Je trouve ça toujours émouvant lorsqu’un groupe qui n’a pas eu le temps de dire ce qu’il avait à dire en temps et en heure finit par le trouver pour parachever son histoire. Prenons le cas des PURGATORY anglais, nommés ainsi au dernier moment juste avant un concert, en clin d’œil à IRON MAIDEN. Né dans les années 80, le groupe n’a eu le temps que de graver trois démos entre 1987 et 1989 avant de disparaitre de la carte Metal, mais le destin et l’acharnement étant les deux variables les plus capricieuses MAIS complémentaires, le groupe a ressuscité de ses propres cendres dans les années 2010 pour s’offrir enfin la reconnaissance discographique qu’il méritait. C’est ainsi que de Bristol, Angleterre, nous arrive TRAPPED IN PURGATORY, qui n’est rien de moins que la mouture 2K des anciens PURGATORY, avec à la barre, trois anciens membres. Jason "Jase" Coombs (guitare), Andy "Jock" Jamieson (guitare) et Chris Neighbour (chant) ont donc repris du service, s’entourant de deux nouvelles recrues (Jon Hoare - basse et Marc Paling - batterie) pour achever ce chapitre officiel n’ayant jamais été écrit à l’époque, nous proposant de fait leur premier longue-durée, Damned Nation, qu’ils n’ont pas pu enregistrer il y a plus de trente ans.
Belle revanche donc pour les anglais qui avec ces huit morceaux plus intro/outro nous démontrent qu’ils n’ont rien perdu de leur rage. En tant que contemporains des SLAMMER, ACID REIGN, XENTRIX et autres SABBAT, les TRAPPED IN PURGATORY ont leur mot à dire quant à la pérennisation du Thrash anglais des eighties, le parent pauvre mondial de l’extrême souvent tourné en dérision par les américains et les allemands, mais aussi par le public. Le fond de l’air est donc plus favorable aujourd’hui qu’à l’âge d’or, puisque même les ACID REIGN sont parvenus il y a quelques temps à enregistrer un album digne et roublard, de très loin leur meilleure réalisation depuis leur émergence. Et c’est avec un Thrash tonitruant tirant sur le Heavy Speed musclé que le quintet tous accueille en 2021, une musique solide, inspiré, hargneuse, qui se propose de combiner le traditionalisme fluide et la modernité plus conséquente, ce que le terrible « Hung Out to Die » prouve de sa véhémence et de son épaisseur.
Première constatation, pour une autoproduction, Damned Nation est doté d’une production fabuleuse. La basse claque et ronronne comme celles de Greg Christian et Frank Bello, et les guitares sont à peu près aussi mordantes que celles de DEATH ANGEL. Et alors que les cadors les plus réputés peinent à retrouver la superbe de leur légende, ces nouveaux/anciens venus leur font la nique de leur efficacité et de leur capacité à associer les sons vintage et la musculature contemporaine. Enregistré et produit par Jon Hoare aux Mercury et RS Studios de Bristol, entre mars et octobre 2020, mixé et masterisé par MacIej Dawidek au NovaStudio en Pologne, Damned Nation est beaucoup plus qu’un simple premier album, c’est une crise de rage de la cinquantaine, et une façon de rattraper le temps perdu sans nous faire perdre le nôtre. Sans prôner des valeurs inédites, les cinq anglais nous donnent une sacrée leçon d’efficacité, et déclenchent la bagarre dès les premiers riffs, usant d’ailleurs de l’une des intros les plus créatives que j’ai pu entendre ces dernières années. Saluant leurs collègues d’ONSLAUGHT et de XENTRIX dans les crédits, les TRAPPED IN PURGATORY n’oublient donc pas de préciser indirectement qu’ils étaient déjà là en même temps que tout le monde, et que leur reconnaissance actuelle n’a rien de fortuite. Il eut été facile pour eux de reprendre leurs vieilles recettes de l’époque, mais le coup fourré aurait fait long feu, et c’est avec beaucoup d’intelligence que les musiciens se sont adaptés à leur époque, osant l’optique progressive, les dissonances, les riffs étranges et les plans rythmique biaisés. De fait, un hymne de la trempe de « Damned Nation » valide à lui seul le comeback de la troupe, avec son entame vicieuse, qui permet à Chris Neighbour d’affirmer la puissance de son chant grave et méchamment raclé.
