…SNØGG, qui s’il accepte la plupart des dogmes du Black le plus farouche, s’en éloigne autant qu’il le peut pour oser des constructions beaucoup plus en équilibre, histoire de se montrer beaucoup plus créatif et instinctif que la plupart de ses collègues.
Cette phrase est tirée d’une de mes chroniques, celle de l’EP Abeloth, sorti il y a déjà cinq ans et qui faisait partie d’un triptyque de moyens-formats. Depuis, les slovènes de SNØGG ont parcouru un long chemin, au point de célébrer aujourd’hui la sortie de leur troisième album. Après Chhinnamasta en 2020 et Ritual of the Sun en 2021, le duo a une fois de plus recentré le débat, osant l’économie totale avec une seule longue suite de plus de vingt minutes. Là où leur premier album en affichait cinq et sa suite trois, Dan, ko je vrag vzel šalo impose son titre éponyme, et force est de reconnaître que cette parcimonie ne nuit aucunement aux ambitions artistiques affichées par les musiciens.
Mørke (batterie) et Ulv (guitare/claviers/chant), aussi partenaires dans CARNIFLIATE, semblent avoir trouvé leur vitesse de croisière, assez raisonnable dans sa première partie, avant de flinguer les BPM par la suite. Dan, ko je vrag vzel šalo et ses faux airs de EP dans la forme est donc un travail complet dans le fond, avec atmosphères, ambiances, teintes de noir et de gris, est certainement le travail le plus accompli du groupe jusqu’à lors. En embrassant la grandiloquence et l’esthétisme, le duo a patiemment construit cette longue évolution, tout à fait logique, et d’une incroyable richesse rythmique et harmonique. Leur identité n’en est que plus forte, alors justement que le BM repousse sans cesse ses propres limites pour fouler des terres inconnues et en ramener des sonorités étranges et novatrices. Et dans son genre, Dan, ko je vrag vzel šalo est une sacrée innovation.
Purement Black, SNØGG n’en accepte pas moins l’apport de styles externes, comme ce Noise qu’il affectionne tant et qui trouve des interstices au deux-tiers du morceau. Mais ici, rien ne tient du gimmick ou de la provocation gratuite. Lorsque les sons gargouillent et que la voix se veut sentencieuse, l’effet produit est optimal. Lorsque la guitare se veut plus séduisante en motifs catchy et syncopés, les œillades cheap n’ont pas lieu d’être, et le pied sous la table reste sage. Lorsque la violence monte d’un cran et que la batterie tourne folle, la raison est gardée et le propos cohérent. En gros, chaque choix est validé, chaque détail est indispensable, et chaque arrangement est parfaitement logique.
Débutant en grandes pompes, « Dan, ko je vrag vzel šalo » propose une des intros les plus sombres, dramatiques et emphatique du marché. La voix est immédiatement grave et granuleuse, noyée d’effets, la guitare prend des airs d’orchestre symphonique à elle seule, avant que la batterie ne remette le tout sur les rails d’un mid tempo très appuyé. On se dit alors que ces respirations gothique nous trimbalent dans un cimetière de province bon marché, mais on note une réelle volonté d‘attirer l’auditeur dans un piège poisseux, comme si TERRA TENEBROSA et BLUT AUS NORD conspiraient dans l’ombre.
L’album est enraciné dans la culture slovène puisque le concept tourne autour du premier livre publié en cette langue, Deseti brat (Le Dixième Frère) de Josip Jurčič. Mais SNØGG a pris soin de s’éloigner de l’histoire originale, pour en proposer sa version. Ici, l’histoire est racontée par Krjavelj, un vieil excentrique qui affirme avoir tué le diable en mer. Mais ce même diable, nommé Vrag, intervient et donne sa version des choses, affirmant être toujours vivant et influent dans le comportement des hommes. Une histoire de marins qui pourrait s’appliquer à n’importe quel contexte, et qui est diablement bien retranscrite musicalement par les deux hommes, qui s’offrent une progression narrative de luxe. On apprécie les lourdeurs, les accélérations sans pitié, mais aussi les breaks emphatiques, d’autant que la production de l’œuvre est gigantesque, aux graves profonds, et aux médiums tranchants comme des vagues solitaires.
Belle réussite donc pour ce groupe décidément à part sur la scène, qui ose ici le concept album parfait de bout en bout, et juste assez court pour marquer durablement les esprits. Et si le diable se cache partout, il a un talent remarquable pour inspirer les esprits les plus malins.
Titres de l’album:
01. Dan, ko je vrag vzel šalo
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