais pas rachitique, des guitares très acides, une rythmique solide sans écho et un vocaliste en pleine possession de ses moyens, pour un ballet ininterrompu dansé à la gloire d’un BM vraiment abrasif et sans concessions, comme le démontre le monstrueux « Czas Zagłady », qui ne fait pas grand cas de sa violence modulée sous plusieurs aspects, mais tous aussi véhéments.
Il est toujours difficile de gloser des heures sur un album à la cohérence parfaite et à la ligne de conduite concrète, alors, précisons quand même que le final grandiloquent de « Z Czeluści Nocnych Koszmarów » ouvre des perspectives très lancinantes pour un avenir que l’on pressent de plus en plus poisseux. Il offre une jolie osmose entre le MARDUK de « Legion » et le MAYHEM de « De Mysteriis Dom Sathanas », soit la quintessence d’un Black des origines, pas encore dilué dans des prétentions pseudo « artistiques », et permet de refermer les lourdes portes de cet album de la façon la plus ambivalente et pourtant claire qui soit.
Non, ARYMAN ne cherche pas à révolutionner un style qui a tendance à se perdre dans ses propres circonvolutions, mais juste à apporter sa contribution au regain d’intérêt manifesté envers un BM efficace et délicieusement déviant.
Le quintette joue vite et fort, mais efficace, sans temps mort, et avec juste ce qu’il faut d’inventivité pour ne pas trop tirer sur des ficelles déjà usées.
Avec ce line-up solide, le futur des Polonais se place sous la lumière froide d’un soleil noir, et emprunte un chemin que les amateurs de True BM suivront avec délectation et sadisme de situation. De quoi retrouver de séminales sensations, qu’on pensait perdues depuis leur oraison à la fin des nineties.
Titres de l'album:
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