Nouvelle année, nouveau groupe, premier album. Je ne voyais pas meilleure présentation pour parler de Dark Times, des viennois de FÆDED REALITY, qui après quatre ans d’existence ont enfin trouvé le temps d’enregistrer leur premier pamphlet, en autoproduction. Une petite friandise Metal venue d’Autriche, emballée dans une superbe pochette scindée en deux parties, et qui illustre très bien la dualité de cet orchestre qui s’épanouit dans deux styles complémentaires.
Quintet rageur (Alexander Rosskopf - batterie, Richard Baboun & Jack Frey - guitares, Dominik Dostal - chant et Alex K - basse), FÆDED REALITY fait partie de cette seconde division Heavy qui ne crache pas sur un brin de violence Thrash. Un univers aux confins des galaxies ARMORED SAINT, METALLICA et ANTHRAX, avec cette petite pointe de colère médium US que les LEATHERWOLF exprimaient sans ambages. En gros, la quintessence d’un Heavy/Thrash que Jeff Waters et TESTAMENT ont contribué à populariser, légèrement actualisée par une production moderne aux graves mordants.
Convaincant dans l’exécution et classique dans la composition, Dark Times se propose de retranscrire les affres de son époque en musique, en insistant sur le côté costaud de riffs formels, mais efficaces. Assez proche de ce que la scène Suisse propose de plus musclé, ce premier album fait montre d’une belle maitrise dans la concision, tout en aménageant des espaces mélodiques symptomatiques de la Californie des années 88/89.
Entre un CHANNEL ZERO prêt pour un entretien d‘embauche et un METAL CHURCH catapulté au vingt-et-unième siècle, FÆDED REALITY privilégie l’efficacité à la créativité, même si quelques astuces ludiques se glissent de temps à autres dans un refrain ou un pont bien construit. En s’appuyant sur la connaissance Metal d’une paire de guitaristes très capables, le quintet peut se laisser aller à ses incarnations classiques, et réconcilier les mythiques années 80 et les nineties alternatives. Pourtant, il s’agit bien de Metal, et non d’une hybridation quelconque, ce qu’une simple écoute de « Arch Enemy » suffit à comprendre.
Mais les autrichiens ne sont pas de simples exécutants dociles. Ils utilisent les tierces de la NWOBHM, les arpèges clairs de la vague Los Angeles/San Francisco, les soudaines montées en puissance d’un JUDAS PRIEST sentimental, et l’esprit presque progressif de la jeune génération centre-européenne. Un mélange pour le moins savoureux, et même précieux, lorsque « Labyrinth » ose un crescendo en power-ballad déguisée en hit Heavy de premier choix.
Avec un lot de soli fluides et véloces, des saccadés féroces, Dark Times s’élève au-dessus de la mêlée sans toutefois parvenir à dissimuler ses quelques défauts. Un son étonnamment déficient durant les parties solo, une certaine complaisance dans le choix des thèmes porteurs, problèmes vite réglés par une attitude brutale et persuasive, au moins autant que l’intro énorme de « Inner Sins ».
Un chanteur coincé entre les micros de James Hetfield et John Bush, à la voix ferme mais monocorde, une rythmique solide à défaut d’être inventive, pour un cheminement logique entre les différentes tendances Heavy de ces vingt dernières années. On appréciera le décor qui sans en mettre plein la vue évoque la richesse d’une musique plurielle, et on dégustera les meilleures pièces en prenant le soin d’apprécier toutes les fragrances de goût.
« Bad Blood », sensible mais brutal, qui n’aurait pas dépareillé sur le mythique Sound of White Noise, « Nemesis », excité mais maîtrisé avec ses nombreuses figures rythmiques acrobatiques, « Death Style » mélancolique mais rapidement revanchard, le tracklisting est varié, cohérent, suivant un fil rouge bien distinct, mais acceptant de prendre parfois ses distances avec un plan de vol trop précis.
Tout ça pour nous mener à la conclusion superbe de « The Mercenary », gros morceau de l’album, qui laisse enfin la basse prendre une part du gâteau, tout en convoquant le METALLICA des années Justice au créneau. Un modèle de composition évolutive, pour un final épique et dramatique, mais toujours propulsé par des syncopes vraiment affutées.
Aussi Heavy que Thrash, aussi Thrash qu’Heavy, FÆDED REALITY offre donc un entre-deux assez stimulant, et en tout cas, accrocheur et vaillant. On abandonnera rapidement toute prétention avant-gardiste pour se concentrer sur un classicisme intelligent, histoire de laisser sa chance à un premier album qui mérite toute attention. Pas le genre de sortie sur laquelle tout le monde se rue, mais une présentation en bonne et due forme.
Messieurs, laissez-vous aller, et vous pourrez enregistrer un album de haute volée, pour peu que vous abandonniez vos réflexes old-school encore un peu trop prononcés.
Titres de l’album:
01. Intro
02. Arch Enemy
03. From Within
04. Spy
05. Labyrinth
06. Inner Sins
07. Bad Blood
08. Nemesis
09. Death Style
10. The Mercenary
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@DPD:Pour finir, là où je pense te rejoindre (je suis presque quinqua, pourtant), c'est que je trouve insupportable les anciens qui prennent les jeunes de haut en leur disant que ce qu'ils font ne sera jamais au niveau de ce qu'ils ont connu.
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@DPD: que METALLLICA n'apporte plus rien à la scène depuis 30 ans, je pense que ça fait plus ou moins consensus. Mais je ne vois pas ce que LORNA SHORE apporte non plus.Ceci étant dit, qu'est-ce qu'un "jeune" de la scène. Moins de 40(...)
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