A la fin des années 80, il y avait deux écoles de pensée morbide. Le cursus américain, le premier à avoir offert une formation putride via les enseignements de DEATH, OBITUARY, ou AUTOPSY, et la faculté nordique, qui s’efforçait de proposer un tutorat différent, beaucoup plus froid, via les préceptes d’ENTOMBED, GRAVE, DISMEMBER ou UNLEASHED.
Malgré les similitudes, les différences d’apprentissage étaient nombreuses. D’un côté, une ambiance délétère et foncièrement macabre, de l’autre, un rigorisme indéniable et une application glacée moins exubérante dans la démonstration.
Il est parfois arrivé que les deux cursus se mélangent avec plus ou moins de bonheur, mais il faut avouer que chaque pays était assez conservateur dans sa façon de voir les choses…
Trente ans après, le statu quo est quasiment le même. Mais un trublion de l’éducation semble se complaire à refuser les règles de l’étiquette et de la propriété intellectuelle, en mélangeant sans vergogne les théories. Venu de Norvège, d’Oslo plus précisément, ce quatuor d’encadrement FILTHDIGGER (Nekromizör, Executiöner, Violatör, Deströyer) s’est rassemblé en 2015, et a sorti depuis quelques études sur la meilleure façon d’inculquer les principes du Death à un amphi d’étudiants en médecine légale du riff glacial.
Trois démonstrations/démos en 2015 (Demo 2, Demo 3, Wrath Of The Dead, mais pas de Démo 1 étrangement comme quoi la logique n’est pas leur fort), une autre cette année (Démo 4 évidemment), avant de proposer un premier jet complet, qui pourtant de sa durée tient plus du EP long, Damned By The Living Dead.
Avant d’aller plus en aval, précisons. Le Death des FILTHDIGGER est très cru, et semble avoir réfuté toutes les théories d’évolution du genre, pourtant parvenues à un certain stade d’avancement depuis l’initiation du style. En effet, les quatre Norvégiens obsédés par les morts-vivants et autres créatures de l’absurde jouent un Death vraiment primal, qui, si vous avez tenu le coup lors de mon long préambule, se nourrit autant de leurs racines nordiques que de l’ascétisme en vogue aux USA à la fin des eighties.
En gros comme en détail, les six morceaux/chapitres de ce Damned By The Living Dead proposent un équilibre assez rigoureux entre le froid d’outre-tombe des premières maquettes de NIHILIST, et l’austérité macabre héritée de la science de l’embaumement du monstre AUTOPSY de Chris Reifert.
Le mélange est savoureux, très brut en bouche, et ne révolutionne rien en toute honnêteté. Mais cette façon de refuser toute forme de progression et de modernité à quelque chose de fascinant, un peu comme si ce premier LP s’était perdu dans les arcanes du temps depuis 1992, pour finalement échouer sur nos platines en 2016. Une incursion dans un passé qui n’a pas forcément existé, et qui aurait fait cohabiter les deux visions d’un Death primal, tel qu’il était joué à l’aube des temps les plus reculés.
Le ton est généralement assez sobre et figé, et le tempo se plaît à rester dans des balancements médiums tout à fait adaptés à la froideur de riffs semblant tout droit extraits du cœur de glaciers.
Mais parfois, FILTHDIGGER ose enfin accélérer la cadence et se rapproche des meilleurs moments du séminal Left Hand Path (« Nagasaki Nightmare », le morceau le plus rapide et franchement hystérique du lot, parfaitement en adéquation avec son thème apocalyptique), et s’ouvre donc des perspectives plus mobiles s’éloignant de leurs théories compactes.
L’ouverture nauséeuse « Ended Life » applique aussi ces préceptes, rapprochant le Death des Norvégiens des débuts du Black scandinave, et évoque quelque peu les émanations post mortem du Dark Endless de MARDUK, sans jamais tomber dans les dérives du BM de l’époque.
On peut aussi penser à une sorte de crossover entre le Soulside Journey de DARKTHRONE et l’imputrescible Severed Survival d’AUTOPSY, mais globalement, Damned By The Living Dead et ses histoires de zombies cannibales préfère juxtaposer les longs cheminements lourds et les soudaines embardées salvatrices (« The Living Dead »).
Tout ceci est susceptible de ravir les amateurs d’un Death Metal traditionnel et figé dans le temps et l’espace, mais pour autant, certaines déviances Punk sont à noter dans la tonalité, et rapprochent un peu plus le quatuor d’un DARKTHRONE éloigné de ses obsessions occultes n’roll.
Un peu Doom dans l’esprit, salement frondeur dans l’exécution, ce premier LP, s’il n’apporte pas grande eau croupie au moulin hanté vous permettra de retrouver les sensations éprouvées il y a trente ans, lorsque la mort prenait forme musicale pour hanter vos cauchemars les plus terrifiants.
Un hommage à peine déguisé aux deux modus operandi qui ont défini les bases d’un genre qui se permet de temps à autres une immersion dans ses origines, pour notre plus grand plaisir nostalgique.
Et comme en plus la production semble aussi loucher du côté du passé, le résultat est bluffant d’authenticité.
De quoi réconcilier autour d’un cadavre plus très frais les Etats-Unis et les pays Scandinaves qui finalement, racontaient la même histoire d’horreur en changeant simplement le ton de narration.
Titres de l'album:
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41