Voilà un retour aussi inattendu que plaisant. Si seuls les vrais amateurs de Thrash méchant et violent reconnaîtront ce nom parmi tous les autres de sa promotion, quelques néophytes pourraient se réjouir du comeback de ces brésiliens. Car la naissance de LEVIAETHAN ne date pas d’hier, mais bien de 1983. Certes, le groupe de Porto Alegre ne s’est pas manifesté professionnellement avant 1990, mais en sept années de carrière, il a largement eu le temps de promouvoir sa musique dans l’underground via quelques démos bien senties.
Et puis tout à coup, Smile ! Un premier album haut en couleurs, qui faisait la part belle à la brutalité lusophone, déjà largement développée par les cadors des années 80. Un radicalisme de circonstance, une tendance à emballer les débats à une vitesse conséquente, et une stabilité dans la composition qui aurait pu propulser les musiciens en première division. Mais nous connaissons tous le destin réservé aux OS Thrash ayant publié leur première œuvre un peu trop tard.
Et même en enfonçant le clou deux ans plus tard du marteau lapidaire Disturbed Mind, le coche était passé et seules restaient les mouches attendant de se repaitre de ce cadavre.
Trente ans plus tard, le groupe remet le couvert sous l’impulsion de son membre original Flávio Soares (chant/basse) qui s’est certainement dit qu’il restait des choses à brailler avant de s’éteindre définitivement. Soutenu par un nouveau line-up (Ricardo "Ratão" - batterie et Denis "Blackstone" Goulart - guitare, depuis vingt ans et plus), le tempétueux leader a pu se laisser aller à ses inclinaisons naturelles, promues par le label national True Metal Records. Et je remercie tout autant les musiciens que le label pour cette reprise de contact qui va laisser des traces dans une santé mentale déjà chancelante.
Même en faisant preuve d’un soupçon de subjectivité, je ne vois pas comment ne pas être enthousiasmé par une ouverture aussi tonitruante que « Hell Is Here ». A la limite du Thrashcore, flirtant même avec les platebandes d’un Death ouvert et souriant, ce titre d’entame est une révélation à lui seul. Mais aussi l’assertion du charisme toujours aussi puissant des musiciens brésiliens lorsqu’ils laissent leur nature prendre le dessus. On ne peut s’empêcher de penser à VIKING, DEMOLITION HAMMER, VIO-LENCE, et tous les brigands vachards qui ne comptent plus leurs BPM depuis longtemps.
Mais bien plus qu’une simple brute épaisse, LEVIAETHAN propose avec son troisième album le meilleur des trois mondes. Celui de la bestialité, celui de la finesse, et celui de la puissance. Incroyablement bien produit pour sonner encore plus épais qu’un kouign-amann breton de compétition, D-Evil In Me est un concentré d’idées folles traversant l’esprit malade d’un interné schizophrène incapable de faire la différence entre une réalité crue et des fantasmes ventrus. Le groupe a même une thérapie pour ça, qu’il a baptisée « Thrash Your Brain ». Sorte de compromis trouvé par le docteur VIO-LENCE et le professeur INCUBUS, ce titre est sans doute ce que vous pourrez écouter de plus bourrin en ce mois de juin, mais grâce à une technique habile et une propension mélodique certaine, cet excès passe comme une gamelle sous la porte, et nous contamine d’un dérangement mental aggravé par des années d’écoute de musiques amplifiées.
Très amplifiées.
Mais le tracklisting n’est pas uniquement consacré à cette violence non filtrée. Le rythme finit par baisser dans les tours, mais les brésiliens en ont plus d’un dans leur sac. Capables de caler des classiques dignes des meilleures années 90, les LEVIAETHAN retrouvent une seconde jeunesse, et envoient valser la nostalgie pour faire partie de ce siècle, consacré aux hommages les plus poussés. Mais le seul hommage que le groupe rend, est celui qui honore sa propre carrière, et ces deux albums fantastiques que les collectionneurs s’arrachent. Ainsi, « Drugslave » et « Lord of the Wars » fluidifient un peu l’huile de moteur, et proposent des soli enchanteurs, sans pour autant exiger de la batterie plus de mesure.
Comme un SLAYER devenu fou suite à l’absorption de substances illicites, D-Evil In Me est un cas de possession critique, qui voit des musiciens tout à fait recommandables céder aux avances du diable pour jouer plus fort, plus vite et plus juste que leurs homologues. « Humanimal », parfait avec son ambiance moite et ses chœurs à l’allemande, « The Time Has Come (Yours!) », hystérique comme un ASSASSIN de très bonne humeur, sont autant de pièces qui bougent sur un échiquier qui a du mal à suivre.
D’autant que les marsouins continuent de se la jouer hystérique et ludique via l’atomique « Demigod », capable de faire passer l’industrie allemande pour une association de PME à faible rendement.
Un seul crédo : tenir la corde, et ne pas relâcher l’effort. Difficile de croire que des êtres humains soient capables d’une telle intensité sans avoir les muscles fatigués, mais pourtant, « Endless Lie » se permet même de sonner comme du SEPULTURA passé en 45 tours. Et de fil en aiguille, de riffs en fills, de grognements en coups de sang, LEVIAETHAN signe l’album de Thrash le plus dément de ce premier semestre 2024.
Achetez, téléchargez, streamez, peu importe la manière du moment que vous écoutiez. Car ce comeback est l’un des plus valides de ces dernières années, et l’un des plus éclatés. Du pur Thrash sans limite de vitesse, qui vous décolle les fesses de votre siège, et vous laisse la rondelle élargie à vie.
Image peu élégante, mais tellement fidèle à la réalité.
Titres de l’album :
01. Hell Is Here
02. Thrash Your Brain
03. Drugslave
04. Lord of the Wars
05. Humanimal
06. The Time Has Come (Yours!)
07. Demigod
08. Endless Lie
09. D-Evil in Me
10. Darkside
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