S’il est un groupe qui mérite d’incarner le Heavy Metal dans ce qu’il a de plus noble, c’est bien METAL CHURCH. Une palme qu’ils pourraient partager avec leurs homologues d’ARMORED SAINT, autre combo resté dans une ombre gênante dans les années 80, dont l’hédonisme prononcé préférait célébrer des gloires faciles que la légende a inscrites au panthéon des fausses idoles. Certes, les originaires de San Francisco ont joué de malchance, d’abord, en grandissant dans l’ombre de METALLICA qui a fini par ternir leur étoile de leur lumière aveuglante. D’autre part, d’un nom que certain jugeaient offensant, et finalement, d’une fausse labellisation « Thrash Metal » qu’ils n’ont jamais méritée, jouant au contraire un Metal franc, massif, inventif, mélodique, de celui que seuls les américains savaient pratiquer il y a trente ans ou plus. Mais heureusement pour nous, le temps rattrape souvent ses erreurs, et depuis, leur discographie est devenu un modèle du genre, qu’elle soit ancrée dans les eighties ou plantée dans les nineties, et c’est évidemment avec un bonheur sans nuages que nous avons tous accueilli la nouvelle du retour au bercail de Mike Howe il y a trois ans, pour le comeback tonitruant de XI qui nous a tous laissé sur le cul. Mais la question reste en suspens. METAL CHURCH a-t-il produit un album moyen lors de son long parcours ? En toute honnêteté, oui, mais au regard des standards de qualité respectés par ses œuvres maîtresses (Metal Church, The Dark évidemment, Hanging In The Balance, et éventuellement à posteriori The Human Factor), il est tout à fait excusable de montrer quelques signes de faiblesse une fois de temps en temps, surtout que depuis le retour à la maison du second vocaliste de légende (RIP David « The Witch » Wayne), ces signes de faiblesse se sont transformés en lettres de noblesse tant l’allant dont témoigne le groupe le ramène à ses plus grandes heures de gloire.
Evidemment, et puisqu’il faudra le préciser ad vitam aeternam, Damned If You Do n’est ni Metal Chuch, ni The Dark. Il n’en a pas la mystique, la préciosité ou le culot, mais au regard de la production actuelle qui se contente souvent d’utiliser des ficelles usées ou des exagérations pour se faire remarquer, il n’en est pas moins l’un des témoignages les plus vivants que le Heavy Metal est toujours aussi présent en 2018, et le démontre avec une classe infiniment plus sincère et crédible que le dernier JUDAS PRIEST par exemple. Et alors que tous les cadors des eighties s’obstinent à nous refiler leurs plans éculés depuis leur dernier album ayant gravi les marches du Billboard, METAL CHURCH continue d’avancer, et de faire tomber les barrières de genre en pratiquant une sorte de Power Metal à la sauce Californienne, celui qu’ils nous servent bouillant depuis les années 2000. Et ce douzième album est d’un tel niveau qu’il parvient à éclipser l’épiphanie qu’a représenté XI, pouvant même revendiquer l’appellation XII++ tant ses chansons enterrent celles proposées il y a deux ans. Car en toute objectivité, les dix titres de cette nouvelle livraison sont autant d’hymnes à la gloire d’une musique refusant toute compromission, qui rappellent par moment les éclairs de génie de la charnière 89/93, tout en louchant sur l’héritage personnel de 84/86. En gros, un survol de la plus belle période du groupe, qui sonne encore plus uni en 2018 qu’il ne l’était dans les faits en 1984. Entérinant donc la reprise du micro du volubile Howe, Damned If You Do fête aussi l’intronisation discographique du batteur Stet Howland (ex-TEMPLE OF BRUTALITY, 10,000 VIEWS, ex-BELLADONNA, ex-IMPELLITTERI, ex-KILLING MACHINE, ex-VIOLENT STORM, ex-W.A.S.P., ex-BLACKFOOT, ex-FOUR BY FATE, ex-LITA FORD, ex-WHERE ANGELS SUFFER), qui parvient en plus d’une occasion à nous rappeler la frappe fluide et massive de Kirk Arrington, et qui a donc trouvé sa place au sein du quintette. Et outre la figure historique de Kurdt Vanderhoof à la guitare, nous retrouvons donc Steve Unger à la basse et Rick van Zandt à l’autre guitare, les musiciens fidèles au poste depuis 2012. Une nouvelle famille donc, qui célèbre des retrouvailles avec une régularité sans faille, et qui se paie le luxe à l’approche des fêtes de Noël de nous offrir le plus beau cadeau qui soit, à savoir le meilleur album de Heavy Metal de l’année, à l’heure des tops finaux qui pointent le bout de leur nez. La bataille risque donc de faire rage…
