Redefining Darkness Records nous refait le coup du groupe de Death sortant de nulle part, et intégré à son catalogue avec la fierté de ceux qui savent découvrir les musiciens les plus nuisibles. Le label US n’en est pas à son coup d’essai, loin de là, et sait repérer à des kilomètres une tombe profanée et l’odeur de la putréfaction qui colle aux naseaux. Et cette fois-ci, c’est du côté de Toledo, Ohio que la maison de disques est allée déterrer son macchabé, nous offrant la primeur de ses premiers cris professionnels. Pour autant, le zombi HANGING FORTRESS n’en est pas à ses premiers hurlements puisque le quatuor a déjà grogné en deux occasions, sur deux moyenne-durée publiés en 2018 et 2019. C’est donc après Sword of Corruption et Blood Mountain que les morts-vivants s’apprêtent à prendre la parole plus longtemps, quoique la durée de ce premier « long » ne le soit pas vraiment. A peine vingt minutes de Death Metal, c’est peu, et même très peu lorsqu’il atteint ce degré de qualité dans l’horreur. Fasciné par les grands classiques des années 90 et la vague américaine de puanteur venue de Floride, HANGING FORTRESS n’en garde pas moins une odeur corporelle très personnelle, et n’hésite jamais à frotter ses aisselles empestant le Death avec de la boue Doom et des déchets Hardcore. Soit l’un des crossover les plus malsains du marché, et largement de quoi satisfaire les instincts les plus primaires des fans d’underground sans compromission. Enregistré, mixé et masterisé par Pat Shekut des Underhill Recordings studios, et flanqué d’un splendide artwork classique d’Anthony Orosz et Jimmy Smo, Darkness Devours est à l’image de son titre, et explore tous les aspects d’une agonie programmée, nous entrain ant dans les sables mouvants d’un terrain lourd pour mieux nous en coller une derrière la tête avec une accélération énorme. De la variété dans l’ignominie donc, et l’assurance de passer un très mauvais moment en compagnie de musiciens revenus de la terre avec beaucoup d’acrimonie pour nos tympans.
« Là-bas, tout est neuf et tout est sauvage » chantait notre cher Jean-Jacques, et il n’avait pas tort. Parce qu’il savait « qu’ici, tout est joué d’avance ». Et ici justement, sur les terres de HANGING FORTRESS, tout est laid, embué, empesté, jonché de corps sans vie, d’une puanteur insupportable. Le Death des américains s’ingénie donc à ne retenir de tous les courants que ce qu’ils proposent de plus laid, et passent sans vergogne d’un brisage de cervicales à la CANNIBAL CORPSE à une ambiance désolée à la WINTER. Death Doom sans l’être, avec cette attitude Hardcore d’un son sec comme un coup de trique, ce premier longue-durée nous déroule donc un paysage sonore désolé, stérile, uniquement animé des soubresauts d’une rythmique en coup de fusil, et des litanies d’un chanteur qui grogne comme un marcheur reniflant de la chair fraiche à dix lieues à la ronde. Le quintet (Kyle - guitare, Jack - guitare, Jimmy - basse, Eric - batterie et Marcus - chant) ne prend donc pas de gants, n’innove pas plus qu’il ne faut, et garde le cap sur une efficacité redoutable, de celles appréciées par les croque-morts les plus aguerris. Pas grand-chose à signaler de révolutionnaire donc, mais une présence épaisse, des riffs macabres, des graves qui se taillent la part du lion, mais aussi un sens du groove qui peut surprendre parfois, spécialement sur l’entame grognon de « Burned Alive ». Plus qu’une simple accumulation de clichés donc, ce premier album essaie de défricher sans trop abimer le terrain, et surtout, d’y laisser son empreinte de pelle.
Certes, les riffs mélodiquement maladifs et circulaires appartiennent clairement au patrimoine américain, la voix traîne son désespoir et sa faim comme un sac à dos trop lourd, et le tout exhale d’une sensation de pénibilité et de résignation, mais sans exagérer ses aspects les plus macabres, HANGING FORTRESS signe un joli manifeste d’horreur à l’usage exclusif des dépressifs maniaques. Nombreux breaks calibrés, pirouettes rythmiques intéressantes, et beaucoup de swing dans le lancer de corps, avec cette fluidité de l’axe basse/batterie qui s’accommode fort bien du classicisme coulé des guitares (« Stab Wounds »). Pas plus d’une poignée de minutes par intervention, ce qui suffit largement à développer les thèmes, et parfois, une concision fort à propos sur le hit « Hanging Fortress », déclaration d’intention éponyme qui crache ses viscères par une bouche aux chicots apparents, et qui aurait fait une bande son idoine pour un épisode valable de Walking Dead. Du formalisme sans l’être, de la variation dans les attaques des hordes, une double grosse caisse qui sonne encore comme telle, et des arrangements discrets, mais efficaces, à tel point que les vingt minutes passent bien trop vite, et qu’on aurait aimé un peu de rab’ de cervelle.
Avec sa production old-school et sa philosophie ne l’étant pas moins, ce premier album de HANGING FORTRESS fait honneur aux productions de son label, et nous offre un petit cauchemar bien troussé qui laisse des suées, mais ne ruine pas totalement la journée. Affaire à suivre donc.
Titres de l’album:
01. Burned Alive
02. Stab Wounds
03. Hanging Fortress
04. Blood Mountain
05. Darkness Devours
06. Drown
07. Killing You
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