Daisy’s Creepy Tales

Obbrobrius

20/11/2024

Autoproduction

Tout ça sentait quand même le coup fourré à des kilomètres. Le truc qu’on voit arriver comme un vieux mammouth, et qui piétine les plates-bandes de sa nostalgie Heavy psychédélique lancinante et insistante. La pochette, le titre de l’album, le pays d’origine, on se croyait déjà sur les gondoles à Venise en train de beugler un vieux tube de BLACK SABBATH, devant le regard goguenard du gondolier à qui on ne la fait plus depuis ELECTRIC WIZARD.

Mais des détails sont rapidement venus à l’œil. Le logo en premier lieu, qui schlingue plus la Floride que Padoue. La pochette aussi, malgré cette figure centrale volontiers tournée vers un Doom crasseux et intimiste. Les intitulés de même, qui ne font guère dans la tendresse, le détail ou la fumette. Et puis les chansons, évidemment.

OBBROBRIUS, à ne pas confondre avec OPPROBRIUM, luit pour le moment d’un rayonnement intimiste. Quelques followers sur Facebook, une playlist YouTube avec l’intégralité de l’album, pas de label, et une moyenne d’âge visiblement basse. En gros, des débutants qui risquent de rapidement confirmer leur statut sur la scène européenne. Pour le monde, on verra plus tard.

Mais je ne peux nier le pouvoir d’attraction d’un album court comme un EP, et qui va à l’essentiel. Après seulement un an d’existence, ce quintet joyeux (Mirco Muskyo - basse, Metfrey - batterie, Francesco Saraceni & Johnny HellGuitars - guitares, Marco Marzoli - chant) se lance donc dans le grand bain, sans bouées aux bras et sans planche pour flotter. Et pourquoi en aurait-il besoin d’ailleurs ? Son Death méchamment groovy est d’une efficacité sans pareille, et réminiscent de l’orée des années 90, lorsque le seul but à atteindre était de se montrer plus brutal et catchy que son voisin.

De fait, CANNIBAL CORPSE tient sans doute une place importante sur l’autel de nos amis transalpins. Bien que plus intelligible que la période Chris Barnes, Daisy’s Creepy Tales en a les syncopes, les embardées furieuses, et le chant graveleux. Mais la diversité dans les plans, cette façon de laisser vivre un thème jusqu’à son dernier souffle, et ce flair pour ne sélectionner que les plans pertinents font de ce premier album une curiosité old-school en soi, mais surtout, un formidable exutoire pour un lundi matin chafouin.

OBBROBRIUS est déjà très crédible. Son répertoire est formidablement accrocheur, avec des idées en saccades très séduisantes (« Return of the Great Ancient », « Stillbirth »), et le classicisme de fond est largement compensé par la lucidité de ton. Les italiens n’ont pas oublié que la violence n’est jamais aussi efficace que lorsqu’elle est mise au service de véritables chansons, qui ne cherchent pas à toutes se ressembler pour une question d’homogénéité.

Alors que nombre de chevaliers de la table old-school plus si ronde se contentent souvent de singer les tics de leurs aînés, Daisy’s Creepy Tales ose des choses moins évidentes et prévisibles, et nous honore parfois de hits à en faire pâlir les idoles d’antan, via un « Unleash Your Beast » à la rythmique et au lick très NWOAHM.

Je me permets d’être très enthousiaste, justement parce que cet album m’a offert ce que beaucoup gardent pour eux. Une envie de séduction dans la gravité, et un art consommé du contrepied qui autorise cette section rythmique à jouer avec les sous-genres. A ce titre, « Violent ‘Till Death » est tout bonnement irrésistible. Rebondissant sur un tempo élastique, animé des meilleures intentions, suffisamment méchant pour glisser quelques blasts, ce titre est le parangon d’une méthode de travail personnelle, et d’un désir d’incarner autre chose qu’un vulgaire héritier centième sur la liste de succession.

Preuve en est fournie que quelque chose d’inhabituel s’est produit. Je suis capable d’identifier tous les morceaux par leurs premières mesures. C’est une chose extrêmement rare dans le milieu, et qui justifie mon entrain au moment de vous vendre le bouzin.

Mais pourquoi palabrer pendant des heures alors qu’il vous suffit de vous ruer sur YouTube pour déguster Daisy’s Creepy Tales ? Les histoires de la petite Daisy en remontrent au crétin des Alpes Donald, qui croit encore que les sous vont tomber dans sa poche sans rien faire. Un plaisir un peu campy, avec feu de bois, et regards passionnés à l’écoute d’une légende bien salée.

On prend le plaisir où on le trouve. Et cet album en contient une sacrée dose.                                                                                                                                                                                                      

Titres de l’album:

01. Let No One Pray

02. Morbid Nightmares

03. Endless Deads

04. Escape From Persecution

05. Return of the Great Ancient

06. Stillbirth

07. Unleash Your Beast

08. Violent ‘Till Death

09. 20 Days After

10. Towards the Unknown Salvation


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par mortne2001 le 28/01/2025 à 17:37
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