Négligeable pour certains, le courrier des lecteurs est pourtant une mine d’inspiration intarissable. Voyez, il y peu, j’ai reçu la missive parfumée au pin des landes et à la vanille d’une certaine Stéphanie S., du Creusot. Animée d’une panique tangible à chacun de ses mots, la pauvre quinquagénaire se plaignait de l’état catatonique de son époux, coincé dans son fauteuil, l’œil mort, ne se manifestant que par intermittences avec une rare violence. Elle m’écrivait ces mots qui ont mis la larme acide à mon œil aride :
« Mon cher Christophe, vous qui savez tout, aidez-moi, je vous en prix. Mon mari n’est plus le taquin bestial que j’ai connu. Autrefois, il me troussait au son de Reign in Blood en hurlant, « Your ass, the meaning of pain », il tartinait des fèces sur le rebord des toilettes pour me regarder nettoyer hilare, et ne sortait jamais sans son t-shirt Pleasure to Kill et ses artifices cloutés de chez le quincailler. Aujourd’hui, cette période est révolue, il erre de pièce en pièce, la mine basse et le caleçon dégueulasse, s’affale dans le canapé, reste là des heures, léthargique, avant de lâcher tout à coup un tonitruant « Burst Command ‘til Waaaaaaaaaaaaaaaaaaaaar !!! » ou un énergique « Endless Paaaaaaaaaaaaaaaaaain !!! ». Mais ces éclairs de lucidité sont de plus en plus rares, et je le retrouve souvent en train de prier Saint Mille, se morfondant dans un passé joyeux qu’il regrette et qui selon lui, n’est plus. Que faire mon omnipotent Christophe, je veux retrouver mon mari d’avant, celui qui tatanait les bacs à fleurs et qui pétait chez le boucher l’air complice !!! »
Alarmé par tant de tristesse, attristé par cette peine justifiée, et me sentant concerné par cette problématique quinquagénaire, je pris donc ma plus belle plume bien raide pour répondre à cette pauvre lectrice :
« Chère Stéphanie, je connais bien ce problème. Ayant moi-même atteint un âge respectable, et ayant connu les assauts les plus virulents des années 80, je ne me reconnais plus dans mon époque vouée aux gémonies de l’ouverture, et de l’acceptation de styles musicaux qui édulcorent notre Metal le plus bestial. Moi qui ai grandi avec les enseignements rudimentaires de KREATOR et SODOM, je n’en puis plus de voir notre Thrash soldé par la nouvelle génération, plus avide de gimmicks que de violence saine. Alors, vu l’état de votre mari, et son cas désespéré, je ne saurais que trop vous indiquer d’employer les grands moyens. Ainsi, le très estimable label Helldprod Records propose un traitement virulent, mais très efficace dans les cas comme celui de votre mari. NUCLEAR REVENGE, jeune groupe ibère s’est récemment fendu d’un second album longue-durée, dont la posologie n’admet aucune limite. Trois ans après leur premier dépôt au labo Let the Tyrants Rise, les originaires du Pays Basque espagnol s’en reviennent donc avec une nouvelle thérapie, Dawn of the Primitive Age.
Rassurez-vous, la méthode est la même. Une saine brutalité héritée du Thrash allemand des années 80, mâtinée d’une sauvagerie totalement sud-américaine. Avec leur pseudos sentant bon l’esprit potache de la Ruhr de 82/83 (Cryptic Aggressor - guitare/chant, Pestilence Breeder - guitare, Skullreaper - basse, et Speedhammer - batterie), les NUCLEAR REVENGE prônent la nostalgie à outrance, et parviennent de leur énergie nucléaire à soigner les pires crises de dépression liées à notre époque gangrénée par la triste réalité musicale. Je sais d’avance ce que vous allez me dire, que tout ça empeste le traitement générique plus souple pour la sécu, mais moins efficace pour l’organisme, mais que nenni, détrompez-vous. Ces ibères ont le sang chaud, et le son idéal pour traiter les symptômes qui rendent la vie de votre mari insupportable.
Assez proche du crossover le plus spontané et généreux entre Endless Pain, Morbid Vision et In The Sign of Evil, Dawn of the Primitive Age est d’une efficacité toute personnelle, et chacun des dix cachets qui en composent la substance seront même de soulager le besoin de cruauté rétrograde de votre cher époux. Basse grasse et ronde, chant qui unit dans un même élan de tendresse les éructations de Mile Petrozza et ce cher Tom Angelripper, soudaines crises de folie à la brésilienne (« Eyes of Revelations »), et parfum POSSESSED du pauvre très prononcé. Revendiquant clairement leurs influences, ces quatre jeunes chiens fous s’y connaissent come personne pour redonner le sourire sadique aux plus cruels des thrasheurs et aux plus attachés aux racines du Bestial Thrash le moins compromis. Conséquent, parfois proche d’un TANK en pleine bourre (« Everlasting Void ») qui aurait tourné fou à la vision de BATHORY en plein champ, souvent mélodique pour ne pas sombrer dans les affres du Noise, ce deuxième album est d’une haute teneur en violence et en crudité plus travaillée qu’il n’y paraît. Et si « Agonic Tormentor » nous renvoie au KREATOR le plus fumasse, si « Proclaimed Among the Wicked » mitraille comme une moissonneuse-batteuse calée sur le rythme d’Obsessed By Cruelty, le jeu en vaut la chandelle et le traitement est garanti efficace à 100% ».
Résultat, admirative de mon talent de guérisseur et de psychologue à distance, Stéphanie S a quitté son imbécile de mari pour emménager dans ma caravane. Nous vivons un amour heureux et chaotique, dont les ébats sont rythmés par le Dawn of the Primitive Age des espagnols de NUCLEAR REVENGE. En levrette, ça frotte un peu sur les côtés, mais en missionnaire, ça passe crème.
Titres de l’album:
01. Agonic Tormentor
02. Summon the Nameless Ones
03. March of the Undead
04. Proclaimed Among the Wicked
05. Dust
06. Dawn of the Primitive Age
07. Descending Wings of Perversion
08. Eyes of Revelations
09. Everlasting Void
10. …from the Crypt
Voilà quelque chose de totalement régressif et qui m'a l'air complètement addictif. Miam. Ca sent en effet le Pleasure to Kill à fort poumons : j'achète, merci pour cette chronique
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