Après le comeback inopiné de HEAVY LOAD, c’est au tour de CIRITH UNGOL de nous cueillir à froid avec son nouvel album. Certes, les californiens ne nous surprennent par pour la première fois en quarante ans comme leurs homologues suédois, mais ce nouvel album fait irréfutablement partie des grosses surprises de ce dernier trimestre 2023. Attendu depuis deux ans et la sortie du EP Half Past Human (chroniqué sur ce site même), Dark Parade se devait donc d’être à la hauteur stratosphérique de Forever Black, l’album de la reformation, qui avait enthousiasmé non seulement les fans, mais aussi les néophytes, et que j’avais gratifié d’une excellente note tout à fait méritée.
Après la noirceur éternelle, le défilé sombre. Les américains restent donc dans la pénombre, et pourtant illuminent notre quotidien de leur Heavy Metal lourd, emphatique et lyrique. Tout ce qui a fait le charme du groupe dans les années 80 est condensé ici en quarante-quatre petites minutes, et accentué d’une méchanceté renouvelée, qui n’hésite pas parfois à flirter avec un Power Metal raisonnable, ou un Thrash aimable. Et pour cause, puisque les riffs agressent dans le sens du poil, sans jamais se montrer trop rustres.
Classe NWOAHM oblige.
En plongeant la tête la première dans cette nouveauté bénie des Dieux, on se souvient avec émotion des flamboyants King of the Dead et One Foot in Hell, qui faisaient à l’époque la part belle à un Heavy Doom de proportions épiques. L’attitude n’a pas changé avec les années, et la pertinence n’a pas à souffrir d’un manque d’énergie. Dark Parade est donc un successeur rêvé à une réintroduction dans le paysage musical mondial, et fait montre d’une belle confiance, soutenue par le gros indépendant US Metal Blade. Bon choix de la part du label, qui s’offre un diamant monté sur un anneau d’or noir, et qui peut se frotter les mains d’un tel partenariat.
Une fois n’est pas coutume, je ne cacherai nullement ma partialité envers un groupe qui a sonorisé mon adolescence et qui ne m’a jamais déçu. Car ce sixième tome officiel de la saga CIRITH UNGOL est un véritable modèle de Heavy Doom rond aux entournures, mystique juste ce qu’il faut, un peu lugubre sur les bords, mais héroïque, et fringant comme un jeune chevalier partant pour sa première croisade.
Les anciens en ont donc toujours sous le coude, et ne comptent pas partager leur duché. Avec pas moins de trois membres originels aux commandes (Greg Lindstrom - guitare/claviers, Robert Garven - batterie et Tim Baker - chant), CIRITH UNGOL s’appuie donc sur sa propre légende pour écrire son présent et anticiper son avenir. Et lorsque les premières notes de « Velocity (S.E.P.) » s’évaporent dans l’espace, le charme opère, et la magie prend corps.
Pour ce nouveau chapitre, les californiens ont mis les petits plats Heroic-Fantasy dans les grands. On se croirait parfois en pleine rêverie d’un Tolkien bercé par ses propres fantasmes, tant l’ambiance est tendue, processionnelle et formelle. Le long et progressif « Sailor on the Seas of Fate », entre CANDLEMASS, IRON MAIDEN, BLACK SABBATH et la vague lourde anglaise de l’orée des eighties est sans conteste possible le point fort d’un disque qui refuse les facilités passéistes pour ne pas nous refourguer du réchauffé à peine mangeable. Sa majesté, sa magnificence, son pas lourd et son insistance hypnotique en font l’hymne absolu d’une génération qui a grandi au son des Marshall et des envolées vocales suraiguës, et plus simplement, une belle récompense aux fans les plus fidèles qui reconnaitront leur groupe au sommet de sa forme.
Mais un titre n’est pas un album. Et le reste du tracklisting n’a pas à rougir de la comparaison, comme le souligne avec beaucoup d’insistance le théâtral « Sacrifice », proche d’un MERCYFUL FATE en pleine discussion avec les italiens de DEATH SS.
Même en tournant le problème dans tous les sens et autour du pot, la conclusion reste la même. Les californiens nous ont encore soignés aux petits oignons, livrant une partition immaculée, qui n’est pas sans évoquer le charme psychédélique et tourmenté d’un SANCTUARY. On se laisse happer par ce vortex de passion sans aucune résistance, tant les lignes de chant de Tim Baker nous embrument l’esprit pour nous piéger comme des sirènes affamées.
Instrumentalement riche, créativement classique, Dark Parade est un défilé nocturne mettant en valeur les chars les plus macabres, les égéries les plus indomptables, et les cortèges funèbres les plus inquiétants. Pourtant, il y a une énergie positive qui irradie de ce disque qui nous gâte de soli de toute beauté, de breaks en harmonies fatales, et de ralentissements bien agencés.
Il est très rare de tomber sur une œuvre de vétérans qui ne table pas sur la confiance aveugle de son public. Mais le trio de tête de CIRITH UNGOL respecte trop ses fans pour leur vendre du vent, et avec des séances de folie collective de la trempe de « Dark Parade », la confiance va être renouvelée pour de nombreuses années. En jouant le Doom et le Heavy tels qu’ils étaient pratiqués entre 1982 et 1984, mais en acceptant la souplesse d’une production moderne, CIRITH UNGOL garde le meilleur des deux mondes, entre ces tierces redoutables et ces licks imparables, trademark d’un Tony Iommi encore plus ombrageux que d’habitude.
Et non seulement la critique est impossible, mais l’admiration est quasiment obligatoire. Fidèle à son label de qualité, le groupe de Ventura a peaufiné son retour, pour rester le modèle de foi qu’il a toujours été. Aucune faute de goût, un final parfaitement dosé et introduit avec finesse (« Down Below », l’opposition entre les chœurs évanescents et le chant sous-mixé mais hurlé est tout bonnement impressionnante), pour un nouvel album qui toise la production de sa morgue tout à fait justifiée.
CIRITH UNGOL un jour, CIRITH UNGOL toujours.
Je n’ai rien d‘autre à ajouter.
Titres de l’album:
01. Velocity (S.E.P.)
02. Relentless
03. Sailor on the Seas of Fate
04. Sacrifice
05. Looking Glass
06. Dark Parade
07. Distant Shadows
08. Down Below
Ouuuh que j'ai hâte de m'écouter ça du coup !!!
A la première écoute, je le trouve moins bon que le précédent (qui était il faut bien le dire une tuerie totale).
A voir sur la durée...
Groupe sur lequel je ne me suis JAMAIS penché.
Un petit conseil, Humungus, stp ? ;-)
Bah si je dis que tous sont géniaux, cela fait convenu mais en même temps c'est tellement ça.
Y'a "que" 5 albums... Donc écoute les de manière chronologique et à toi de me dire ensuite.
Par contre, si t'accroches pas dès le premier, pas la peine de poursuivre hein...
Merci beaucoup, Francis !
Oui j'ai relu hier soir l'un des derniers Rock Hard et constaté qu'ils avaient une discographie ra-chi-ti-que ! je m'attendais à une liste d'albums longue comme le bras ! Eh bien ça fera moins à déboiser. C'est marrant ces groupes mythiques à côté desquels on peut totalement passer. Allez, je vais rattraper cette erreur et voir si la sauce prend.
Bah moi je ne suis absolument pas fan du chant sur les premiers albums, il n'y a que depuis leur retour que j'arrive à écouter leurs albums....
@ Simony : avec ce petit côté Bobby Blitz, je peux comprendre !
Acheté leur dernier album. J'aime bien
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"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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