Mike Howe lui-même, promotion oblige, déclare à propos de cet album :
« Je suis très excité par ce nouvel album. Tout s’est imbriqué bien mieux que je ne l’espérais, et c’est un sentiment agréable de travailler très dur sur un projet musical en y mettant tout son cœur, espérant que le résultat final vous rende fier. Je l’écoute tous les jours et je l’adore. J’espère que nos fans aussi. »
Et parlant en tant que fan, je ne peux que te rassurer cher Mike, oui, nous l’adorons. Car il reprend peu ou prou les choses là où XI les avait laissées, transcendant l’inspiration générale d’un surplus d’énergie et de créativité qui fait plaisir à entendre. A tel point qu’on a parfois le sentiment d’avoir voyagé dans le temps pour revenir à l’époque glorieuse de The Dark, spécialement lorsque l’étrange « The Black Things » joue les arpèges bizarres et les mélodies hagardes. On se reprend à fredonner les harmonies biscornues de « Start The Fire », tout en se souvenant des atmosphères déliquescentes de l’époque, de celles que les CRIMSON GLORY et autres MEGADETH imposaient sur leurs albums les plus flamboyants. Si ce morceau n’est pas le plus direct de l’ensemble, c’est l’un des plus hypnotiques, avec son alternance de mystère et de rage entière, et son refrain scandé avec une foi non atténuée. Il faut dire que placé juste après l’intro tonitruante de « Damned If You Do », il y va de son petit effet bœuf, et nous rassure de suite quant à l’état de santé d’un groupe qui semble encore affamé. Mais si le détail vous prouvera qu’effectivement, le CHURCH semble plus gaillard que jamais, c’est la qualité de l’ensemble qui frappe, des dix morceaux à la production, en passant par l’interprétation, que bien des jeunes musiciens pourraient leur envier. Tout y passe, du classique Metal en mid tempo fatal au Power accéléré et dopé à l’envie, en passant par le Hard-Rock racé extirpé de l’ennui, pour un festival de hits à rendre fous de jalousie tous leurs camarades de chambrée.
Vous voulez du Speed bon teint qui cogne et reste serein ? Alors « Guillotine » tranchera le cou de tous vos soucis. Vous préférez du lyrique fantastique, aux intonations cryptiques et à la mélodie magique ? Précipitez-vous sur « Revolution Underway » que le regretté David Wayne aurait pu transcender de ses aigus aiguisés. Vous manquez de jus et désirez avaler une grosse gorgée de burner burné pour retrouver du peps et la santé ? « Rot Away » en doses homéopathiques vous remettra sur pieds. Et même les instants les plus convenus - lorsque le Heavy se montre plus terni - restent d’un niveau très acceptable, puisque même le plus rebattu « Monkey Finger » et ses accents à la ACCEPT parvient à surnager dans le torrent de créativité. Alors inutile de traquer le moindre faux-pas, puisque pendant quarante-cinq minutes, METAL CHUCH donne le la, et s’impose presque quarante ans après sa création comme le groupe le plus doué de sa génération, et encore debout, valide, et prêt à mettre le monde à genoux. L’église n’est donc pas prête de fermer ses portes aux fidèles, qui se presseront encore près de l’autel pour écouter les psaumes et les reprendre le poing levé pendant des années.
Titres de l’album :
01. Damned If You Do
02. The Black Things
03. By The Numbers
04. Revolution Underway
05: Guillotine
06. Rot Away
07. Into The Fold
08. Monkey Finger
09. Out Of Balance
10. The War Electric
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