Loin de l’exercice de style pour se faire plaisir et pouvoir partir sous les applaudissements, ce premier longue-durée est plus à appréhender comme le véritable point de départ de la carrière de PURGATORY, devenu TRAPPED IN PURGATORY, mais n’étant pas dupe des années passées dans l’underground et les rubriques notules des webzines. Cette fois-ci, le résultat est là, conséquent, et « Demonicide » de proposer une sorte de digression sur OVERKILL fascinante, avec un tempo martelé comme un leitmotiv et des lignes de chant exhortées. Pas de prise de risques évidente, mais de la conviction dans le propos, des ambitions clairement affichées, et des références qui pointent le bout de leur nez. En choisissant de ne pas tomber dans l’hommage old-school pur et dur, le groupe a fait le bon choix et se place parfois en convergence du Thrash et du Heavy Metal le plus torride, avec des compositions aussi épiques que solides (« Beyond the Rubicon »).
Bien loin du grotesque et de la plaisanterie du Thrash anglais des années 80, Damned Nation ose un Metal solide de bout en bout, mature évidemment, et porté à bout de bras par trois survivants en connaissant toutes les ficelles. Même les plus usées, celles qui tirent vers le haut du Speedcore, court, incisif et percutant (« Out of the Fire (Into the pit) »). Alors, la démonstration explose de bout en bout comme un feu d’artifices géant, et même si l’album au final ne contient que huit véritables titres (plus une superbe intro et une magnifique outro), il reste bouillonnant, équilibré, et surtout, manifestation d’une envie renouvelée.
Persuasifs, les TRAPPED IN PURGATORY prouvent qu’ils avaient encore beaucoup de choses à dire, et qu’ils sont toujours capables de les dire correctement. Il eut été dommage que le groupe reste coincé dans les limbes de l’oubli de l’histoire, tant cette résurrection fera de nombreux fidèles. Et bravo les gars pour votre obstination : elle est payante !
Titres de l’album:
1. Prelude to War
2. Hung Out to Die
3. Spit it Out
4. Demonicide
5. Patient Zero
6. Damned Nation
7. Apex Predator
8. Beyond the Rubicon
9. Out of the Fire (Into the pit)
10. Ashen Tide
Un report ? Je crois que j’y reviendrai l’an prochain mais deux jours afin de mieux profiter. J’en connais qui ont du moins apprécier le camping avec l’orage du dernier soir
16/05/2025, 06:52
Avec Massacra legacy, ça commence nettement à avoir plus de gueule ! Reste à voir la suite des annonces. Mais je crois que je vais plus préférer le Westill le mois suivant au même endroit cette année, déjà Elder et Wytch Hazel de confi(...)
13/05/2025, 07:48
Mea culpa....J'avais pas vu la news en première page - j'ai été directement te répondre.
12/05/2025, 14:33
S'il est du même acabit que le The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City sorti en 2020, Mountains of Madness risque d'être un allday listening pour moi.J'ai hâte, bordel !
12/05/2025, 13:44
J'étais passé totalement à côté de cette petite pépite de Death Suédois!Vieux moutard que jamais!Puteraeon glisse de belles ambiances lovecraftiennes sur cet album et les arrangements apportent un plus à l'ensemble.
12/05/2025, 13:42
Necro est sympa, avec de bons passages groovy et d'autres où le groupe envoie du bois.Pas sûr de l'écouter durablement, d'autant plus que le prochain Puteraeon sort le 30 avril prochain.
12/05/2025, 13:40
Sentiment mitigé pour ma part Le chant de Johan Lindqvist n'atteint pas un pouïème de ce qu(...)
12/05/2025, 13:38
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11